𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐗

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Akaashi avait l'impression que la scène se passait au ralenti

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Akaashi avait l'impression que la scène se passait au ralenti. Il regardait Bokuto ouvrir la cale sans intervenir, sans même tenter de l'empêcher d'aller plus loin. En vérité, si Akaashi n'était pas en train d'aider Bokuto, c'était simplement par respect pour le chef qui avait l'air de tenir à son secret. Mais intérieurement, il brûlait d'envie de découvrir ce qu'il voulait tant garder caché.

— Akaashi, faut que tu viennes voir ça !

Bokuto tenait l'ouverture pour la bloquer. Sans cette force, la cale se serait refermée. Akaashi fit quelques pas pour le rejoindre, et écarquilla les yeux de stupeur face à la découverte. Si Bokuto s'était imaginé que le chef planquait de l'alcool et des vivres, Akaashi n'avait pensé à rien de spécial, il avait juste été curieux. Il était loin de se douter de ce qui se dissimulait réellement sous le plancher.

— Ce sont des armes et des armures ! C'est génial, on va pouvoir s'armer pour le combat ! Même les paysans pourront avoir une arme plus sophistiquée que les vulgaires lances qu'on leur a fait tailler hier.

Bokuto avait l'air euphorique, mais le chef avait gardé son expression grave. Expression partagée par Akaashi, qui comprenait ce que tout ceci signifiait. Ces armures, ces sabres, ces fourreaux, tout cela appartenaient à d'anciens samouraïs, sans doute morts au combat. Ou pire, mais Akaashi préférait ne pas y songer. Parce qu'en réalité, il était plausible que ces samouraïs morts au combat se soient fait tuer par les paysans.

— Comment les avez-vous obtenus ?

Le ton d'Akaashi était sans appel. Le chef baissa la tête et se pinça les lèvres. Il n'avait aucune envie d'en parler et de révéler la vérité. A la place, il se tut, en espérant qu'Akaashi n'insiste pas et comprenne tout seul la gravité de son silence.

— Je vois.

— Tu vois quoi, Akaashi ?

Sa main s'était crispée autour de la poignée de son katana. Il hésitait à révéler le fond de ses pensées à Bokuto qui l'observait avec naïveté.

— Ce stock d'armes et d'armures, les paysans ne l'ont pas obtenu par hasard.

— Qu'est-ce que tu insinues ?

— J'en ignore la raison, mais je pense qu'ils ont dû abattre des samouraïs.

Choc. Bokuto ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sortit. Sawamura n'avait pas relevé la tête. Akaashi interpréta ce manque de réaction comme l'approbation silencieuse de ses spéculations. Il croisa les bras, le regard encré sur les quelques sabres et armures au fond de la cale.

— Je pense que nous devrions en informer les autres avant de prendre une décision.

Puisque Bokuto n'avait pas bougé, Akaashi prit l'initiative de refermer la cale qu'il recouvrit ensuite avec le tapis en paille tressée. Sawamura n'avait que son chapeau de paille pour cacher sa honte aux samouraïs. Il s'inclina lorsqu'ils sortirent de sa hutte. Akaashi avait emmené un sabre et une armure pour prouver ses dires à leurs compagnons d'armes.

Bokuto continuait d'afficher sa mine dépitée, Akaashi n'en comprenait pas la raison. Il n'était pas indigné comme lui l'était. Il semblait seulement déçu. Il espérait que les autres n'aient pas encore quitté leur logement pour leur annoncer la nouvelle. Sinon, ils devraient attendre le soir, Akaashi ne voulait pas les déranger s'ils avaient commencé à travailler.

Fort heureusement, ils n'étaient même pas encore entrés dans leur hutte qu'ils pouvaient déjà entendre les samouraïs s'agiter à l'intérieur. Bokuto et Akaashi ne savaient pas ce qu'ils faisaient, mais ils percevaient le rire moqueur d'Oikawa et quelques insultes de Kuroo qui lui intimait de la boucler.

Lorsqu'ils ouvrirent la porte, tous se figèrent. Akaashi fronça les sourcils, ne comprenant pas la raison de ce malaise. Il posa ses yeux sur ses compagnons d'armes, un par un, analysant la situation. Kageyama était de retour parmi eux, Kenma et Kuroo étaient assis face à face et se jetaient des coups d'œil hésitants. Akaashi loucha ensuite sur le goban — plateau de jeu du Go — et les pierres noires et blanches qui y étaient posées.

Il ouvrit la bouche mais ne dit rien. Il comprenait désormais la raison de leur disparition la veille, leur jeu de regard avec le placard. Il n'allait pas les réprimander, il n'était pas leur paternel. A la place, il toussota dans sa main, et évita le sujet du jeu de Go.

— Nous avons trouvé des armures et des katanas appartenant autrefois à des samouraïs, cachés chez le chef du village.

Un silence s'ensuivit.

— On va pouvoir s'armer pour la bataille, si je comprends bien ? demanda Kageyama.

Il était encore jeune et inexpérimenté. C'était bien la preuve qu'il y avait une différence de niveau avec les autres qui avaient baissé la tête. Tous avaient compris le sens des paroles d'Akaashi. Seul Kageyama nageait dans l'incompréhension.

— Ça signifie qu'il est fort probable que les paysans aient tué des samouraïs pour les obtenir, Kageyama.

Nouveau silence. Kageyama baissa la tête comme les autres, se mordant la lèvre pour se reprocher d'être aussi ignorant.

— Que fait-on dans ce cas ? demanda Kuroo. Ce serait bête de ne pas les utiliser sous prétexte qu'ils ont sûrement tué des samouraïs.

— Je suis d'accord, approuva Iwaizumi. On a pour mission de défendre ce village, peu importe leur passif.

— Ces paysans sont quand même de beaux salopards. Aïe, Iwa-chan ça fait mal !

Kenma ne disait rien, son regard n'avait pas quitté le plateau de jeu. En dépit des révélations d'Akaashi et des autres qui s'agitaient autour de lui, il continuait d'analyser la partie et le placement des pierres adverses. Il attendit que Kuroo le regarde pour poser une pierre blanche.

— Mais il a raison, continua Kuroo, c'est connu, les paysans sont de vrais charognards.

— Il ne faudrait pas en faire une généralité non plus.

C'était la voix de Bokuto qui avait raisonné dans le dos d'Akaashi. Les autres se turent, on entendit seulement un petit bruit, très bref, lorsque Kuroo plaça une pierre noire sur le goban. Bokuto serrait les poings, Akaashi réalisa qu'il n'avait pas l'air bien depuis qu'ils avaient quitté la hutte du chef du village. Il n'appréciait pas que l'on parle mal des villageois et défendait leur cause. Alors Akaashi comprit.

Bokuto était fils de paysans.

Bokuto était fils de paysans

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Les sept samouraïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant