𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐕

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— Alors, toujours pas de samouraïs ?

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— Alors, toujours pas de samouraïs ?

Cette fois, même Tsukishima avait envie d'égorger Miya Atsumu. Lui qui était pourtant si maître de lui-même et qui n'était pas du genre à se laisser emporter par ses émotions, il devait avouer que la désinvolture d'Atsumu commençait à lui taper sur les nerfs.

Osamu mangeait, Atsumu buvait, Hinata essayait de dormir et Tsukishima faisait de son mieux pour contenir Nishinoya et Tanaka alors que lui-même avait de plus en plus de mal à se retenir de lui fermer son caquet.

— Même moi, et je suis pourtant qu'un simple ouvrier, je ne vous rejoindrai pas pour une poignée de riz ! Ah, contre une bouteille de saké par contre, je dis pas non.

— Tu pourrais faire preuve de plus de respect ! s'emporta Tanaka. Ce riz, c'est tout ce qu'on a ! On est obligé de se rabattre sur le millet, on sacrifie notre nourriture pour notre village !

— Oh, pauvres villageois.

— Je vais me le faire ! rugit Nishinoya qui s'apprêtait à se jeter sur lui.

— Tanaka, Nishinoya, laissez tomber. Ce pauvre fou n'en vaut pas la peine. Il est déjà un poids pour son frère, ne lui rendons pas la tâche plus difficile en le défigurant alors qu'il n'est déjà pas gâté par la nature.

Hinata se raidit de tout son long contre le tatami. Les piques de Tsukishima ne lui étaient pas destinées, mais il avait tellement l'habitude de s'en recevoir qu'il avait frémit en s'imaginant à la place d'Atsumu. Ses piques faisaient toujours mouche au bon endroit.

— Hein ? Répète pour voir ?! siffla Atsumu, sa bouteille de saké à la main et son verre à moitié vide dans l'autre.

— Il n'a pas tort, intervint Osamu. C'est vrai que tu es un poids pour moi. Mais je t'ai toujours dit que tu étais l'erreur dans la famille.

— 'Samu tu veux te battre ?!

— Contre un ivrogne ? Non merci, j'ai encore mon honneur.

Le nez rouge et les pupilles dilatées, Atsumu saisit le col du kimono de son frère qui le regarda sans réagir. Il était aussi blasé que lorsqu'il mangeait ses galettes de riz. Sans doute devait-il avoir l'habitude des disputes, mais Tsukishima s'allongea sur le tatami parce qu'Atsumu n'était désormais plus son problème. Il l'avait remis à sa place, Nishinoya et Tanaka étaient satisfaits, il pouvait dormir sur ses deux oreilles.

— Vous avez mis la main sur un samouraï ?

— Non, on s'est encore pris un vent. Et de votre côté ?

— Même chose.

Dix jours étaient passés, et aucun samouraï n'avait encore accepté de les rejoindre. Les villageois commençaient à désespérer. Personne ne voulait de leur riz qui sonnait comme une vaste blague aux oreilles des guerriers parés de leur katana effilé.

Tsukishima était encore debout, mais les trois autres n'avaient pas pu résister et s'étaient assis par terre. Nishinoya et Tanaka s'étaient accroupis tandis qu'Hinata s'était assis en tailleur, protégé du soleil par son sandokasa, un chapeau en paille tressée aplati sur le dessus contrairement au sugegasa au bout pointu de Yamaguchi.

— On est foutus, non ? soupira Tanaka.

Nishinoya ne put qu'acquiescer. Tsukishima ne répondit pas, mais il n'en pensait pas moins. Sauf que lui, il s'était préparé à ça depuis le début de l'expédition, depuis le soir où on l'avait affublé de cette mission ridicule. Il n'avait jamais cru qu'ils seraient capables de ramener quatre samouraïs au village avec une récompense aussi maigre que leur riz.

— Ne dis pas ça Tanaka ! Je suis sûr qu'on finira par trouver le bon, vous verrez !

Ils se demandaient comment Hinata faisait pour garder son entrain habituel. Même Tanaka et Nishinoya avaient lâché l'affaire et se demandaient s'il ne serait pas temps de rentrer chez eux, et tant pis s'ils revenaient les mains dans les poches. Soudain, les passants commencèrent à s'agiter et à se presser dans une même direction. Tsukishima fronça les sourcils, ne comprenant pas la raison de cet attroupement.

— Qu'est-ce qu'ils font ?

Tsukishima haussa les épaules. Hinata se releva d'un bond et les pointa du doigt.

— Suivons-les ! Si ça se trouve, ils nous mèneront à quatre fiers samouraïs affamés qui voudront bien de notre riz !

Tsukishima leva les yeux au ciel, mais les deux autres éclatèrent de rire. Ils se relevèrent en toute hâte, le moral remonté à bloc par la candeur d'Hinata.

— Ou alors, il a plu du saké et il y a toute une rivière d'alcool qui coule dans la ville ! s'exclama Nishinoya.

— C'est Miya Atsumu qui doit être content !

Ils rirent de bon cœur tandis qu'ils s'enfonçaient dans la foule. Tsukishima fut bien malgré lui obligé de les suivre, même si cet attroupement ne lui faisait ni chaud ni froid. Il ne s'attendait pas à tomber sur une rivière de saké, et encore moins sur un samouraï. Il devait s'agir d'une petite bagarre entre un voleur et un commerçant, rien de plus.

Un espace commença à se dégager entre un bonze et une grange qui n'avait pourtant rien de spéciale. Hinata et Nishinoya sautaient pour essayer d'apercevoir la scène, alors Tsukishima leur fit signe de se faufiler devant. Il se pinça l'arête du nez en songeant qu'il avait vraiment écopé du rôle de parent.

Tu crois qu'il va réussir ?

Bien sûr, c'est un samouraï !

J'ai entendu dire qu'il n'avait pas de maître...

Tu veux dire que c'est un rônin ?!

Que se passe-t-il ?

Ah, t'es là toi ! Un voleur a pris un enfant en otage dans cette grange, et le bonze que tu vois devant est un samouraï qui s'est déguisé pour détourner son attention !

Tsukishima écoutait avec attention les murmures autour du lui. Il comprit la situation. Ce samouraï était calme et réfléchi, exactement le genre qu'il leur faudrait pour donner envie à d'autre guerriers de les rejoindre. Il se contenta de l'observer de loin par-dessus la foule, attendant de le voir passer à l'action.

Le samouraï déguisé en bonze se prénommait Akaashi Keiji. Il venait d'amorcer un premier pas en direction de la grange où l'attendait le voleur. Son katana dissimulé sous son imitation de toge, Akaashi disparut derrière les murs de pierres. La foule ne vit ni n'entendit rien pendant une minute entière avant qu'un cri lancinant ne déchire le ciel nuageux. Nul n'aurait su dire s'il venait du samouraï ou du voleur.  

  

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Les sept samouraïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant