Confiance en soi

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Le 10 janvier, à 09:00
J'ai passé une nuit un petit peu plus calme que la précédente. Je n'avais pour une fois pas pleuré. Je me lève de mon lit, prends une douche bien chaude avant de m'habiller d'un pull et d'un jean, avec mes baskets habituelles. Je me suis maquillée et j'ai brossé mes cheveux puis suis partie prendre mon petit déjeuner. A la table, il y a une montagne de biscuits avec des fruits, et Lucrecia.

Sa bouche ne s'ouvre que pour mordre la nourriture, elle ne me parle pas. Je ne parle pas non plus parce que je n'ai pas envie de discuter de quoi que ce soit. Lorsque je débarrasse mon assiette dans le silence, Lucrecia élève doucement sa voix.

« Ce soir je suis invitée quelque part, mais je peux rester ici... avec toi. »

Je fronce les sourcils puis me retourne doucement vers elle. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si attentionnée. J'essaie de trouver le piège, mais sa mine inquiétée prouve qu'elle est innocente.

« Non tu peux sortir, ne t'inquiètes pas pour moi. »

« Tu es sûre? Je peux annuler si tu as besoin de moi pour parler. »

Je hausse les épaules. « Je pense que je vais aller mieux. »

Elle hoche doucement sa tête avant de débarrasser la table. Elle me propose de partir avec elle en taxi.

Lorsque nous sommes en route, je regarde à travers la fenêtre la ville que je n'avais pas vu depuis quelques jours. Elle a perdu de ses couleurs. Madrid, ses arbres, ses habitants ont perdus leurs bronzages.
L'université se fait enfin voir. Une soudaine boule me creuse le ventre et me menace de rejeter mon petit-déjeuner. Je remercie ma colocataire pour le trajet et entame ma marche dans le bâtiment. J'ai l'impression que tout le monde me regarde, que ma situation est écrite sur mon front.

'Salope'.

Je marche en baissant la tête, mais je la lève d'un coup lorsque je sens quelqu'un m'appuyer fortement sur mes épaules. Je me redresse comme un ressort lorsque la personne se met à mes côtés.

« Siro! Tu m'as manqué. » Valerio me secoue.

« Je n'étais pas là pendant trois jours. » Je me résulte à répondre.

« Tu perds la notion du temps! Tu n'es pas venue pendant cinq jours. Monsieur Nascimento se demandait où tu étais. »

« Ah bon? »

« Oui, je le trouvais préoccupé. Il a une femme Siro, ne trompes pas ton copain! » M'avertit-il sur le ton de la rigolade. Mais en ces temps-ci, sa blague me fait plus déglutir qu'autre chose. « C'est une blague, ce que j'ai dit. » Rappelle-t-il. Je me contente d'agiter ma tête de haut en bas. « Tu dois lui rendre le devoir. Je ne savais pas qu'on devait lui rendre quelque chose. »

« J'irai après le cours de philosophie. » Répondais-je en montant la dernière marche de l'escalier. Nous rentrons dans l'amphithéâtre, et la première personne avec qui mon regard croise un autre est celui de Victoria. Elle m'en lance un noir, que je tente d'éviter. Je trace ma route jusqu'au fond.

« Où est-ce que tu vas? Ander est là. » Chuchote-t-il en m'interpellant tout en me tapant sur l'épaule. Il m'indique son emplacement de son doigt, que je suis idiotement. Je le vois, sa jambe s'agitant nerveusement pendant qu'il est sur son téléphone. Val l'interpelle en criant son nom. Heureusement que le professeur n'à toujours pas débuté son cours. Il lève son regard vers nous. Il me regarde, en oscillant un sourcil.

Je fuis son regard et murmure à Valerio: « Si tu veux t'assoir avec lui, vas-y. J'aime bien être dans le coin. »

Doucement, je me détache de son emprise et me dépêche de m'assoir à la place la plus loin du centre de la salle. J'enlève mon manteau et allume mon ordinateur. Je sens du mouvement près de moi et vois du coin de l'œil Valerio s'installer au côté de moi.

Promiscuité - Ander MuñozOù les histoires vivent. Découvrez maintenant