3. La porte

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 Alors ma chère Lydia, lui dit un homme blond avec une cicatrice sur le visage, tu es enfin prête à me venir en aide.

— J'ai reçu ta lettre hier, ça avait l'air sérieux.

 En effet, ça l'est. Ma banque a fait faillite.

 C'est bien triste, mais en quoi puis-je t'aider ? (elle but une gorgée de son café).

 Voyons, il paraît que tu connais l'un des plus riche et puissant homme de l'Empire d'après les rumeurs. Tu peux forcément faire quelque chose.

 Je refuse de le mêler à ça ! (Lydia se leva). Si c'est pour ça que tu m'as donné rendez-vous, je m'en vais tout de suite !

 Je pensais que tu serais plus coopérative. Tant pis, tu m'excuseras mais tu ne vas nulle part.

 Bien sûr que si je m'en vais... (elle se sentit soudain nauséeuse, ses idées se brouillèrent). Qu'as... qu'as-tu mis... dans mon café ?

 Je te l'ai dit, tu n'iras nulle part. 


La jeune femme se réveilla en sursaut. Un rêve. Ce n'était qu'un rêve. Un rêve qui semblait pourtant si réel... Son front était en sueur. Où était-elle ? Elle se redressa dans son gigantesque lit. Les évènements de la veille lui revenaient peu à peu en mémoire. Elle se trouvait dans la chambre où cet homme l'avait déposée hier après l'avoir achetée dix millions. Ce... Monsieur C... 

Rassemblant tout son courage, elle quittait le lit à l'aide de grands mouvements lents, comme si elle était actrice d'un film passé en lecture ralentie. Après quelques étirements, son corps lui faisait moins mal, bien qu'elle éprouvait toujours un léger étourdissement. 

Ses yeux voyant clair de nouveau, elle pouvait enfin observer les lieux. La chambre était spacieuse, luxueuse. Malgré la pénombre lui indiquant qu'elle avait dormi beaucoup trop longtemps, Lydia en appréciait chaque détail, illuminé par la magnifique lumière de la lune pénétrant par l'une des grandes fenêtres. Pour se dégourdir les jambes, elle marchait le long des murs d'un blanc immaculé, laissant courir ses doigts sur la froide pierre qui les constituait. 

Une porte-fenêtre s'y dessinait, tellement haute que Lydia pouvait passer dans l'embrasure les bras levés. La chambre donnait sur un balcon. Elle s'y aventura pieds nus, malgré la fraicheur nocturne l'engloutissant progressivement, s'infiltrant à travers sa légère chemise de nuit. Ses cheveux détachés d'un roux flamboyant, longs et désordonnés, volaient sous le vent en donnant l'impression qu'un feu ardent brulait le tissu noir de la nuit. S'appuyant contre la balustrade, elle constatait qu'elle était visiblement au dernier étage de ce qui ressemblait à un très grand manoir. Autour de la demeure, il n'y avait que des arbres. Aucune ville, aucune habitation à proximité. Elle était coupée du monde. Seule. 

— Qui suis-je ? murmura-t-elle les yeux rivés sur la lune.  

Lorsqu'elle essayait de se souvenir de son passé, une douleur lui grillait instantanément les méninges. Elle serrait les poings, confusion et frustration s'entremêlant en une valse vertigineuse aux confins de son esprit torturé. Mis à part ce jeune homme blond balafré dans ses rêves, rien ne lui revenait. Elle ne savait pas qui elle avait été. Elle savait cependant ce qu'elle était maintenant. 

— Je suis une esclave... souffla-t-elle.

Elle voulait. Elle voulait tellement. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait mais désirait plus que tout cette chose. Elle l'obtiendrait. Le monde s'ouvrait à elle. Ce monde qu'elle ne connaissait pas. Qu'elle ne connaissait plus. Qu'avait-il à lui offrir ? Qu'y avait-il derrière ces arbres ? La nuit était si belle, si fraîche, pourquoi ne pas aller à sa rencontre ? À la rencontre de l'inconnu. 

LUTÈCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant