77. Cas contacts

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Ça fait plus de trois heures que j'essaie d'avoir cinq rendez-vous au même endroit. Les enfants sont terrifiés à l'idée de faire ce test, mais nous n'avons pas vraiment le choix. L'ARS nous a contactés pour nous le rappeler. Florent est parti avant-hier. C'était plutôt étrange de devoir expliquer aux petits que papa était parti chez sa petite amie qui lui a donné le covid. Les grands comprennent, sans doute, mais les deux petits, c'est plutôt anxiogène. Avec tout ce que l'on entend à la télévision, ils ont peur pour la santé de leur père. Lise m'a même demandé si papa allait mourir. J'essaie de la rassurer comme je le peux, mais en réalité, personne ne sait comment évolue ce nouveau virus. Et surtout si n'en sommes pas nous-mêmes porteurs. En attendant, nous devons nous confiner. Pas d'école, pas d'amis, pas de contacts avec l'extérieur. Florent est parti en nous laissant le frigo vide. heureusement, un voisin a accepté d'aller me chercher un drive, qu'il a posé devant notre porte. J'ai la sensation d'être une pestiférée. Les garçons tournent en rond dans leur chambre, ils en veulent à leur père d'avoir ramené la maladie chez nous. Les petits s'inquiètent. Moi, j'ai arrêté de travailler et j'ai demandé la clémence de mes éditeurs. Des projets ont dû être annulés. Tant pis. Avec les enfants à la maison, le maintien des cours et le stress ambiant, je ne peux pas tout assurer. J'ai la sensation de revivre le confinement de mars, mais cette fois sans pouvoir sortir ne serait-ce qu'une seule minute. Au moins, je n'ai pas à supporter Florent et ses sautes d'humeur.

— On est négatifs!

Les enfants crient de joie. C'est le quatrième mail que j'ouvre, et nous sommes tous négatifs au virus. Il ne manque que celui de Lise, qui arrivera demain matin parce qu'elle a été testée en pédiatrie. J'ouvre la bouteille de Champomy et les bonbons que je gardais secrètement pour fêter ça. Je suis tellement soulagée que je pourrais pleurer de joie. Louis appelle son père pour lui annoncer la bonne nouvelle. Florent va bien. Bien qu'il soit positif, il ne se prive de rien : il va faire le marché avec son amie ou des balades touristiques en ville. J'ai appris que la fameuse Nathalie habitait à quelques kilomètres d'Avignon. Étrange coïncidence. 

J'ai du mal à te croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant