Le lendemain matin, Hinata fut le premier debout. Tsukishima ne tarda pas à émerger, habitué à se lever avec les poules. Ensemble, ils se remplirent l'estomac avec le reste de millet et firent leurs bagages. Les autres se réveillèrent peu à peu. Bien qu'Hinata et Tsukishima se soient appliqués pour ne pas faire de bruit, leur agitation avait suffi pour troubler le sommeil des samouraïs.
Ils ne discutèrent pas beaucoup, tous savaient ce qu'ils devaient faire. Ils n'avaient pas besoin de communiquer, toute parole aurait été superflue. Lorsque Hinata ouvrit la porte et qu'il mit sa main devant ses yeux pour se protéger de la lumière du soleil, il ne remarqua pas tout de suite la présence du guerrier qui dormait devant la maison. Ce fut seulement lorsqu'il se rendit compte que les ronflements qu'il entendait n'étaient pas ceux d'Atsumu qu'il sursauta et laissa échapper un cri de stupeur.
— Que se passe-t-il ?! demanda Akaashi, prêt à dégainer son sabre.
— Oh euh, bafouilla Hinata, rien, c'est juste que je ne pensais pas qu'il aurait passé la nuit ici...
Akaashi dirigea son regard dans la même direction que celui d'Hinata. Il haussa les sourcils. Lui non plus, il ne s'était pas attendu à ça. Bokuto Kotaro dormait contre le mur en bois du pavillon, son katana à côté de lui. C'était une chance qu'il ne se soit pas fait dépouiller.
— Laissons-le.
Hinata acquiesça au bout de quelque secondes. Ce samouraï lui faisait de la peine. Certes, il était maladroit et ne semblait pas être l'homme le plus érudit, mais il n'était pas méchant. Néanmoins, Hinata n'osa pas discuter les ordres d'Akaashi. Il se contenta de prendre ses affaires et d'attendre les autres dehors.
Kageyama fut le premier à le rejoindre, ce qui n'aida pas Hinata à se détendre. Il se raidit malgré lui et s'en voulut de se mettre dans tous ses états pour un samouraï qu'il connaissait seulement depuis quelques jours. Les autres sortirent un par un du pavillon, et bientôt, il ne resta plus qu'Atsumu à l'intérieur. Osamu se tenait dans l'encadrement de la porte, et à la surprise générale, il leur souhaita bon voyage.
Il s'était toujours montré distant et désintéressé, alors cet au revoir auquel personne ne s'attendait leur mit du baume au cœur. Avant de partir, Tsukishima se permit de lancer une dernière moquerie sur son frère.
— Tu lui diras qu'il lui reste encore un peu d'encre de chine sous le menton.
Osamu esquissa un sourire, puis referma la porte derrière eux. Lorsque Atsumu s'était réveillé la veille, il avait immédiatement senti que quelque chose était différent. Il avait dessoûlé et il avait comme une drôle de sensation. Il avait froncé les sourcils en se touchant les joues et en observant ses doigts noircis. Il avait couru jusqu'à un point d'eau pour se débarbouiller et s'était battu avec son frère pour se venger.
— En route. J'ignore où se trouve votre village alors je vous laisse passer devant, Tsukishima-san.
Tsukishima s'exécuta et pris la tête de la petite troupe. Il était toujours un peu décontenancé par cette marque de respect qu'utilisait Akaashi alors qu'il n'était qu'un pauvre paysan, mais il n'allait pas s'en plaindre. C'était d'ailleurs le cas pour tous ceux qui l'accompagnaient : ils n'étaient pas habitués à être traités avec autant de politesse, mais ça ne leur déplaisait pas tant que ça.
Puisque Oikawa et Iwaizumi s'étaient naturellement retrouvés côte à côte pour que l'un puisse embêter l'autre et que l'autre puisse râler contre l'un, Kageyama s'était tourné vers Hinata. Lorsque son maître était avec Iwaizumi, il avait comme l'impression qu'il était de trop. Il ne savait pas si Oikawa s'en rendait compte, mais lorsque Iwaizumi était là, il n'avait d'yeux que pour lui.
Bien que Kageyama ne lui adresse pas la parole, Hinata sentit son cœur s'affoler. Il ne disait rien non plus, de peur de bafouiller et de l'embêter. Mais le silence ne le dérangeait pas, il le trouvait apaisant.
Derrière eux, un autre duo s'était formé. Kuroo et Kenma marchaient ensemble, bien que Kenma montre plus de réticences à l'égard de Kuroo. Depuis sa remarque de la veille, il avait rattaché ses cheveux en chignon. Il ne comprenait pas pourquoi Kuroo s'entêtait à lui faire la conversation alors qu'il ne lui répondait pas. Kenma aurait largement préféré la compagnie d'Hinata.
Akaashi fermait la marche. Les épaules détendues, il profitait du calme de la matinée. Il n'y avait pratiquement personne dans les rues. Personne, hormis un samouraï tapageur qui ne connaissait pas la définition de « discrétion » et qui leur courrait après comme un sanglier au galop.
— Attendez-moi ! Attendez ! Je vous accompagne ! Eh oh ! Akaashi, je sais que tu m'entends, ralentis la marche !
Mais Akaashi fit la sourde oreille. Bokuto finit par les rattraper, essoufflé, et personne n'émit d'objection à ce qu'il se joigne à eux dans leur voyage jusqu'à Karasuno. Ils se voyaient mal l'empêcher de venir. Même Akaashi, à qui sa présence tapait déjà sur les nerfs, ne se permit pas de lui faire une objection. Bokuto n'était pas un enfant, il n'allait pas jouer le rôle du parent qui lui interdirait de les suivre sous prétexte qu'il ne le reconnaissait pas comme un samouraï digne de ce nom.
— Tu verras, Akaashi, je saurais me montrer utile ! En plus, je suis super fort ! En terme de puissance, personne m'arrive à la cheville !
Akaashi regrettait déjà de l'avoir implicitement autorisé à les accompagner. Pourquoi, de tous ceux qui participaient au voyage, l'avait-il choisi comme camarade de discussion ? Akaashi se dit qu'il était maudit. Il espérait au moins qu'il n'aurait pas à le supporter tout le long du chemin, et qu'il finirait par se lasser de son silence. Parce que sinon, le temps allait être long, très long.
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...