— Mais on devait rester jusqu'à la fin de l'année !
— Je sais. Mais c'est une super opportunité. Ils ne peuvent pas m'attendre jusqu'à la fin de l'année.
— Mais on avait dit un an, ça fait même pas huit mois !
— Un an, huit mois, qu'est-ce que ça change, on serait rentrés de toute façon, non ?
Florent s'emporte. Moi, j'essaie de tordre le cou à ma déception, mais elle monte en moi comme une vague froide.
— Je ne veux pas partir.
Florent lève vers moi un égard agacé.
— On peut peut-être en discuter, non ?
— J'ai un super boulot, ici, des amis... Je veux au moins finir l'aventure.
— Quel super boulot ? Tu joues les larbins pour un escroc. Je suis sûr que tu n'es même pas déclarée.
Il n'a pas tort. Jean-Luc a beau être un patron humain et compréhensif, je sais qu'il prend pas mal de libertés avec la législation. J'essaie de faire changer les choses, tout doucement, mais ce n'est pas gagné.
— Et c'est quoi au juste cette opportunité, dis-je, la voix basse.
— Gérant. Un vrai salaire, des responsabilités. C'est un signe de confiance incroyable, Béné, je ne peux pas refuser !
Des larmes remontent déjà le long de ma gorge, mais je les étanche comme je peux. Evidemment, par rapport à son pauvre poste de serveur-cuisinier-homme à tout faire ici, je comprends qu'il n'est pas la moindre hésitation.
— Et c'est où ?
— En Seine et Marne.
Je grimace.
— Loin de Paris ?
— Oui, plutôt. Mais on peut essayer d'habiter à mi-chemin. Et tu sais, je peux leur demander de te trouver un boulot en rentrant, je suis sûr que ça ne leur posera pas de problème. Même des petits remplacements, le temps de te retourner.
Je hoche mollement la tête. Je n'ai aucune envie de me retrouver hôtesse d'accueil à nouveau. Je n'ai aucune envie d'aller vivre en banlieue lointaine. Je n'ai aucune envie de rentrer.
— On va y réfléchir, dis-je mollement.
Il me regarde en souriant. Il sait qu'il a déjà gagné.
— En fait, on n'a pas trop le temps. Il faut que je donne ma réponse demain. Et qu'on parte dans quinze jours.
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J'ai du mal à te croire
General Fiction« J'ai du mal à te croire ». La phrase tombe un couperet. Violente, inattaquable. La femme qui vient de la prononcer est pourtant une amie bienveillante qui ne me veut que du bien. Je mets plusieurs mois à l'encaisser. Je ne sais pas encore que cett...