— Je suis invitée à un festival.
— Quand ?
— Le week-end prochain, je pars le vendredi matin, après avoir amené les enfants à l'école.
— Attends, c'est décidé ?
— Oui.
Le regard de Florent se voile.
— Et tu comptais m'en parler quand, au juste ?
J'hésite à le faire depuis des semaines. Je me demande comment lui amener la chose, comment accéder à sa permission, comment le convaincre. Puis ce matin, c'est sorti tout seul, sans fard. Et ça ne lui plaît pas.
— Et donc moi, je suis le gugusse qui va garder les gamins tout le week-end ?
— C'est pour mon travail, Florent, je vais dédicacer mon dernier livre.
Florent lève les yeux au ciel.
— Ton travail, tu parles ! Madame va faire la belle tout le week-end pendant que je gère les marmots, oui !
— Tu ne peux pas m'interdire d'y aller.
Il secoue la tête, comme pour me dire que ce n'est pas son intention.
— Fais ce que tu veux, je m'en branle.
Je suis dans le train qui me mène dans le nord de la France, et je savoure ce goût de liberté. Florent ne m'a plus adressé la parole jusqu'à mon départ. J'ai préparé, rangé et nettoyé tout ce que je pouvais à l'avance pour le soulager. J'ai fait promettre aux enfants d'être sages et de ne pas énerver leur père inutilement. J'espère que les choses se passeront bien. Soudain, je réalise une chose insensée : Dimanche, c'est l'anniversaire de ma fille. Et je ne serai pas là. Si ma psy me suivait encore, elle y verrait sans doute un acte manqué. Elle n'aurait pas tort.
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J'ai du mal à te croire
General Fiction« J'ai du mal à te croire ». La phrase tombe un couperet. Violente, inattaquable. La femme qui vient de la prononcer est pourtant une amie bienveillante qui ne me veut que du bien. Je mets plusieurs mois à l'encaisser. Je ne sais pas encore que cett...