Huit ans plus tôt, Grand Palais Royal de Moscowia
Lydia était dans la chambre d'Irina et lui brossait les cheveux. Toutes deux avaient grandi et étaient plus inséparables que jamais.
— C'est le grand jour ! s'enthousiasmait la princesse. Je n'arrive pas à y croire !
Lydia était tout aussi excitée mais également un peu triste.
— Tu vas me manquer toute de même... Ils n'ont pas voulu que je vienne avec toi !
— Je sais... Tu vas me manquer aussi Lydia... Mais je reviens d'ici quelques semaines et... je pourrais marcher !
Irina venait d'avoir onze ans et était à présent suffisamment grande pour pouvoir se faire poser de nouvelles jambes. Cette délicate opération se déroulerait à Lutèce, là où les chirurgiens les plus talentueux du monde avaient accepté de la prendre en charge. Ils avaient déjà effectué avec succès ce genre de chirurgie et tenaient à en faire autant pour la jeune princesse, en gage de l'alliance à laquelle Markov Von Germania, le fils de l'Impératrice chargé des relations entre Germania et Moscowia, tenait énormément. C'était ce qu'était venu leur annoncer un diplomate germanien le mois dernier et Georges Kavanov, le Roi moscowien, avait accepté. Comme l'Impératrice et ses enfants ne montraient jamais leur visage, des diplomates étaient toujours envoyés à leur place et les moscowiens, bien qu'agacés, toléraient cela.
Les relations entre ces deux grandes nations s'étaient dégradées durant l'année qui venait de s'écouler. Markov Von Germania leur avait donc promis, plusieurs mois plus tôt, via ses diplomates, que les recherches scientifiques douteuses avaient totalement cessé à Germania et qu'il était prêt à faire le nécessaire pour rétablir une bonne entente entre leurs deux pays.
— À quelle heure viennent-ils te chercher ? demanda Lydia avec un pincement au cœur à l'idée que sa meilleure amie s'en aille pendant plusieurs semaines.
— On m'a dit vers midi.
Lydia termina de lui brosser sa longue chevelure blonde.
— Tes cheveux vont finir par toucher le sol si tu ne les coupes jamais, dit-elle en riant.
— J'aimerais bien qu'ils soient aussi longs tu sais, Lydia. Je veux qu'ils touchent le sol pour trébucher tout le temps dessus dès que je pourrais marcher normalement. Je veux courir, tomber, marcher, tomber encore, me relever toute seule. Simplement parce que je pourrais le faire.
Lydia lui embrassa le haut du crâne, touchée par ses mots.
— Dans ce cas, je ne me couperais plus jamais les cheveux non plus pour qu'on tombe et qu'on se relève ensemble.
**
Plusieurs semaines s'étaient écoulées et le jour du retour au Palais de la princesse Irina Kavanov arrivait enfin.
Elle devait revenir par les airs, dans un hélico-drone germanien, qui devait se poser dans l'immense jardin du Palais d'ici quelques heures.
Lydia et Caelan, trop impatients de retrouver la fillette, étaient déjà dans le jardin, le nez levé vers le ciel au cas où les germaniens auraient de l'avance.
— J'en peux plus d'attendre ! s'impatientait Lydia.
— Et moi donc... on n'a jamais été séparés aussi longtemps elle et moi.
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LUTÈCE
Science FictionA son réveil, tout est flou, tout est vide. Le monde tremble. Quel est son nom déjà... Ly...Lydia. Quelle est cette scène où elle se trouve ? Où l'on crie son nom, où la lumière est aveuglante, où l'on scande des prix. C'est une vente aux enchères...