- Pourquoi dois-je surveiller ces bouseux alors qu'Iwa-chan est si loin de moi ?! C'est injuste !
Kageyama écoutait son maître se plaindre depuis que la moisson avait commencée. Il avait beaucoup de respect pour Oikawa, pour son intelligence et sa dextérité à l'arc ou au sabre, mais là, son maître n'avait pas fière allure. Entre ses complaintes incessantes et son ton chouineur, Kageyama avait l'impression de garder un enfant en bas âge.
Si Hinata n'avait pas été si proche de lui, il aurait sans doute fini par craquer. Mais pouvoir observer le rouquin qui s'activait dans la terre, le torse légèrement à découvert et des perles de sueur sur le front, avait le don de lui remonter le moral. A côté de cette vision divine, les jérémiades de son maître n'étaient pas grand-chose.
- Regarde-le avec Akaashi et l'autre buffle ! J'arrête pas de lui faire coucou, mais ce rustre n'arrête pas de m'ignorer !
Kageyama se mit à réfléchir. Il fallait qu'il trouve un moyen pour le distraire. Même si Hinata était à ses côtés, il ne savait pas s'il réussirait à tenir jusqu'à la fin de la journée.
- Peuh, de toute façon, je suis sûr qu'il s'ennuie de moi. Et c'est bien fait pour lui. Je suis irremplaçable après tout.
Kageyama lui aurait bien proposé un duel au sabre pour s'entraîner, mais il ne valait mieux pas relâcher leur vigilance dans un combat futile. Il fallait qu'il trouve le moyen de détourner la conversation.
- J'ai l'impression qu'il me fuit ces derniers temps. Tu crois que j'ai fait quelque chose de mal ?
Si Kageyama n'avait pas pris au sérieux ses plaintes jusque là, l'air sincèrement peiné de son maître le touchait plus qu'il ne l'aurait pensé. Il s'était peut-être trompé, au final. Même si Oikawa chouinait comme un enfant, il était en réalité très affecté par la distance qu'Iwaizumi installait entre eux.
Son maître ne lui demandait pas souvent son avis, alors Kageyama ne voulait pas le décevoir. Néanmoins, il était de son devoir de lui dire la vérité. Cela ne servirait à rien de le ménager, et de toute façon, Kageyama n'était pas quelqu'un qui tournait autour du pot.
- Tu ne sais pas quoi répondre ?
- Non, c'est juste que je ne sais pas par où commencer.
Oikawa afficha une mine outrée, et Kageyama regretta un peu de ne pas y être allé avec des pincettes.
- Je vais être honnête, vous le collez sans arrêt alors qu'il n'aime visiblement pas ça, vous le gênez avec vos blagues déplacées, vous empiétez sur son espace personnel malgré ses avertissements et vous ne cessez de chercher querelles pour je ne sais quelle raison. De mon point de vue, il n'est pas surprenant qu'Iwaizumi finisse pas s'éloigner.
Kageyama espérait qu'il avait su y mettre les formes et que sa franchise n'avait pas trop dérouté son maître. Mais au vu de l'expression choquée qu'il arborait, ça semblait compromis. Kageyama s'attendait à recevoir des reproches, mais finalement, Oikawa ferma sa bouche et baissa la tête, pensif. Kageyama espérait que son silence dure longtemps, au moins jusqu'à la fin de la journée, et tant pis si c'était un souhait égoïste.
Du côté d'Iwaizumi, il s'était retrouvé seul avec Bokuto pendant qu'Akaashi faisait le tour des champs pour vérifier qu'il n'y avait pas de problèmes.
- Je crois qu'Oikawa a arrêté de te faire signe, remarqua Bokuto, sa main au-dessus de ses yeux plissés.
- Tant mieux.
Il connaissait Oikawa par cœur. Il ne savait pas ce que lui avait dit Kageyama pour le calmer, mais force était de constater que ça avait marché. Il faudrait qu'il pense à lui demander sa technique, faire taire Oikawa lui serait bien utile au quotidien.
- Vous vous êtes disputés tous les deux ? lui demanda Bokuto qui observait distraitement les paysans devant eux.
Iwaizumi n'avait pas envie d'en parler, et surtout pas avec le premier samouraï venu. Bokuto lui semblait digne de confiance, mais au-delà de ça, il était aussi du genre à ne pas savoir tenir sa langue. Iwaizumi préférait rester vague. S'il devait se confier à quelqu'un, mieux valait choisir un samouraï qui tournait sept fois sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir.
- Pas vraiment. J'avais juste envie de m'éloigner un peu. C'est difficile de le supporter au quotidien.
- Ça, je ne peux qu'approuver. Depuis que j'ai dit que je sentais le buffle, il n'arrête pas de me surnommer comme ça ! Il se moque de tout le monde, n'a aucune pudeur et ne respecte rien ni personne !
- Il est collant et il aime provoquer, compléta Iwaizumi. Oikawa dans toute sa splendeur.
- Hm... Non, ça, je crois qu'il ne le fait qu'avec toi.
- Hein ?
Les sourcils d'Iwaizumi s'étaient froncés, Bokuto avait peur d'avoir dit une bêtise. Pourtant, c'est ce qu'il ressentait lorsqu'ils étaient ensemble. Oikawa avait beau chercher la petite bête avec tout le monde, il n'y avait qu'Iwaizumi qu'il s'amusait à coller de façon indécente.
- Bah euh tu sais, bafouilla Bokuto, il y a comme une tension entre vous...
Il était trop embarrassé pour préciser de quelle tension il s'agissait. Akaashi revint vers eux à ce moment-là, et même s'il n'avait pas entendu toute leur conversation, il avait saisi la dernière phrase de Bokuto et avait compris de quel samouraï ils discutaient.
- Il n'y a aucune tension entre lui et moi.
Iwaizumi avait voulu se montrer ferme, mais sa voix avait flanché sur la fin.
- Si, je suis d'accord avec Bokuto-san. Et vous voiler la face ne vous mènera nulle part.
Ils ne s'étaient pas attendus à l'intervention d'Akaashi, et encore moins à ce qu'il approuve le sous-entendu de Bokuto. Iwaizumi se racla la gorge pour se redonner un peu de contenance, mais au fond, il était gêné de parler de sa relation particulière avec Oikawa. Il avait beau vouloir repousser cette idée, il avait conscience de cette tension que ses deux compagnons d'armes évoquaient. C'était d'ailleurs le raison pour laquelle il avait préféré s'éloigner pour prendre du recul.
- De nos jours, les samouraïs jouissent d'une sexualité libre et n'ont pas besoin de s'en cacher. Faites ce que vous voulez tant que ça ne vient pas compromettre la défense du village.
Iwaizumi s'étouffa. Il ne s'était pas attendu à ce genre de remarque venant de la part d'Akaashi. Même Bokuto rougit alors que ces paroles ne lui étaient pas destinées. Akaashi se contenta de hausser les épaules.
À l'époque de Sengoku, il n'est pas rare de croiser des samouraïs ayant pour amant leur jeune disciple de sexe masculin, d'où la remarque d'Akaashi :)
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...