En accord avec la tactique défensive d'Akaashi, les paysans avaient détruit un pont qui permettait d'accéder au village et avaient évacué les maisons au-delà de la rivière. La nuit était désormais tombée, et tandis que les paysans en profitaient pour faire la fête, les samouraïs veillaient. Éparpillés dans le village, ils surveillaient les alentours afin d'être sûrs de ne pas se faire infiltrer.
Oikawa et Iwaizumi surveillaient la partie est. Ils étaient perchés sur des barricades, leurs sabres rangés dans leurs fourreaux mais la main posée sur la poignée, prête à dégainer. Pensifs, leurs regards se perdaient au loin dans la pénombre. C'était calme, trop calme, Oikawa s'ennuyait. Il n'y avait pas un bandit à se mettre sous la dent. Tout ce qui bougeait se résumait aux oiseaux sauvages, aux grenouilles de la rivière et aux végétaux secoués par le vent.
— Je m'ennuie...
Iwaizumi ne répondit pas, mais ses muscles se contractèrent. La voix d'Oikawa s'était faite plaintive, et sa moue sur le visage indiquait qu'il allait l'embêter si ça lui permettait de se distraire. Iwaizumi le connaissait sur le bout des doigts. Il ignorait pourquoi, mais Oikawa était incapable de rester sans rien faire pendant plus de quelques minutes. Il avait besoin de s'amuser ou d'être occupé, il ne supportait pas l'ennui.
Et depuis qu'ils s'étaient rencontrés, Oikawa prenait un plaisir monstrueux à venir lui parler lorsqu'il n'avait rien d'autre à faire. Dès leur premier combat ensemble, Oikawa s'était entiché d'Iwaizumi. Telle une sangsue, il s'amusait à drainer son énergie jusqu'à ce qu'Iwaizumi finisse par craquer et qu'il se mette en colère pour avoir la paix. Chez Oikawa, la provocation semblait être un besoin aussi vital que celui de boire ou de manger.
L'air de rien, alors que la pleine lune au-dessus de leurs têtes les éclairait presque comme en plein jour, Oikawa s'était rapproché d'Iwaizumi. Épaule contre épaule, ils continuaient de fixer l'horizon, même si leurs esprits étaient désormais en ébullition.
— Iwa-chan, j'ai envie de sexe.
Cette fois, Iwaizumi ne réussit pas à faire semblant de n'avoir rien entendu. Il se demandait comment Oikawa pouvait être capable de prononcer de telles obscénité sans en éprouver la moindre honte. Mais le pire, c'est qu'il était conscient du malaise qu'il provoquait. Il avait d'ailleurs profité qu'Iwaizumi soit déstabilisé pour s'agripper à son bras.
— Bordel, ferme-la ou c'est mon sabre que tu risques de te prendre dans le cul.
Tandis que le rire malicieux d'Oikawa s'élevait dans les airs, Bokuto venait de retrouver Akaashi qu'il avait perdu de vue en début de soirée. Alors qu'il surveillait les alentours, caché derrière une barricade, Bokuto courra vers lui avec la discrétion d'un éléphant en furie, trop content d'avoir retrouvé Akaashi pour se soucier du bruit qu'il faisait. Ce ne fut donc pas une grande surprise pour Akaashi lorsqu'il entendit le buffle, comme l'appelait Oikawa, se poster à côté de lui en chantonnant.
— Il y a du mouvement ? demanda-t-il.
— Rien d'alarmant pour l'instant.
Bokuto hocha la tête et se remit à chantonner, un sourire étiré jusqu'aux oreilles. Ces temps-ci, il s'était aperçu que la seule présence d'Akaashi suffisait à chasser sa mauvaise humeur et à lui redonner sa joie de vivre. Il avait l'impression qu'il ne pouvait plus se passer de lui.
Même s'il ne lui parlait pas beaucoup et qu'il était toujours très respectueux envers lui, Bokuto avait l'impression qu'il était plus proche de lui que des autres. Depuis qu'il le considérait comme son compagnon d'arme, ils se retrouvaient souvent seul à seul et étaient toujours ensemble lorsqu'il s'agissait de former des équipes. Bokuto ne savait pas pourquoi, mais il se sentait fier d'avoir cette place privilégiée aux côtés de ce samouraï réservé qu'il admirait.
Il ne savait pas comment l'annoncer à Akaashi, mais il aurait aimé continuer à être avec lui encore après cette bataille contre les bandits. Il s'était beaucoup attaché à lui, et même si Akaashi n'était pas démonstratif, il espérait que ce soit réciproque. Il ignorait comment l'expliquer, mais lorsqu'il était avec Akaashi, c'était comme s'il avait retrouvé une moitié de lui qu'il aurait perdue.
— Dis, Akaashi, je me demandais...
Mais Akaashi mit sa main devant sa bouche. Ce geste fut si ferme que Bokuto la ferma instantanément. Ses yeux plissés étaient fixés sur une ombre qui dansait au loin et qui se rapprochait d'eux.
— C'est un bandit ?
Akaashi acquiesça.
— Nous allons le cueillir. Faisons ça discrètement pour ne pas alerter tout le monde.
Bokuto n'attendit pas plus longtemps pour dégainer son katana. Dans le silence le plus absolu, les deux guerriers attendaient l'intrus. Il ne tarda pas à se montrer, Akaashi et Bokuto écoutèrent avec attention ses pas sous lesquels craquait l'herbe sèche. Puis, les sons se firent plus étouffés. Pourtant, le brigand était proche, très proche. Il se tenait de l'autre côté de la barricade qu'il tentait d'escalader.
D'un mouvement de tête entendu, sans qu'ils n'aient besoin d'échanger une seule parole, les samouraïs se collèrent le dos contre le mur. Ils entendirent grincer au sommet, le bandit devait l'avoir atteint. Puis, en un bond, le brigand avait sauté juste devant eux, les mains sur les hanches, comme s'il était satisfait de lui. Il eut à peine le temps de se retourner lorsque la lame de Bokuto lui trancha le dos et que celle d'Akaashi lui transperça le cœur.
Tandis qu'il s'écroulait sur le sol, Akaashi et Bokuto rangeaient leur sabre.
— On fait quoi du corps ? demanda Bokuto.
— Laissons-le là. De toute façon, nous n'avons pas le temps de le bouger, je vois deux autres bandits qui arrivent vers nous.
Bokuto acquiesça, et dégaina à nouveau. Il garda la bouche close, observant en silence, à côté d'Akaashi, les deux nouvelles ombres humaines qui s'agitaient au loin. Il avait bien compris que ce n'était pas le bon moment pour proposer à Akaashi de rester ensemble après la bataille. La soirée s'annonçait trop agitée pour qu'il ait le temps de bavasser.
J'adore écrire ces petits moments centrés sur un ship <3 J'espère qu'ils vous plaisent aussi :)
Surtout le côté dévergondé d'Oikawa, c'est ce que je préfère 🤭
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...