— Tu peux prendre le matelas si tu veux, dit Hug à Lydia lorsqu'il fut l'heure de se coucher. Je dormirai par terre.
— Ne sois pas ridicule, répliqua Lydia. Je vais dormir par terre.
Les joues creusées de Hug se tordaient en une moue narquoise.
— Tant mieux, grommela-t-il. Je n'ai aucune envie de me casser le dos à cause d'une face de carottes râpées comme toi.
S'allongeant sur l'unique matelas de la bicoque, il se recouvrit d'une couverture en laine comportant plus de trous que de tissu. Lydia prit le temps d'éteindre la lumière avant de s'allonger un peu plus loin, à même le sol, plaçant son sac à dos sous sa tête en guise d'oreiller. Un vent frais traversait les murs, là où le bois formait des fissures béantes.
— Dis... reprit Hug après un instant de silence. Tu as retrouvé la mémoire ?
— Des bribes seulement... murmura Lydia en fermant les yeux, assommée de fatigue.
— Comme quoi par exemple ?
— Comme... le fait que... J'aime... j'aime conduire les quads. Les motos aussi. Et je crois bien que... que je sais également conduire des voitures. Et peut-être d'autres choses mais il faudrait que je les aie sous les yeux pour m'en souvenir.
— Oh ça c'est sacrément cool... Peut-être que tu étais une Pilote ?
— Une Pilote ?
Lydia bâillait. Elle sentait le sommeil l'envahir peu à peu.
— Une sorte de chauffeur privé si tu préfères, répondit Hug. Si tu sais conduire autant de choses, peut-être que tu travaillais pour des riches ?
Lydia repensa à Lutèce, en se concentrant, elle pouvait même en visualiser les routes...
— Peut-être... déclara-t-elle dans un chuchotement.
Hug ne répondait plus. Sa respiration ne tarda pas à se faire régulière. Il commençait à s'endormir. Dehors, le vent soufflait, berçant Lydia de son doux son. La fatigue l'emportant sur l'inconfort de sa position, elle sombrait dans un sommeil agité.
Elle était sur un lit d'hôpital avec l'impression d'avoir dormi longtemps. Très longtemps. Elle était reliée à plusieurs tuyaux. Elle ne savait plus qui elle était. Ses pensées étaient semblables au néant. Vides.
— Elle se réveille enfin après six mois dans le coma, dit une voix d'homme.
— Une beauté pareille... répondit une autre voix d'homme que Lydia connaissait. J'ai bien fait d'attendre. Elle fera merveille dans ma vente aux enchères... Les rouquines peuvent se vendre plusieurs centaines de milliers de billets...
— C'est ce que mes hommes se sont dits lorsqu'ils l'ont trouvée, répondit l'autre homme. Comme Gregville était la ville la plus proche, on s'est dit qu'il fallait absolument vous apporter cette merveille.
— Et vous en serez généreusement récompensés. Redîtes-moi comment vous l'avez trouvée déjà ? demanda Greg Martin. Vous êtes bien sûr qu'il s'agisse d'une Immigrée ?
— Sûr et certain Monsieur ! Elle n'avait aucun papier sur elle, nous avons ratissé la zone pour en être sûrs. On l'a trouvée au pied d'une falaise, près de la frontière avec Moscowia.
— Vous pensez qu'elle est moscowienne ? Que venait-elle faire à Germania ? Nous ne sommes pas encore en guerre officielle contre eux mais c'est certain qu'ils nous considèrent comme leurs ennemis.
— Elle n'est pas forcément moscowienne. Peut-être fuyait-elle l'extrême orient ? Elle n'a pas pu se réfugier à Moscowia car l'immigration y est formellement interdite, donc elle serait venue à Germania ?
VOUS LISEZ
LUTÈCE
Science FictionA son réveil, tout est flou, tout est vide. Le monde tremble. Quel est son nom déjà... Ly...Lydia. Quelle est cette scène où elle se trouve ? Où l'on crie son nom, où la lumière est aveuglante, où l'on scande des prix. C'est une vente aux enchères...
