Hinata avait craqué, il courait à en perdre haleine en direction du camp des bandits. Bien qu'il ait mis ses mains sur ses oreilles, ça n'avait pas suffi pour le couper des bruits intenses qui provenaient du campement. Il avait eu beau fermer les yeux et presser ses oreilles aussi fort qu'il le pouvait, les cris résonnaient au fond de lui. Les hurlements, le crépitement du feu, les bâtisses qui s'effondrent, le silence de Kageyama.
Comme en état second, Hinata avait délaissé les chevaux et s'était élancé aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Il était sorti de la forêt et ne s'était pas arrêté de courir avant d'être parvenu au camp des brigands déjà bien entamé par les flammes.
— Kageyama !
La base des bandits n'était pas très grande. Plus Hinata s'y enfonçait, plus il sentait son cœur galoper dans sa poitrine. Il ne voyait Kageyama nulle part. Certains bandits fuyaient encore dans la forêt, des femmes pleuraient dans les bras des unes des autres, entourées par les bâtiments en bois dévorés par l'incendie. Il avait même repéré Oikawa et Iwaizumi qui se battaient contre des brigands. Et parmi tout ce tapage, aucune trace du samouraï qu'il aimait tant.
— Kageyama ! Kageyama !
Hinata pleurait, mais il avait l'esprit trop embué par la peur et le chaos pour s'en apercevoir.
— Chibi-chan, qu'est-ce que tu fous là ?! C'est dangereux, retourne dans la forêt !
Mais Hinata ne l'entendit pas. Son cœur battait si fort dans sa poitrine que ses tympans étaient incapables de capter d'autres sons. Il était en transe, la vision brouillée par les larmes, les oreilles perturbée par son inquiétude, l'esprit embrumé par Kageyama qu'il s'imaginait retrouver à l'agonie, allongé parmi les flammes.
Du côté d'Oikawa, ce n'était pas Kageyama qui l'inquiétait, mais Hinata. Il avait formé son disciple, Kageyama savait se défendre quand la situation l'exigeait. Or, ce n'était pas le cas d'Hinata qui n'avait aucune arme pour se protéger et qui ne pouvait compter que sur ses jambes pour s'enfuir. Sauf que s'il se retrouvait face à un bandit armé d'un fusil, ses pauvres gambettes ne lui seraient d'aucune utilité.
Oikawa en finit avec son brigand d'un coup bien placé dans l'estomac. Un filet de sang s'échappa de la bouche du bandit qu'il recracha sur Oikawa. Grimaçant, il retira sa lame du corps de sa victime avant de rejoindre Hinata, non sans jeter un dernier regard entendu à Iwaizumi.
— File, je me charge de celui-ci.
Il secoua son sabre de gauche à droite pour faire gicler le sang qui recouvrait la lame et acquiesça, il savait qu'il n'avait pas de soucis à se faire pour Iwaizumi. Il s'élança à la poursuite d'Hinata qui tenait à peine sur ses deux jambes et qui semblait si fragile à cet instant qu'il aurait suffi d'un coup de vent pour le faire s'effondrer.
— Chibi-chan attention !
Quelques bandits sortaient encore des bâtisses enflammées. Tandis que la plupart se roulaient dans l'herbe pour tenter d'éteindre le feu qui les brûlait ou se précipitaient dans la forêt pour rejoindre leur chef, l'un d'eux se tourna vers Hinata, le regard furieux — et embué par l'alcool au vu de ses pupilles dilatées. Celui-là n'avait pas d'arme, mais ça ne l'empêcha pas de se jeter sur Hinata, les deux mains autour de son maigre cou.
Sous le choc, Hinata ne réagi pas. Son cœur résonnait si fort dans ses oreilles qu'il avait l'impression que le bruit allait lui crever les tympans. Sa vision commençait à se brouiller à cause du manque d'air et de ses larmes qui avaient redoublé d'ardeur. Il vit à peine le bandit se faire propulser en avant par Oikawa.
Il se laissa tomber sur ses genoux, et soudain, c'était comme un retour à la réalité. Le crépitement des flammes autour de lui, les cris des femmes, le bois qui craquait, la douleur qui lui lancinait la gorge, la nuit noire au-dessus de leur tête, sans aucune étoiles. Hinata essuya ses pleurs et déglutit avec difficulté. Sa vision revenait à la normale, son ouïe captait de nouveau les sons.
— Chibi-chan, rentre immédiatement dans la forêt, c'est un ordre.
Hinata frémit de tout son long, jamais le ton d'Oikawa ne s'était fait aussi ferme. Il se retourna vers lui, et aperçut quelques mètres plus loin le corps du bandit qui l'avait étranglé, gisant dans son propre sang. Hinata voulut s'exécuter, lui obéir, mais ses jambes refusaient de se lever. Il était comme cloué au sol.
— Je, je n'y arrive pas, balbutia-t-il. Mes jambes ne répondent plus...
Oikawa se pinça l'arête du nez et soupira longuement pour montrer à quel point il était exaspéré. Alors qu'il s'abaissait à son niveau pour lui dire de grimper sur son dos, ils entendirent des cris féminins s'échapper de la bâtisse qui brûlait à côté d'eux. Ils entendirent une poutre s'effondrer, puis virent deux femmes sortir des flammes, suivies par un homme sabré qui en portait une sur son dos.
— Hinata ?
Un héros, Hinata n'aurait pas pu choisir meilleur mot pour décrire Kageyama en cet instant. Tandis que les deux femmes couraient pour fuir le plus loin possible des flammes qui les avaient déjà largement blessées — l'une d'elle avait un bras brûlé, l'autre fut obligée de se rouler dans l'herbe pour éteindre son kimono en feu —, Kageyama déposa la jeune femme évanouie sur le sol et se jeta dans les bras d'Hinata.
Même si Oikawa était toujours énervé contre Hinata, il ne put empêcher un sourire d'étirer ses lèvres devant ces retrouvailles. Hinata ne se souciait même plus de ses larmes, il serrait Kageyama le plus fort qu'il le pouvait, comme s'il allait disparaître à tout instant.
— J'ai eu tellement peur, Kageyama...
Le samouraï ne sut quoi répondre devant cette démonstration d'affection. Il se contenta de serrer Hinata un peu plus fort contre lui.
— Cette fille te ressemble, je ne pouvais pas la laisser mourir, fut tout ce qu'il trouva à dire.
Interloqué, Hinata fronça les sourcils, puis dévisagea la fille qui semblait dormir à côté d'eux. Et Hinata écarquilla les yeux face à ses cheveux roux en bataille, de la même couleur que les siens.
— Natsu ?! Natsu ?!
Hinata ne savait même plus pourquoi il pleurait, son émotion était si grande qu'il ne pouvait la contenir à l'intérieur, il était obligé de l'exprimer à travers ses larmes. Il ne comptait même plus les jours qui le séparaient de la disparition de sa sœur, et voilà qu'elle était secourue par le samouraï qu'il aimait. Hinata ne pouvait être plus heureux.
Mais le destin était joueur, il fallait que le mauvais pressentiment de Kageyama se réalise. Hinata n'eut pas le temps de réagir, tout s'était passé trop vite. Il avait entendu une étincelle dans son dos, avait senti Kageyama bondir sur lui pour le protéger. Il avait entendu un coup de feu, et sentit un liquide chaud se répandre sur son visage.
:)
*ferme la porte du bunker* allez-y sortez les bazookas je l'ai mérité-
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...