— Je suis désolé...
En face de nous, la mer méditerranée s'emballe. Emportées par le vent marin, les vagues s'écrasent sur le sable avec fracas. Je ne suis pourtant pas sûre qu'elles couvrent le bruit de mes sanglots.
— Mais je pars dans deux semaines !
Florent me regarde avec des yeux plein de tristesse, mais je comprends que sa décision est prise. Il ne viendra pas avec moi. Le désespoir qui m'habite à ce moment-là est tel que je pourrais me jeter dans ces flots.
— Mais pourquoi ?
— Mes parents ne sont pas d'accord.
— Mais tu as dix-neuf ans !
— Je sais mais... En fait je ne me sens pas capable d'habiter là-bas. Paris, la banlieue, le métro... C'est trop pour moi, je ne suis pas fait pour ça.
— Mais on a visité la ville ensemble, on a même choisi l'appart ensemble !
— Oui, mais justement... C'est envoyant toutes ces tours... je ne suis pas prêt.
J'ai envie de hurler. Ça fait des semaines que l'on parle de notre installation, des billets de train qu'il faut prendre, des meubles à acheter ou des projets que nous allons faire. Il a même reçu deux réponses positives aux CV qu'il a envoyés. Je n'arrive pas à l'entendre. Je n'arrive pas à croire que pendant que je bâtissais notre nouvelle vie, lui réfléchissait à la façon dont il allait me planter. Je ravale mes larmes.
— Tu vas faire quoi alors ?
— Profiter un peu de mon chomage, puis je chercherai du boulot. Ta formation dure seulement deux ans! On se verra pendant les vacances. Bien sûr, ce ne sera pas tout à fait pareil, mais on se verra les week-ends...
Comme si j'allais descendre tous les week-ends. J'essaie d'étouffer mes sanglots, mais je n'y arrive pas. La mer gronde, mon cœur aussi. Tout à coup, une idée explose dans mon cerveau.
— Je vais partir quand même, tu sais.
Il me regarde, surpris, comme si je venais de le percer à jour.
— Je sais.
— Tout est prêt. J'ai été accepté dans cette formation, c'est une chance unique. Je vais y aller.
Ses sourcils se froncent.
— Je comprends.
Mes larmes se sont enfin taries. Je suis entre l'effarement et la colère. Entre la tristesse et la rancœur. Bref, je suis perdue. Nous marchons quelques mètres le long de la grève. Comme nous nous sommes éloignés des cafés qui parsèment la jetée, nous n'avons presque plus de lumière. Seul le reflet de la lune éclaire faiblement nos pas. J'ai la nette impression d'enterrer notre histoire.
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J'ai du mal à te croire
Fiction générale« J'ai du mal à te croire ». La phrase tombe un couperet. Violente, inattaquable. La femme qui vient de la prononcer est pourtant une amie bienveillante qui ne me veut que du bien. Je mets plusieurs mois à l'encaisser. Je ne sais pas encore que cett...