J'ai du mal à te croire

61. La fête des mères

Louis est magnifique dans son joli costume, je n'arrive pas à croire qu'il ait grandi si vite. Aujourd'hui, c'est sa première communion. C'est tombé le jour de la fête des mères. Ca fait des mois que je prépare cette journée. J'ai créé et imprimé les faire parts, commandé les dragées, les vêtements de chacun, les chaussures. Hier, j'ai passé la plus grande partie de ma journée à ranger et à nettoyer la maison pour pouvoir accueillir nos invités. Ca fait cinq mois depuis l'opération, et deux mois maintenant que j'ai repris une vie « normale ». Je n'ai plus d'aide à domicile et je gère la maisonnée, comme avant. Mes cicatrices sont parfois un peu douloureuses. Mais j'essaie de ne pas m'écouter. En réalité, je n'en ai pas le temps.

Nos invités, c'est la famille de Florent. Comme à leur habitude, ils se montrent méprisants avec mes efforts, comme si ce n'était pas assez bien pour eux. Son père me glisse même que « avec trois fois rien, finalement, ça fait son effet ». Qu'importe, mon fils est heureux. C'est pour moi le principal.

Mais j'avoue que je suis un peu déçue. Après cette année chaotique où j'ai enfin donné la vie à la petite fille magnifique qu'il attendait tant, j'espérais un petit cadeau pour la fête des mères. Pas grand-chose, une attention. J'ai attendu toute la journée, sans oser me l'avouer. Je pensais que je mériterais un des ces affreux bouquets de supermarché ou une plante en pot, comme il les aime parce que « ça au moins, ça ne fane pas ». Je ne pensais pas mériter plus, bien sûr. Depuis longtemps, Florent a remplacé les cadeaux pour me faire plaisir par des cadeaux obligatoires. Le truc le moins cher et le plus rapide, qu'on achète la veille pour ne pas dire qu'on n'a rien acheté.

Je ne savais pas que je méritais moins. Que je ne méritais rien.

La mère que je suis ne mérite rien.

Rien du tout.