𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐋𝐈

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Le village était tranquille sous le ciel sombre qui commençait à s'éclaircir par endroit avec l'apparition des étoiles

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Le village était tranquille sous le ciel sombre qui commençait à s'éclaircir par endroit avec l'apparition des étoiles. Il n'y avait pas de cris, pas de panique, pas de violence. Dehors, Akaashi faisait sa ronde pour veiller sur les villageois endormis. Il leur avait conseillé de dormir sur leurs deux oreilles, les paysans avaient besoin de repos. Ils l'avaient remercié pour sa bienveillance et s'en étaient allés dans leur hutte d'un pas lourd, pressés de trouver le sommeil.

Le vent lui caressait le visage, Akaashi songea qu'il n'avait jamais trouvé un silence aussi reposant. Les épaules détendues, il circulait parmi les huttes en se laissant guider par le croassement des grenouilles et le vol des phalènes qui effleuraient ses bras. Malgré la fatigue qui le guettait, Akaashi préférait continuer de marcher un peu avant d'échanger son tour de garde. Et puis, il pensait aux autres avant tout. Quelques minutes de sommeil supplémentaires ne leur feraient pas de mal.

Il savait que Bokuto dormait à poings fermés dans leur hutte — une fois le ventre plein, il n'avait pas tenu longtemps avant de s'assoupir malgré lui — mais il ignorait où se trouvait les autres. Il espérait qu'ils soient en train de dormir, ils avaient tous besoin de récupérer. Iwaizumi et Oikawa avaient disparu en début de soirée tandis que Kuroo s'était évaporé dans la nature une fois la bouteille de saké en main.

Bizarrement, Akaashi n'avait pas trop envie de tomber sur Iwaizumi et Oikawa. Il se doutait que si Oikawa avait si facilement renoncé au plaisir de l'alcool, c'était au détriment du plaisir de la chair. Akaashi frissonna. Non, décidément, il ne voulait surtout pas les surprendre. Il évitait d'ailleurs les coins sombres pour être sûr de ne pas les interrompre par hasard.

Il ne se faisait donc pas de soucis pour Oikawa et Iwaizumi. Ils étaient ensemble, ils n'avaient rien à craindre. En revanche, celui qui l'inquiétait davantage était Kuroo. Akaashi avait bien remarqué que la mort de Kenma l'avait affecté plus que n'importe qui d'autre. Un nouveau courant d'air lui chatouilla la nuque et les pas d'Akaashi changèrent naturellement de direction, vers un lieu lointain et hors du village où flottait un parfum mélancolique et pestilentiel.

Akaashi plissa les yeux pour tenter d'adapter sa vision à l'obscurité. Au loin, il aperçut une ombre agenouillée auprès d'une tombe. Elle semblait flageolante, comme si elle n'était plus vraiment maître d'elle-même. Il se rapprocha et reconnut sans surprise Kuroo qui buvait comme un trou, accroupi face à la tombe de Kenma. Un sourire peiné s'empara de ses lèvres lorsqu'il aperçut le jeu de Go sur la motte de terre, symbole de son amitié avec Kuroo.

— Je vais tuer leur chef, annonça Kuroo. Et je m'assurerai que cette ordure crève bien lentement.

Akaashi ne dit rien. Il n'était pas très proche de Kuroo mais il pouvait sentir l'odeur de l'alcool qu'il dégageait. Il se contenta de poser sa main sur son épaule pour lui témoigner son soutien. Il n'était pas aussi attaché à Kenma que lui, mais sa mort l'avait affecté plus qu'il ne l'aurait cru. Avec nostalgie, il se souvenait de sa méfiance lorsque Hinata lui avait annoncé qu'il était flemmard et de ses remontrances lorsqu'il le surprenait lui et Kuroo en train de jouer alors qu'ils avaient un travail à effectuer.

Sous sa paume, il sentit l'épaule de Kuroo tressauter, et Akaashi comprit qu'il valait mieux le laisser en intimité avec ses propres souvenirs de ses moments passés avec Kenma. Il lui donna une légère tape dans le dos et tourna les talons pour retourner au village. Il avait un peu hésité avant de le laisser seul, après tout, Kuroo n'était pas à l'abri d'une attaque surprise. Les bandits pourraient profiter de ce moment de faiblesse pour lui faire la peau.

Akaashi avait bien compris qu'ils étaient aussi sournois que des vipères et qu'ils n'avaient aucun respect pour quoi que ce soit, hormis leur chef qui semblait leur évoquer une terreur sans nom. Ces brigands n'auraient aucun scrupule à attaquer Kuroo dans un lieu aussi sacré. Mais les bandits devaient être aussi fatigués qu'eux, et Kuroo se fondait parfaitement dans l'obscurité. Il sentait que Kuroo avait besoin d'être seul, et ses sentiments l'avaient emporté sur sa raison.

Tandis qu'il retournait à la hutte pour échanger son tour de garde — Akaashi avait eu beau lutter, il ne tenait plus debout et ses paupières se fermaient d'elles-mêmes — il croisa Oikawa et Iwaizumi en chemin. Leurs cheveux étaient décoiffés, il aperçut même Iwaizumi qui renouait avec précipitation son kimono. Akaashi ne fit aucune remarque.

Il fit le reste du chemin avec eux en silence. Il avait l'habitude de ce genre de moment de planitude avec Iwaizumi qui était aussi peu loquace que lui, mais venant de la part d'Oikawa, c'était pour le moins étonnant. Akaashi était cependant trop épuisé pour s'en préoccuper. De toute façon, il se doutait que sa respiration encore un peu haletante et ses pupilles dilatées alors qu'il n'avait bu que quelques gorgées de saké n'y étaient pas pour rien dans son mutisme.

Lorsqu'ils arrivèrent à la hutte, la première chose qu'ils entendirent furent le ronflement de Bokuto. Le bruit était si fort qu'il leur sembla que la demeure vibrait à chaque nouvelle inspiration.

— En plus d'être un buffle, il ronfle comme un tigre qui rugit.

Iwaizumi lui donna un coup de coude dans l'estomac. Oikawa accusa le coup en riant, mais la fatigue transparaissait dans sa voix. Akaashi s'en voulait un peu de réveiller Bokuto alors qu'il dormait si bien, mais il n'avait pas le choix. Doucement, tandis que les deux autres s'allongeaient derrière lui, Akaashi secoua Bokuto par l'épaule.

— Bokuto-san, c'est ton tour de garde.

— Hm, grogna-t-il.

— J'ai sommeil...

Cette supplication suffit à sortir Bokuto de sa torpeur. Il le regarda avec ses grands yeux jaunes dans lesquels Akaashi se perdit avant de se laisser tomber, incapable de résister plus longtemps à l'appel de Morphée. Il eut tout juste le temps d'entendre Bokuto lui murmurer ces quelques mots avant de sombrer dans un sommeil sans rêve :

— Tu peux dormir tranquille Akaashi, je veillerai pour toi.

Il lui caressa également le visage avec douceur, mais Akaashi s'était déjà endormi.

Il lui caressa également le visage avec douceur, mais Akaashi s'était déjà endormi

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Les sept samouraïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant