Le lendemain matin, Hinata fut surpris lorsqu'il sortit de sa hutte et découvrit que les samouraïs l'attendaient de pied ferme tout autour de sa porte. Il eut un geste de recul et se demanda s'il avait fait quelque chose de mal. Leurs regards féroces l'effrayaient. Même Kageyama le regardait durement, Hinata hésita à s'enfuir en courant.
— Bonjour, Shôyô, le salua Kenma. Tu es bien celui qui connaît le mieux la région ?
Le ton de Kenma le rassura. Ça lui faisait du bien d'entendre la douce voix du samouraï avec lequel il s'était lié d'amitié. Il retrouva son sourire habituel et hocha la tête.
— Bonjour Kenma ! Oui, je connais les lieux comme ma poche, demande-moi ce que tu veux, je suis incollable !
— Tu pourrais nous guider en forêt ?
— Bien sûr ! De toute façon, les autres sont trop craintifs pour s'aventurer là-bas.
— Je ne m'étais pas trompé alors, murmura-t-il pour lui-même. Suis-nous, il y a quelque chose dont on doit te parler...
Curieux, Hinata s'exécuta. Tandis qu'ils marchaient vers l'enclos des chevaux, Kenma lui exposa la situation sur ce qui s'était passé lors de l'interrogatoire. Pendant qu'ils discutaient, les samouraïs choisissaient les chevaux sur lesquels ils partiraient. Ils jugeaient leur robustesse et l'état de leurs sabots.
— A une demi-journée de marche d'ici, à l'est de la forêt... Oui, je vois où c'est. Il y a une plaine dégagée, c'est l'endroit idéal pour monter un campement, réfléchit Hinata à voix haute.
— Tu pourrais y conduire Oikawa, Iwaizumi et Kageyama ? C'est le groupe qui part en expédition.
Surpris, Hinata ne put s'empêcher de chercher le regard de Kageyama qui faisait mine de s'intéresser à un cheval. Lorsqu'il sentit des yeux peser sur lui, il se retourna vers Hinata et lui glissa un sourire furtif. Hinata rougit et reporta son attention sur Kenma qui attendait sa réponse.
— Oui, j'accepte la mission ! Je vous guiderai jusqu'au bout du monde !
— Pas la peine d'aller si loin, mais merci.
Le sourire d'Hinata était tellement contagieux que Kenma ne put retenir le sourire qui menaçait de s'étirer depuis le début de leur conversation. Parler à Hinata, c'était comme parler avec le soleil. A chaque fois, Kenma sentait son cœur se réchauffer.
— Ils partiront en milieu d'après-midi. Il faudra être discret.
Hinata acquiesça, mais la déglutition de sa salive fut difficile. Lui-même était conscient de ne pas être le genre d'homme que l'on pouvait qualifier de « discret ».
Hinata retourna à sa hutte pour se préparer à l'expédition. De leur côté, les samouraïs firent part de leur plan au chef du village qui leur donna ses quatre meilleurs chevaux en leur souhaitant bonne chance. Ils poursuivirent les fortifications du village et inondèrent enfin le sillon qu'ils avaient creusé entre la rivière et les champs. Quand vint le milieu d'après-midi, nos trois samouraïs et le paysan choisi pour l'opération se faufilèrent jusqu'à l'enclos des chevaux, et s'éloignèrent du village au galop, guidés par Hinata.
— Chibi-chan, c'est la première fois que tu montes à cheval ?
Hinata se cramponnait à sa monture, raide comme un arbre. Rien à voir avec la classe légendaire d'Oikawa qui montait à cheval comme un prince. Hinata fut à peine étonné par le surnom, il avait appris par Kageyama que son maître aimait bien rajouter le suffixe « chan » lorsqu'il prononçait le nom de quelqu'un. Même si c'était réducteur pour sa taille, Hinata était trop occupé à ne pas tomber pour s'en soucier.
— Oui ! Comment vous faites pour avoir l'air si détendu ?
Le rire moqueur d'Oikawa résonna dans ses oreilles, mais encore une fois, Hinata était trop occupé à compter les minutes qui les séparaient de leur but pour s'en offenser.
— C'est tout un art, chibi-chan.
A côté, même si Iwaizumi et Kageyama n'avaient pas reçu la même éducation et qu'ils étaient peu habitués à grimper à cheval, ils avaient toujours plus fière allure qu'Hinata. Au fur et à mesure du temps qui passait, son visage avait viré au blanc, puis au vert. Kageyama l'observait avec inquiétude, persuadé qu'Hinata était sur le point de vomir.
Lorsque le soleil commença à décliner, le camp des bandits était déjà dans leur champ de vision. Pour ne pas se faire repérer, ils s'enfoncèrent dans la forêt avec les chevaux. Tandis qu'Iwaizumi et Kageyama attachaient les équidés à un arbre pour éviter qu'ils ne s'échappent, Oikawa observait le campement primaire des brigands, caché dans l'ombre des arbres.
— Comment vous allez vous y prendre ? lui demanda Hinata, intrigué.
— Je pense qu'on va mettre le feu à tout ça. Tenter le corps à corps serait trop risqué, ce serait même du suicide. On va attendre qu'ils dorment pour passer à l'action.
Hinata hocha la tête et rejoignit Kageyama. Il était pressé de voir les samouraïs à l'œuvre, fasciné par leur courage et leur détermination à toute épreuve. Tandis qu'Iwaizumi discutait avec Oikawa de la façon dont ils allaient allumer le feu et par où ils allaient commencer, Hinata et Kageyama étaient restés près des chevaux pour se retrouver sans risquer d'être entendus.
Même si la voix d'Hinata était douce à ses oreilles et qu'elle avait le don de le rassurer, Kageyama restait inquiet et préoccupé. Il n'arrivait pas à se concentrer sur Hinata et son sourire qui lui faisait chavirer le cœur. Il avait un mauvais pressentiment. Pourtant, le plan d'Oikawa était le moins risqué, il suffisait de mettre le feu au campement et de fuir à dos de cheval.
Mais Kageyama avait beau se le répéter et tenter de chasser ses pensées lugubres, une petite voix dans sa tête était toujours là, lui murmurant à l'oreille que quelque chose de funeste allait se produire dans la soirée.
— Kageyama, tout va bien ?
Hinata le regardait avec inquiétude. Kageyama hésita à lui partager le fond de sa pensée, mais préféra s'en abstenir et lui mentir en affirmant que tout allait bien. Il ne voulait pas causé du soucis à Hinata. Et puis, ce n'était qu'un mauvais pressentiment, ça n'avait rien de concret...
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Les sept samouraïs
FanfictionAnnée 1586, Japon, époque de Sengoku. Le village de Karasuno est sur le point de se faire piller par des brigands qui décident finalement de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Les villageois sont en panique et se concertent avec l...