Tandis que Bokuto et Akaashi repéraient les lieux afin d'organiser la tactique défensive, les autres samouraïs avaient pour mission d'entraîner les paysans au combat. Ce n'était pas gagné d'avance, mais c'était leur travail, ils n'avaient pas vraiment le choix. Après avoir avalé une bonne portion de riz, ils regroupèrent les villageois.
— Si on veut pouvoir assurer la défense de votre village, nous allons avoir besoin d'un coup de main. Qui sait tirer à l'arc ?
Iwaizumi avait pris l'initiative de prendre le rôle de chef puisque Akaashi était temporairement occupé. Les paysans se regardaient avec des yeux éberlués, comme si c'était la première fois qu'ils entendaient les mots « tirer » et « arc » dans la même phrase. Iwaizumi soupira. Effectivement, ce n'était pas gagné.
— Bon, on va vous séparer en deux groupes, ce sera plus simple. Le premier s'entraînera à l'arc avec Oikawa, Kageyama et moi. Le second ira fabriquer des lances avec Kuroo et Kenma. Arrêtez d'hésiter et exécutez-vous, on va pas y passer la journée !
Les paysans sursautèrent en entendant le ton monter. Ils étaient tels des enfants, ignorants et maladroits. Animés par le stress, deux groupe commencèrent à se dessiner parmi la foule. Les villageois s'observaient et chuchotaient, Iwaizumi tapa dans ses mains pour attirer leur attention. Tsukishima sourit, l'air moqueur. Il trouvait la situation comique ; ce n'était pas tous les jours qu'il avait l'occasion d'observer de fiers samouraïs ramer face à un groupe de paysans ahuris.
— Le groupe de gauche, vous restez là. Kuroo et Kenma, je vous charge du groupe de droite.
Les deux samouraïs acquiescèrent avec plus ou moins d'énergie. Kuroo, les poings sur les hanches et un sourire arrogant sur les lèvres, fit signe au second groupe de le suivre. Son manque de délicatesse brusqua un peu les paysans qui mirent quelques secondes avant de bouger.
Tandis qu'Iwaizumi commençait ses explications et énumérait le matériel nécessaire à la fabrication d'un arc, Oikawa s'était penché vers Kageyama. C'était rare qu'il n'ait pas l'air de plaisanter, alors Kageyama lui donna toute son attention.
— Tu sais tirer à l'arc ?
Il acquiesça.
— J'en ai déjà fait un peu, avec mon père. Mais je ne suis pas particulièrement doué.
Oikawa acquiesça.
— Puisque vous n'avez pas d'arc, nous allons les fabriquer. Ramenez-moi tout le bambou et la soie que vous pourrez trouver. Nous aurons également besoin de plumes pour les flèches.
Encore une fois, les paysans les observèrent d'un drôle d'œil. Ce fut Hinata qui prit l'initiative de leur parler pour les remuer. Il avait l'air d'avoir l'habitude de motiver les autres. Grâce à son intervention, la place se vida petit à petit. Sawamura et Sugawara étaient allés chercher des plumes dans le poulailler, les autres avaient alors pris l'initiative de ramener le bambou et la soie.
— Rappelez-moi pourquoi on trime autant ? souffla Oikawa, déjà lassé.
— Soit plus respectueux. C'est la première fois qu'ils sont amenés à se défendre, c'est normal d'être aussi perdu. Il faut être patient. Et puis, rappelle-toi comment tu étais sur ton premier champ de bataille. T'avais les yeux tout rouges, tout le monde savait que t'avais pleuré tellement t'avais peur.
— Peuh, même pas vrai ! J'étais juste malade, c'est tout. Et puis tu peux parler, tu tremblais de tout ton long !
— Je devais avoir froid, c'était en hiver si je me souviens bien.
— Tu mens, Iwa-chan. Et puis même si c'était vraiment le froid, ça veut dire que tu es super frileux. Ce sont les femmes qui se plaignent du froid.
— Parce que tu crois que je vais gober ta maladie imaginaire qui rend les yeux humides et les fait rougir comme par magie ?! T'as pleuré, Shittykawa, et y a que les gosses qui pleurent !
Les deux se faisaient face. Kageyama ne savait pas s'ils s'en rendaient compte, mais ils s'étaient rapprochés au point que leur proximité le mette dans l'embarras. Leurs fronts se frôlaient, il se regardaient dans les yeux, provocateurs. Kageyama ignorait s'ils étaient sur le point de se sauter dessus pour se battre ou pour s'embrasser. Puisque les paysans commençaient à réapparaître avec des matériaux dans les bras, Kageyama toussota pour attirer leur attention.
Iwaizumi et Oikawa se jaugèrent encore quelques secondes avant de décoller leurs fronts et de reporter leur attention sur les villageois. Les bras croisés, ils avaient l'air de deux mômes qui boudaient dans leur coin. C'était pendant ce genre de scène que Kageyama se demandait si ce n'était pas lui le plus mature.
Son regard croisa celui d'Hinata, qui revenait avec des branches de bambou sous chaque bras. Il pencha la tête sur le côté, ne comprenant pas l'attitude d'Oikawa et Iwaizumi. Kageyama secoua la tête pour lui faire comprendre qu'il n'y avait rien à comprendre et qu'il valait mieux ne pas y faire attention. Hinata lui sourit, Kageyama détourna le regard.
— Un groupe va venir avec moi, je vais vous montrer comment fabriquer de bons arcs, déclara Iwaizumi. Le reste ira avec Oikawa et Kageyama qui vous apprendront à fabriquer les flèches.
Une petite quinzaine de paysans suivirent Iwaizumi qui s'était un peu éloigné du village. Le reste observait Oikawa et Kageyama, attendant les ordres. Hinata était toujours là, et ne l'avait pas quitté des yeux. Bien malgré lui, le regard de Kageyama était également attiré par le sien. Il avait beau lutter pour rester concentré, c'était comme l'orbite de la lune autour de la terre. Il avait beau tenter de s'y soustraire, les forces de la nature étaient plus fortes que lui.
Oikawa soupira. Il n'avait vraiment, vraiment pas envie d'apprendre à faire des flèches à ces paysans mal dégourdis. Il aurait préféré retourner aux côtés d'Iwaizumi pour continuer à l'embêter. Néanmoins, et malgré les apparences, Oikawa avait le sens des responsabilités. Alors il se saisit d'un bout de bambou ainsi que d'une pierre taillée, et avec patience, comme le lui avait dit Iwaizumi, il commença à tailler le bois.
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Les sept samouraïs
FanficAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...