Le soir était tombé. Il y avait toujours quelques villageois qui veillaient près des tombes, notamment Hinata et Natsu qui priaient pour Kenma, et Tsukishima qui était resté aux côtés de Yamaguchi. Plus loin dans les plaines, les paysans avaient également creusé une fosse commune pour enterrer les cadavres des bandits.
Les sept samouraïs n'étaient plus que cinq. Ils s'étaient réunis dans leur hutte pour faire le bilan et décidé de ce qu'ils allaient faire dans la soirée, mais aucun d'eux n'avait vraiment le cœur à travailler. Leur moral était au plus bas, et malgré ça, Akaashi continuait d'évaluer les forces ennemies et de réfléchir à la meilleure tactique pour éviter que ce genre d'attaque surprise et dévastatrice se reproduise.
Même si Akaashi savait que les brigands devaient également avoir besoin de sommeil et qu'ils n'attaqueraient probablement pas cette nuit, il préférait être prudent. Tant pis si les cernes qui s'étaient creusées sous ses yeux étaient aussi sombre que la nuit, il ne voulait pas que la catastrophe survenue dans la journée se réitère à nouveau.
— Il reste combien de bandits ? demanda Iwaizumi.
Kuroo se mordit la lèvre. Il avait imaginé Kenma répondre à cette question de sa voix calme qui ne trahissait aucune hésitation. Mais Kenma n'était plus là, et un autre samouraï se devait désormais d'effectuer le calcul mental.
— Treize, souffla Kuroo. Il reste treize bandits, ni plus ni moins.
Akaashi acquiesça, gêné. Un poids assez encombrant s'était échoué sur son épaule, et Akaashi ne savait pas s'il devait le repousser ou non. Bokuto s'était endormi contre lui, il était clair qu'il ne supporterait pas une seconde nuit blanche. Ses cheveux blancs chatouillait son cou, mais bizarrement, ce contact physique ne le dérangeait pas, même si son pouls s'était un peu accéléré.
A contrecœur, Akaashi finit par secouer Bokuto pour le sortir de sa torpeur. Même si son sommeil et ses légers ronflements n'étaient pas dérangeants, Bokuto se devait d'être aussi éveillé que les autres. Ce n'était pas juste qu'il puisse se reposer pendant que ses compagnons d'armes se creusaient la tête malgré leurs paupières lourdes et le sommeil qui les appelait tel le chant des sirènes qui attirait les marins.
— Hm, grogna Bokuto tandis qu'il se frottait les yeux.
Il était désormais réveillé, mais n'avait pas pour autant ôté sa tête de son épaule.
— Le bilan du village est lourd, murmura-t-il telle une triste constatation des faits.
Les visages des samouraïs s'assombrirent. Chacun se reprochait ce qui était arrivé. Néanmoins, ils essayaient d'avoir le moins de remords possible. Il valait mieux se concentrer sur le futur que sur le passé, les remords n'avaient pas le pouvoir de ramener les morts à la vie.
— Tu plombes l'ambiance Bokuto-chan ! s'exclama Oikawa dont le faux sourire ne trompait personne. En tout cas, il faudra veiller à tour de rôle cette nuit. Je ne supporterais pas une deuxième nuit blanche, et à part Akaashi-chan qui est un surhomme, je pense parler au nom de tout le monde.
Les samouraïs hochèrent la tête, approuvant sa remarque en silence. L'atmosphère était écrasante sous le toit de leur hutte, aussi lourde que le vent d'été qui étouffe plus qu'il ne rafraîchit. Soudain, les sortant de leurs pensées — moroses, pour la plupart — un paysan ouvrit la porte sans même frapper pour signaler sa présence. Il s'agissait d'Hinata et Natsu, un grand sourire aux lèvres malgré leurs yeux rougis, les bras chargés de nourriture et d'alcool.
— On s'est concertés avec les autres, et on est venus vous apporter de quoi reprendre des forces et de quoi vous redonner le moral ! Il y a du saké, du riz, des légumes, servez-vous, prenez tout ce qui vous fait envie !
L'enthousiasme d'Hinata était feint, mais sa tentative pour leur donner le sourire venait d'une bonne intention et les samouraïs en eurent du baume au cœur. Les villageois s'inquiétaient pour eux, même s'ils prétextaient que leur inquiétude était seulement dû au fait qu'ils ne pourraient pas défendre leur village s'ils n'étaient pas au mieux de leur forme. Akaashi remercia Hinata avec le plus grand sourire dont il était encore capable. Hinata s'inclina, puis prit la main de sa sœur et s'en alla.
— Du saké et des légumes hein... souffla Oikawa. Je vous l'avais dit que ces fourbes planquaient tout ! Du millet mon cul ! Ils cachent bien leur jeu oui !
Sur ces douces paroles, Oikawa s'empara le premier de la bouteille de saké, sous le regard noir de Kuroo et Iwaizumi qui l'avaient également visée. Akaashi se contenta de croquer dans les légumes qu'Hinata leur avait offert. Il savourait chaque bouchée, chaque éclat de fraîcheur afin d'être digne de ces légumes pour lesquels les paysans se sacrifiaient encore une fois. Leur générosité n'avait d'égale que leur avarice.
Bokuto l'imita, il n'avait pas envie de se chamailler avec les trois autres pour avoir le droit à une gorgée de saké. Il préférait déguster des légumes avec Akaashi. Chaque fois qu'il en prenait un nouveau, il se débrouillait pour frôler Akaashi, que ce soit son épaule ou son genou. Le contact les électrisait, mais ils préféraient n'en rien laisser paraître.
— Si vous me faites un compliment, je vous laisse boire une gorgée chacun, les nargua Oikawa qui buvait le saké tel un empereur romain.
Un filet d'alcool coulait même entre ses lèvres et son menton, Iwaizumi loucha dessus sans savoir s'il voulait sauter sur Oikawa pour lécher ces quelques gouttes ou s'il avait envie de lui sauter dessus parce que ces quelques gouttes reflétaient tout le désir qu'il avait pour lui. Peu importe la raison, Iwaizumi avait très envie d'Oikawa.
— Déconne pas ! râla Kuroo. Partage sale rat !
Le regard d'Oikawa s'était arrêté sur Iwaizumi. Son sourire malicieux l'agaçait, Oikawa l'étira davantage. Iwaizumi restait cependant stoïque. Et il suffit qu'Oikawa l'observe de haut en bas pour en comprendre la raison. Il y avait une petite gêne au niveau de l'entre-jambe qui l'empêchait de faire de trop grands mouvements au risque de se trahir. Même si le sourire d'Oikawa était déjà grand, Iwaizumi eut l'impression qu'il s'était encore étiré.
— Aller, dans mon extrême bonté, je te laisse la bouteille Kuroo-chan, fit Oikawa d'un ton dramatique. J'ai assez bu, je vais prendre mon tour de garde avec Iwa-chan ! A plus tard !
Sous le regard surpris d'Akaashi — Kuroo ne se posa pas de question, trop content d'avoir la bouteille pour lui tout seul — Oikawa et Iwaizumi disparurent sous le ciel crépusculaire, l'esprit embrumé par leurs pensées libidineuses et leur désir qui ne faisait que croître au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient.
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...