Il est magnifique.
J'ai commencé à avoir des contractions quinze jours avant le terme, vers vingt heures. C'était la première fois. J'ai immédiatement prévenu Florent, qui m'a demandé de le réveiller quand cela serait plus intense. En prévision de la nuit agitée, il est allé se coucher, pour prendre des forces. Je suis restée seule sur le canapé du salon, à l'écoute de mon corps. Puis, en voyant que cela ne s'arrêtait pas, je suis allée prendre une douche. Je me suis lavé les cheveux, les dents. Je me suis même rasé les jambes et le maillot, sommairement. Ensuite, j'ai mis quelques gouttes de mascara. Pas trop, parce qu'en réalité, je n'ai pas le droit de porter du maquillage lors de l'accouchement. Mais juste assez pour que ce petit être me trouve jolie. Ou au moins pas trop moche. Qu'il soit fier de m'avoir pour maman.
Quand vraiment la douleur devient terrible, je réveille Florent, qui part se doucher à son tour. Je vérifie mon sac et les petites affaires que j'ai pris le temps de préparer soigneusement. Son premier pyjama, ses premières chaussettes. L'angoisse m'étreint, mais j'essaie de ne pas la laisser me guider. Je vais rencontrer mon fils.
L'accouchement a duré onze heures. Il parait que ce n'est pas long pour une primipare. Alors, soyons claire, pour n'importe quel être humain normal, je vous juste que onze heures avec les pattes en l'air, c'est très très long ! Surtout, quand comme moi, vous avez la chance d'avoir une anesthésie beaucoup trop dosée, qui pousse une aide-soignante à appuyer de toutes ses forces sur votre ventre pour faire sortir votre bébé !
Mais bien entendu, comme toutes les mères du monde, je ne regrette rien. Mon bébé est là, près de moi, et le simple fait de le regarder fait grossir dans mon ventre une petite bulle de bonheur qui éclate à chacun de ses gestes. Louis est un adorable bébé, et j'ai la chance d'avoir à mes côtés un bon papa. Nous nous levons chaque nuit à tour de rôle pour le nourrir, et il ne rechigne jamais à changer ses couches. Alors même si j'ai toujours quelques kilos en trop, que la cicatrice de ma déchirure me fait hurler de douleur et que mes affreux beaux-parents débarquent dimanche pour venir voir mon bébé, je crois que je peux enfin le dire : je suis heureuse !
— Mais tu ne veux pas plutôt prendre des biberons Mam ?
— Non pourquoi ?
— Parce que c'est ceux que prend Carine, ils sont supers !
J'ai envie de lui faire bouffer tous les biberons du monde. De toutes les marques. Et Carine avec. Depuis que ma belle-mère est arrivée, elle se fait un plaisir de me comparer systématiquement avec sa fille. Et bien sûr, Carine fait tout mieux. Je ne sais pas si ce sont les hormones, mais je sens monter à moi des accès de violence.
— Non, mais ne penche pas le biberon comme ça ! Tu m'étonnes qu'il ait des coliques, ce petit !
Non, définitivement, ce ne sont pas les hormones.
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J'ai du mal à te croire
General Fiction« J'ai du mal à te croire ». La phrase tombe un couperet. Violente, inattaquable. La femme qui vient de la prononcer est pourtant une amie bienveillante qui ne me veut que du bien. Je mets plusieurs mois à l'encaisser. Je ne sais pas encore que cett...