Le lendemain matin, c'était le jour de la rentrée. Loin de la joyeuse cohue qui aurait du régner, tous les futurs collégiens et lycéens se préparaient calmement, rassemblaient leurs affaires, avalaient un petit déjeuner sur le pouce. Lorsque sonnait l'heure du départ, la maison se vidait telle une baignoire pleine dont on enlevait le bouchon.
Hug et Zay étaient dans l'encadrement de la porte d'entrée donnant sur la rue animée et leur souhaitaient à tous une bonne rentrée en les regardant partir, vêtus de l'uniforme de l'établissement. Lydia se tenait à l'écart, les regardant s'éloigner un un sans commentaire. Certains lui jetaient un regard, d'autres la saluaient uniquement d'un geste de tête furtif.
— À ce soir, lançaient sobrement certains d'entre eux.
Hug regardait au loin sa fille partir, une perle s'écoulant sur sa joue. Tous les jeunes disparaissaient peu à peu de leur champs de vision, engloutis par les rues d'Avalon. Zay donna un coup sur le bras de Hug.
— Bah alors, Monsieur est sentimental ? plaisanta-t-elle.
Il la regarda avec un air méprisant, s'essuyant néanmoins les yeux.
— La vache, j'ai l'impression d'avoir accompli un truc... reprit Zay les yeux rivés sur le réverbère leur faisant face.
Toi, tu as accompli quelque chose ? grondait la chose en Lydia. Tu n'as rien fait du tout, tout ça c'est grâce à moi, moi et Mr. C.
Ils restaient là, près de l'entrée, sans un mot, avant de rentrer à l'intérieur et de refermer la porte derrière eux. Le silence était presque assourdissant. C'était la première fois depuis le sauvetage à l'Esperanza que la maison était vide. Lydia en ressentait un sentiment étrange, qu'elle ne parvenait pas à identifier. Elle était sans doute nostalgique. Nostalgique du manoir où leur vie avait été si paisible, où ils étaient soudés, proches les uns des autres. Enfin, les autres étaient toujours proches, c'était de Lydia que tous s'étaient éloignés.
Le trio brisé s'affalait sur les canapés du salon. Hug et Zay semblaient gênés par la présence de Lydia. La jeune rousse ne souhaitait pas partir pour autant, il était temps qu'ils aient une réelle conversation.
Des bruits de marches qui craquaient se faisaient entendre, rompant le silence chargé de sous-entendus qui s'installait dans la pièce. Lydia se dévissa le cou pour regarder l'escalier. Hagar descendait gracieusement les rejoindre.
— J'avais oublié que tu ne t'étais pas inscrite avec les autres ! s'exclama Lydia.
La jeune fille haussait les épaules en s'asseyant près d'elle. C'était visiblement la seule qui ne la traitait pas comme un danger inconnu.
— À dix-neuf ans c'est un peu tard pour moi, dit-elle d'une voix douce.
— C'est pas trop tard, objecta Zay, si tu changes d'avis, on peut toujours t'inscrire.
— Non, je ne changerai pas d'avis, répondit Hagar. Et puis je n'ai pas oublié pourquoi nous sommes là...
Un court silence s'installait. Malgré l'ambiance actuelle, aucun d'eux n'avait oublié. La terrible ville de Lutèce était à la fois tellement proche mais tellement inaccessible...
— Comment diable va-t-on récupérer ta sœur, Zay ? aboya Hug en se grattant sa tignasse châtain clair. On n'aura pas mis un orteil dans Lutèce qu'ils nous feront exploser la cervelle.
L'intéressée glissa une de ses longues mèches brunes derrière son oreille. Elle fronçait les sourcils.
— T'es pas obligé de m'accompagner !
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LUTÈCE
Science FictionA son réveil, tout est flou, tout est vide. Le monde tremble. Quel est son nom déjà... Ly...Lydia. Quelle est cette scène où elle se trouve ? Où l'on crie son nom, où la lumière est aveuglante, où l'on scande des prix. C'est une vente aux enchères...