Akaashi finit par se rendre à l'extérieur, intrigué malgré lui par tout le tintamarre qu'il entendait. Les samouraïs, l'ouvrier et les paysans formaient un cercle autour du guerrier ramené par Atsumu. Il ne le voyait pas très bien, cachés par les corps et l'obscurité, alors Akaashi décida de se rapprocher. Il percevait seulement le son de sa voix, rauque et bégayante, typique des gens bourrés.
Qui que soit ce samouraï, il était clair que tout comme Atsumu, il avait un peu trop forcé sur la bouteille.
Il semblait faire de grands gestes, Akaashi pouvait apercevoir son sabre s'agiter aux dessus des têtes. Il entendit le rire moqueur d'Oikawa et Kuroo, les déboires d'Atsumu et un soupir las qui sortait de la bouche de Tsukishima. Kageyama ne bougeait pas, il avait l'air de l'analyser le plus sérieusement du monde. Iwaizumi se massait le crâne et Hinata le regardait avec des étoiles dans les yeux, comme si ce samouraï saoule et brute avait quelque chose d'admirable.
Akaashi se fraya un passage dans le cercle, les forçant à s'écarter pour lui laisser une place. En découvrant à qui il avait affaire, il cligna plusieurs fois des yeux pour s'assurer qu'il n'était pas en train d'halluciner. Un regard de chouette, un katana plus grand que lui, un corps musclé par un entraînement quotidien et une voix tonitruante qui devait avoir réveillé tout le voisinage, Akaashi se souvenait de cet énergumène lourdaud et malpoli.
Bokuto Kotaro, si ses souvenirs étaient bons.
— A, Akaashi ! dit-il en croisant son regard et en insistant un peu trop sur les « a » de son nom. Emmène-moi avec, avec vous ! Je suis su, super fort ! Regarde-moi, je sais faire tourner mon sabre comme ça !
La réaction d'Akaashi fut un mélange entre celle de Tsukishima et celle d'Iwaizumi : il soupira et se massa le front. Bien qu'Oikawa soit effronté, que Kuroo soit un peu trop nonchalant et que ce Kenma flemmard ne lui disait rien qui vaille, ce n'était rien comparé à l'agacement que lui provoquait Bokuto. Il était bruyant et stupide, ce n'était qu'un gros balourd qui était devenu samouraï grâce à la force de ses muscles et sûrement pas avec l'aide de son cerveau.
Comme il l'avait déclaré, il se mit à faire tournoyer son katana au-dessus de sa tête en enchaînant des mouvements trop hasardeux pour ne pas être sous l'influence de l'alcool. Tous s'écartèrent de plusieurs pas, de peur qu'un coup maladroit ne parvienne à les toucher. Oikawa était bidonné et se tenait les côtes tant le spectacle était risible. Il se calma en recevant un coup sur le crâne qui ne venait non pas de Bokuto, mais d'Iwaizumi.
— Je rentre, déclara Akaashi.
Et il retourna dans le pavillon. Kuroo et Tsukishima ne tardèrent pas à le suivre, suivis par Atsumu qui tenait à peine sur ses deux jambes et qui insistait sur la force de Bokuto. Iwaizumi força Oikawa à les imiter, il dut passer un bras autour de ses hanches pour l'empêcher de tomber à cause de son fou rire qui avait repris, à croire qu'il avait bu aussi. Oikawa ne se gêna pas pour s'agripper à Iwaizumi. Pour une fois qu'il pouvait se coller à lui avec un bon prétexte pour le justifier, il n'allait pas s'en priver.
Bokuto se retrouvait donc seul avec Kageyama et Hinata. Il continuait de faire son show et semblait à demi-conscient. Hinata se sentit tout à coup gêné, sans trop savoir pourquoi. A la place de regarder le samouraï qui se dandinait devant eux, Kageyama l'observait lui, le paysan aux cheveux ébouriffés qui n'était pas capable de retenir les dates de la moisson.
— On ferait mieux de rentrer, nous aussi.
Hinata sentit son cœur bondir, il se contenta de hocher la tête. Kageyama passa devant lui et Hinata ne mit pas longtemps avant de lui emboîter le pas, ayant complètement oublié Bokuto qui marmonnait des phrases sans queue ni tête en agitant son sabre dans tous les sens.
Hinata fut à moitié surpris de trouver Kenma debout, tout ce remue-ménage avec Bokuto avait dû le réveiller. Il pouvait déjà entendre Atsumu ronfler à côté de son frère qui lui répondait plus faiblement.
— Nous partirons demain à l'aube, déclara Akaashi.
Iwaizumi hocha la tête. Lui aussi, il savait qu'il ne valait mieux pas s'attarder. Tous ne tardèrent pas à imiter à Iwaizumi. Il n'y avait que Kuroo qui n'avait pas réagi et qui dévisageait Kenma.
— Même si nous ne sommes que six, vous pensez qu'il vaut mieux partir demain ? demanda Hinata.
— Oui. De toute façon, ça m'étonnerait qu'on réussisse à convaincre un dernier samouraï.
Kuroo continuait de fixer Kenma qui ne savait pas comment réagir, embarrassé par ce regard qui pesait sur ses épaules. Il ne pouvait s'empêcher de tripoter ses mèches qui pendaient devant ses yeux. Il avait relâché ses cheveux, il ne les attachait seulement lorsqu'il en avait besoin, comme lors d'une activité physique.
— Kuroo-san, vous avez un problème avec Kenma-san ?
Akaashi n'était pas le seul à avoir remarqué l'ambiance tendue entre ces deux-là. Hormis les jumeaux qui dormaient, tout le monde les regardait, se demandant quelle pouvait être la source du malaise.
— Kenma ?
Ses yeux s'écarquillèrent.
— Oh merde, je croyais que c'était une fille ! Je me demandais depuis quand il y avait des femmes samouraïs, je trouvais ça bizarre...
Kenma le foudroya du regard tandis que Kuroo s'excusait les deux mains jointes. De lui ou de Bokuto qui continuait de s'agiter dehors, Akaashi se demandait lequel était le plus idiot. Il se rendit compte que ça n'allait pas être facile de défendre ce village avec cette bande de bras cassés.
Un flemmard efféminé, un chat de gouttière désinvolte, un noble insolent et un petit jeune inexpérimenté. Akaashi n'était pas gâté. Heureusement qu'il y avait Iwaizumi pour les supporter avec lui, il ne savait pas comment il aurait fait s'il n'avait pas été là pour hausser la voix quand il le fallait et les remettre à leur place avec quelques coups bien placés.
— Sur ce, je vais me coucher. Je vous souhaite une bonne nuit.
Akaashi s'inclina avant de se trouver un coin dans le pavillon où il pourrait être tranquille. Les autres ne tardèrent pas à faire de même. Malgré les plaintes de Bokuto qui était resté devant l'entrée, ils finirent par trouver le sommeil.
VOUS LISEZ
Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...