69. Connasse

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— Passe-moi le pain Louis, s'il-te-plaît !

— NON !

Florent vient de frapper violemment sur la table en criant. Nous sursautons tous, Lise, effrayée, a les larmes aux yeux.

— Enfin, ça suffit avec le pain, tu manges comme un goret !

Gabriel regarde son père avec effarement. Louis et Liam, eux, ne régissent pas. Nous avons tous vécu ces scènes-là.

— Tu arrêtes de manger du pain, ça suffit.

Gabriel me prend à parti.

— Mais maman, j'ai faim !

Comme d'habitude, je ne sais pas quoi faire et je me déteste. Je voudrais ne pas avoir à envenimer la situation, mais je me refuse à refuser de la nourriture à mon fils. Alors comme d'habitude, j'essaie de faire le tampon :

— Il ne peut en avoir juste une demi-tranche ?

Je viens de réveiller sa fureur.

— Si je dis non, c'est non !

— Mais pourquoi tu l'empêches de manger ?

— Je l'empêche pas de manger, je lui apprends à se réguler ! Tu ne vois pas qu'il s'empiffre comme un porc ? Tu veux en faire quoi, un obèse ? Un obèse qui va s'étrangler avec sa bouffe, parce qu'en plus il est pas foutu de mâcher correctement ?

Gabriel pleure. Liam vient à son secours :

— C'est vrai, pourquoi on a pas le droit de manger, nous, quand on a faim ?

— Toi, ta gueule, on t'a rien demandé !

— Mais attends, toi quand t'aimes pas un truc, tu te fais un repas spécial, tu manges ce que tu veux quand tu veux et nous on a même pas droit à une tranche de pain, c'est pas normal !

— Tant que tu vivras sous mon toit, tu feras ce que je décide, petit con.

Liam s'énerve. Il attrape sa tranche de pain et la lance au milieu de la table, en direction de Gabriel.

— Moi, je suis un petit con ? Tiens prends-le son pain de merde !

Tout va trop vite, je n'ai pas le temps de réagir. En une seconde, son père se lève et attrape brutalement Liam par les cheveux, avant de le coller au mur.

— Repète un peu pour voir ?

Liam m'appelle à l'aide. Je tente de m'interposer. Florent me regarde avec fureur. Je hurle qu'il ne doit pas frapper son fils. Je sais que c'est la seule chose qui peut le faire réagir. La peur d'alerter les voisins. Il le lâche enfin, et Liam va trouver refuge dans sa chambre. Florent se rassied.

Le cœur battant, nous reprenons tous place autour de la table. Lise est pétrifiée. Gabriel, lui, me fait signe qu'il a toujours faim. Je prends sur moi pour aller lui chercher des légumes dans la cuisine, et, sans mot dire, je le ressers. Les yeux de Florent sont des poignards.

— Tu fais quoi ?

— Il a faim ! C'est pas du pain. C'est des légumes.

Froidement, Florent me dévisage. Nous mangeons en silence, inquiets de voir apparaître une de ses nouvelles crises de fureur avant la fin du repas. Lorsque j'apporte le dessert et que Liam a été autorisé à revenir à table, l'incident est presque clos.

C'est là que Florent dit alors, avec le plus grand mépris, et à haute et intelligible voix « Toi, qu'est-ce que tu peux être conne », avant de quitter la table.

J'ai du mal à te croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant