— J'aperçois le village ! Nous sommes bientôt arrivés ! s'exclama Hinata, la main contre le front.
Au loin se dressait un agglomérat de huttes en pierre aux toits faits de paille.
Akaashi avait l'impression que leur voyage avait duré plusieurs jours. Contrairement à ce qu'il avait espéré, Bokuto avait continué de lui faire la conversation, et ce malgré son indifférence. Il n'en pouvait plus, il avait hâte d'arriver au village pour se mettre aux préparatifs de défense. Il pourrait enfin se concentrer sur quelque chose et il priait pour que Bokuto ait la décence de le laisser réfléchir en paix.
Hinata, au contraire, avait trouvé que le temps était passé trop vite. Il n'était pas timide alors il n'était pas resté très longtemps sans ouvrir la bouche. La discussion avec Kageyama avait été banale, mais Hinata l'avait trouvée particulièrement agréable. Les réponses de Kageyama étaient courtes et concises, il ne cherchait pas à développer. Hinata avait donc dû combler les trous, mais ça ne l'avait pas dérangé.
Si on avait posé la question à Iwaizumi, il aurait sans doute répondu la même chose qu'Akaashi : le voyage avait été éprouvant, pour ne pas dire affreux. Oikawa n'avait cessé de déblatérer de tout et de rien alors que lui ne cherchait qu'à profiter du silence, du bruit apaisant des grillons et du vent chaud qui soufflait contre ses oreilles. Oikawa savait qu'il n'aimait pas discuter de choses futiles, aussi le soupçonnait-il d'avoir parlé autant juste pour le plaisir de le déranger.
Et finalement, contre toute attente, Kenma n'avait pas passé un voyage aussi mauvais que celui d'Iwaizumi ou Akaashi. Échanger avec Kuroo s'était révélé plus amusant qu'il ne l'aurait cru. Il avait appris que lui aussi appréciait les jeux de stratégies tels le shogi ou le go. Il espérait que les villageois auraient au moins le nécessaire pour jouer à l'un des deux jeux, il avait envie de se confronter à Kuroo.
— Ohé, c'est nous ! s'exclama Hinata qui rejoignit Tsukishima en tête de file et qui faisait de grands gestes aux paysans.
Il venaient de pénétrer au cœur du village. Les villageois les dévisageaient comme s'ils avaient affaire à des bêtes de foire et qu'ils ne savaient pas s'il fallait s'en méfier ou non. Hinata continua à les appeler pour les inciter à se rapprocher, pourtant, ils détalèrent pour rentrer dans leur maison. Tsukishima soupira. Leurs collègues de travail ne pouvaient se vanter d'être les paysans les plus courageux du Japon.
Afin de faire bonne figure, Sawamura eut la décence de sortir de sa hutte pour répondre à l'appel. Un grand sourire étirait ses lèvres tandis qu'il s'avançait vers Hinata et Tsukishima. Les samouraïs étaient mal à l'aise, ils se sentaient épiés de tous les côtés. Bien qu'ils ne le montrèrent pas, ils étaient déçus par cet accueil déplorable. Ils n'allaient pas se plaindre, mais ils auraient apprécié un minimum de reconnaissance. Ils allaient quand même sauver leur village contre une poignée de riz, ça valait au moins quelques « merci », voire un ou deux sourires de gratitude.
— Alerte, alerte, les bandits attaquent ! cria soudain Bokuto. Alerte ! Sortez avec les femmes et les enfants, et rejoignez les samouraïs !
Akaashi le dévisagea, ne comprenant pas ses intentions. Il avait les poings sur les hanches et le regard fier. Le résultat de sa fausse annonce ne tarda pas à se montrer : les paysans se dépêchèrent de sortir de leur maison pour se presser autour d'eux, effrayés.
— Non mais vous n'avez pas honte ?! Faire appel à des samouraïs pour les fuir quand ils arrivent, voilà une réaction qui mériterait des coups de bâtons ! La moindre des politesses, ça aurait été de nous accueillir en nous demandant si on avait fait bon voyage ! Bande de mal élevés !
Le sermon de Bokuto eut le mérite de faire réagir les villageois qui baissèrent la tête comme des enfants grondés par leurs parents. Pour la première fois depuis leur rencontre, Akaashi observait Bokuto sans en avoir honte. Il avait envie de le gratifier et de le féliciter, et non de le fuir et de lui intimer de la boucler. Bokuto remarqua son regard insistant et lui sourit de toutes ses dents. Akaashi n'eut pas besoin de parler, Bokuto avait compris.
Akaashi ne l'aurait pas cru, mais finalement, Bokuto se révélait plus utile que prévu. Encore une fois, aucun mot ne fut échangé : il hocha la tête dans sa direction, et le sourire de Bokuto s'élargit. Akaashi venait de l'accepter dans l'équipe, Bokuto n'en était pas peu fier.
— Pardonnez-nous, s'excusa Sawamura en s'inclinant. Je suis Sawamura Daichi, le chef de ce village. C'est la première fois que nous avons l'occasion de voir des samouraïs en chair et en os, nous ne savions comment réagir. Je vous remercie d'avoir accepté notre offre, je vous souhaite la bienvenue. Et encore navré pour l'accueil affligeant que vous avez reçu, je veillerai désormais à ce que tout le monde vous traite avec le respect qui vous est dû.
En voyant leur chef s'excuser à leur place, les paysans sentirent les larmes leur monter aux yeux et s'inclinèrent tous un par un. Tsukishima les trouvait ridicule, même Tanaka et Nishinoya avaient baissé la tête. Hinata était gêné, Kageyama indifférent et Oikawa ne pouvait s'empêcher de ricaner de façon hautaine. La vue de tous ces pauvres paysans presque agenouillés devant lui était jouissive.
— Suivez-moi, je vais vous montrer où vous pourrez loger. J'y ai déjà fait conduire tous nos sacs de riz.
Les samouraïs acquiescèrent. Ils se séparèrent de Tsukishima et d'Hinata qui les regardèrent s'éloigner vers l'une des plus grandes hutte du village. Kageyama se retourna vers Hinata, quelques secondes seulement, avant de reprendre sa route. Le paysan ne sut comment interpréter ce regard, mais il avait l'impression que des sauterelles sautillaient dans son ventre. La sensation était étrange mais agréable.
De son côté, Tsukishima n'avait pas tardé à rejoindre Yamaguchi. Le villageois au chapeau de paille l'avait accueilli à bras ouvert, impatient d'entendre le récit de son aventure. Il aurait bien voulu les accompagner, mais il était peureux et avait préféré rester à Karasuno dans sa zone de confort. Ils s'installèrent dans sa hutte, et tandis qu'il lui servait de l'eau, Tsukishima commença à raconter son épopée dans la ville d'à côté ainsi que toutes les rencontres qu'il y avait faites.
Il se plaignait de tout ; de l'ivrogne Miya Atsumu, du millet et son goût ignoble, d'Hinata et de son énergie inépuisable qui l'épuisait lui. Yamaguchi l'écoutait sans broncher. Tsukishima avait beau critiquer, le sourire sur ses lèvres qu'il tentait de dissimuler ne trompait pas Yamaguchi. Il ne l'admettrait pas, mais il avait passé un bon moment à discuter avec ces samouraïs.
Et c'est la fin du premier arc ! Le deuxième s'intitule "Renforcement" et se concentre sur le renforcement du village et l'entraînement des villageois. J'ai hâte de vous poster tous ces chapitres qui marquent aussi le rapprochement de tous les ships 🥰
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...