Un jeune homme blond balafré regardait Lydia avec insistance. Tous deux se trouvaient dans un bureau. Un bureau en étage élevé. Très élevé. La ville apparaissait minuscule par la fenêtre. Il lui tendait un pistolet.
— Merci pour ce prêt, cousine.
Il insista particulièrement sur ce dernier mot, avec une ironie non dissimulée.
— Tu me demandes beaucoup de choses en ce moment, soupira Lydia avec agacement. Je croyais que les banquiers se débrouillaient bien dans la vie !
— Les banquiers oui, pas les...
Une vive lumière brûla instantanément la rétine de Lydia tandis qu'elle ouvrit les yeux.
Elle était couchée sur une couverture en laine d'un pitoyable état. Elle se redressa en position assise, s'observant d'un air hébété. Sa chemise de nuit blanche qu'elle avait salie et déchirée pendant sa course dans la forêt avait été remplacée par un pantalon en tissu léger de couleur noire et un débardeur ajusté, noir également. Des bandages entouraient ses bras et un sac de glaces gisait sur la couverture, à l'endroit où était posée sa tête pendant qu'elle dormait.
La tête lourde, Lydia se massait les tempes avant de placer le sac gelé sur son front fiévreux. Ces derniers jours avaient été extrêmement déboussolant, perdue entre rêve, hallucination et réalité, elle ne savait plus de ce qu'elle faisait, ni où elle était... Elle se souvenait d'une jeune femme. Cependant, il n'y avait personne dans cet appartement alors peut-être avait-elle tout simplement rêvé. Elle scrutait les lieux avec curiosité. Il n'y avait qu'une seule pièce, sale et pauvrement meublée d'un poêle à charbon, d'un lit miteux, d'une vieille armoire et d'une table basse ronde qui semblait avoir traversée les siècles. Un rideau décoloré au fond de la pièce semblait masquer l'entrée d'une salle de bain.
Lydia se levait péniblement, ignorant l'intense sensation de faiblesse et de douleur persécutant tout son corps pour se pencher par l'unique fenêtre de la pièce qui était grande ouverte. Le soleil était déjà haut dans le ciel, elle avait encore trop dormi. Le sol était loin mais elle pouvait distinguer des voitures incendiées, des canettes de bière, des routes crasseuses et des lampadaires au verre éclaté et aux fils pendants. Quelques piétons marchaient et parlaient bruyamment. Les immeubles d'en face, différents des lucioles géantes de ses souvenirs de la veille, avaient une façade noire de crasse, certains d'entre eux étaient de travers et plusieurs vitres étaient brisées. Le voisinage faisait beaucoup de bruit. Il y avait des cris, des rires, des bébés qui hurlaient.
C'était si... vivant.
Lydia était tellement fascinée par ce spectacle qu'elle n'entendit pas la porte s'ouvrir derrière elle, ni les bruits de pas qui avançaient en sa direction.
— Tu es enfin réveillée ! lança une voix féminine dans son dos.
Lydia sursauta en se retournant. C'était la jeune femme d'hier, elle existait donc bel et bien. Lydia pouvait mieux l'observer à la lumière du jour et remarquait des détails qui lui avaient échappé lors de leur première rencontre. Plusieurs cicatrices mangeaient son visage qui restait pourtant joli, bien que ferme et déterminé. Ses cheveux étaient longs, d'un noir corbeau et ses yeux marron sombres, légèrement bridés, étaient ceux d'une personne ayant connu la souffrance et la privation. Elle était vêtue de la même manière que Lydia et sa peau mate était garnie de blessures en tout genre.
— Je m'appelle Zay Marx, poursuivit-elle. Et toi ?
— Lydia... Et si j'ai un nom de famille, je ne m'en rappelle pas.
VOUS LISEZ
LUTÈCE
Science FictionA son réveil, tout est flou, tout est vide. Le monde tremble. Quel est son nom déjà... Ly...Lydia. Quelle est cette scène où elle se trouve ? Où l'on crie son nom, où la lumière est aveuglante, où l'on scande des prix. C'est une vente aux enchères...
