𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐋𝐈𝐗

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— Bien visé chef !

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— Bien visé chef !

— Merci, Tendou.

Au loin dans la plaine, le chef des bandits et son fidèle bras droit observèrent le samouraï perdre pied avec délectation. Lorsqu'il s'agissait d'abattre une cible, peu importe la distance, Ushijima était un as qui ne ratait jamais son coup. Le bruit qui avait résonné après avoir appuyé sur la détente résonnait encore à ses oreilles telle une mélodie triomphante.

Bien qu'ils soient séparés du village d'une bonne vingtaine de mètres, il avait remarqué le regard de ce samouraï qui s'était précipité sur le corps de son compagnon d'arme qui convulsait entre ses bras. A travers son regard, Kuroo lui exprimait toute la haine et la rancœur qu'il éprouvait. Telle une menace silencieuse, il lui faisait la promesse qu'il lui rendrait la pareille et qu'il se languirait de le voir suffoquer en implorant sa pitié.

Et sa colère ne fit qu'empirer lorsqu'il aperçu un sourire de satisfaction se dessiner sur les lèvres du meurtrier de Kenma. Mais ce sourire n'était rien à côté de celui arboré par Tendou. Il aimait se faire haïr, il trouvait ça jouissif. Il savourait le désespoir qui gagnait le samouraï. Kuroo avait l'impression de confronter deux démons, il sentit sa gorge se nouer par le dégoût qu'ils lui inspiraient.

Leurs sourires n'ayant pas quitté leurs visages, les deux bandits tournèrent le dos à Kuroo pour disparaître derrière les arbres de la forêt. Kuroo les avait regardé s'éloigner en se mordant si violemment les lèvres que du sang avait commencé à couler sur son menton. Son corps était sous l'emprise de la colère, il était aveuglé par un sentiment de vengeance qui comprimait son cœur comme un feu grandissant.

Il se rendit seulement compte qu'il saignait lorsqu'une goutte tomba de son menton pour s'échouer sur le visage endormi de Kenma. Il lécha le sang sur sa lèvre et serra ses dents, retenant du mieux qu'il le pouvait les larmes qui menaçaient de couler. Il serra Kenma contre lui, contre son cœur qui lui faisait si mal, contre son corps secoué par les sanglots qui lui entravaient la gorge.

Il resta ainsi un moment avant de sécher les quelques larmes qui avaient réussi à échapper à son contrôle. Puis, il se releva, le corps de Kenma déjà froid dans ses bras. Il était si léger que Kuroo se demanda comment des bras et des jambes si frêles pouvaient avoir une telle force meurtrière, une force capable de vaincre un bandit armé jusqu'aux dents, mais incapable de résister à une minuscule balle de plomb logée dans la poitrine.

— Ah, Kuroo te voilà...

La voix de Bokuto mourut lorsqu'il aperçut le corps inerte du samouraï qui gisait dans ses bras. Kuroo avait la tête baissée, un voile sombre s'était déposé sur ses yeux. Une atmosphère lourde et mélancolique semblait s'être répandue dans le village, et même le ciel grisâtre au dessus de leurs têtes s'était mis à pleuvoir, comme s'il exprimait leurs sentiments moroses à travers ses larmes douceâtres.

Les paysans n'étaient guère plus joyeux que les samouraïs qui faisaient à nouveau le deuil de l'un des leur. Beaucoup de villageois avaient perdu la vie dans cette attaque sanglante, de nombreuses familles pleuraient la perte d'un proche, d'un ami ou même d'une connaissance.

Le visage grave, Sawamura serrait contre sa poitrine le corps de sa femme qui avait péri suite aux lacérations d'un bandit qui avait tailladé les quelques villageoises qui faisaient leur lessive. Azumane, le paysan dont on se moquait gentiment à cause de sa carrure imposante qui contrastait avec son caractère craintif, était également décédé suite à un coup de lance dans l'abdomen. Nishinoya, qui le comptait parmi ses plus proches amis, sanglotait, les poings serrés par la même rage qui consumait Kuroo de l'intérieur.

Et malgré son visage impassible, Tsukishima ne bernait personne. Ses yeux encore humides témoignaient de toute la peine qu'il avait éprouvé en voyant son meilleur ami se faire tuer sous ses yeux impuissants. Le village avait connu un véritable drame qui resterait gravé dans la mémoire des paysans jusqu'à leur mort.

Sous la pluie, dans le sol boueux et glissant qui tâchait leurs sandales et leurs kimonos, les villageois creusèrent les tombes dans un silence lancinant. Leur tristesse se mêlait à la pluie, le poids de leur malheur pesait lourd dans leurs poitrines. Kuroo, les poings serrés, observa le visage paisible de Kenma se faire recouvrir. Son cœur à lui n'était pas lourd, il était simplement brisé.

Tandis que le corps de Kenma se faisait petit à petit ensevelir sous la terre, Kuroo se remémorait leurs souvenirs communs, leur rencontre, le quiproquo lorsqu'il l'avait confondu avec une femme, leurs discussions, les tactiques dont ils avaient débattues, leurs longues parties de Go, leur affrontement au morpion, et toutes ces conversation qu'il aurait adoré avoir avec lui. A ses yeux, Kenma était et serait toujours le samouraï le plus malin et le plus digne qu'il ait eu la chance de côtoyer dans sa vie.

Les tombes étaient achevées, les samouraïs et les paysans prièrent en silence pendant un long moment. Puis, la tête baissée, le cimetière se vida peu à peu des villageois qui rentraient chez eux et des samouraïs qui, malgré leur peine, devaient faire le bilan de cette attaque meurtrière. Kuroo était allé chercher le goban sur lequel il avait tant joué avec Kenma et l'avait posé sur sa tombe, caché sous le chapeau de paille troué qui avait pris l'habitude de le dissimuler.

Kuroo avait caressé une dernière fois la terre qui recouvrait son ancien camarade de jeu, et était parti pour retrouver ses compagnons d'armes qui l'attendaient dans leur hutte. Quelques paysans restèrent encore près des tombes, notamment Tsukishima qui priait pour Yamaguchi, ainsi que Tanaka et Nishinoya qui étaient à ses côtés pour le réconforter malgré la peine qui leur déchirait également le cœur. Quant à Hinata, il avait attendu le départ de Kuroo pour venir se recueillir avec sa sœur à l'endroit où Kenma était enterré.

Des larmes coulaient sur leurs visages. Elles se confondaient avec la pluie qui s'échouait sur leurs joues rougies par la tristesse.

 Elles se confondaient avec la pluie qui s'échouait sur leurs joues rougies par la tristesse

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Si ça peut vous consoler dites vous que ça m'a fait aussi mal au cœur qu'à vous ;-;

Les sept samouraïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant