35. Recherches

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Le lendemain, lorsque Lydia se réveilla dans sa grande chambre du manoir, il était bientôt midi. Enfin pleinement reposée, elle quitta son lit avec une bien meilleure mine que la veille. 

À travers les vitres des fenêtres, elle put voir que des flocons de neige, tels des perles nacrées, tombaient du ciel par milliers. En s'approchant des carreaux, elle admira avec béatification la magnifique forêt qui s'était habillée d'un élégant manteau d'un blanc immaculé. Que pouvait-il y avoir de plus beau pour célébrer le premier jour d'hiver ?

S'arrachant à cette contemplation, Lydia s'habilla. Elle opta pour un pantalon en tissu noir isolant, de grosses bottes avec une doublure en fourrure et un sweat à capuche d'une couleur pastel.

Elle tenta de nouer ses cheveux roux en un chignon similaire à celui que lui avait fait Zay la veille, mais ne parvint qu'à faire une boule désordonnée qui se cassait à moitié la figure sur sa nuque. Agacée, elle ne tenta pas de le refaire proprement.

Son ventre gargouilla d'une façon hautement indélicate. Elle était affamée, cependant, elle voulait effectuer quelques recherches avant de descendre avaler un repas. 

Elle s'installa à son bureau et commença à pianoter sur sa tablette holographique. Le vent extérieur tapait fort contre les vitres, provoquant un son sourd qui rendit Lydia heureuse de ne pas être, en ce moment, en vadrouille à l'extérieur.

Elle ouvrit un navigateur et tapa "famille Impériale de Germania" dans la barre de recherche. 

Neuf hommes et femmes masqués apparurent sur une page officielle, avec une légende en dessous de chacun d'eux. En première, trônait l'Impératrice, représentée en avant, plus grande que les autres. Un masque en porcelaine recouvrait la totalité de son visage et aucune parcelle de sa peau n'était visible. Une longue tunique noire, brodée de pierres précieuses, d'une extrême élégance la recouvrait et traînait au sol à ses pieds. Des gant en velours ornaient ses mains et un serpent blanc était enroulé autour de son cou. Elle était fascinante, Lydia avait du mal à la quitter du regard.

Les huit autres personnes représentées étaient ses enfants, avec leurs visages tous recouverts d'un identique masque en porcelaine. Ils arboraient la même longue tunique que leur mère, cependant, la leur était d'un doré éclatant. Il était impossible de les distinguer les uns des autres, il n'y avait que la légende sous leur photo qui différait. Seul le second prince, Markov, sortait du lot car une grosse croix rouge barrait son image. Lydia ne savait pas ce que cela signifiait. Peut-être était-il mort ?

De gauche à droite sur l'écran, il y avait de la première princesse de Germania jusqu'au huitième prince. Ces numéros indiquaient l'ordre d'accès au trône en cas de décès de l'Impératrice. C'était donc la première princesse, Jayna Von Germania, qui était destinée à devenir la future Impératrice. Si celle-ci mourait avant d'accéder au trône, c'était le deuxième prince, Markov Von Germania qui devenait le futur successeur officiel (s'il n'était pas mort) et ainsi de suite jusqu'au huitième. Cependant, si Jayna accédait au pouvoir suite au décès de sa mère, ses frères et sœurs perdaient automatiquement leur rang de princes et princesses et c'était aux enfants de Jayna de devenir les futurs héritiers du trône.

Après Markov, il y avait la troisième princesse, Petra Von Germania. Venaient ensuite Fransidia, Gustav, Klara, Flavie et enfin le huitième prince, Wuang Von Germania. C'étaient les seules informations disponible sur la famille Impériale. Lydia avait beau chercher d'autres sites, elle ne trouvait rien de plus que ces neuf figures masquées.

Avec cette idée qui lui trottait en tête depuis un très long moment, la jeune rousse tapa "Lydia Von Germania" dans la barre de recherche. 

Elle connaissait Lutèce, c'était indéniable, elle y avait déjà mis les pieds. Elle connaissait également la famille Royale de Moscowia, ce qui ne faisait probablement pas d'elle une simple citoyenne. Lorsque Hug l'avait cherchée dans le registre germanien pour lui faire sa fausse carte, l'accès à son dossier avait été refusé. Après qu'Irina fut transformée en goule, l'armée germanienne avait emmenée Lydia avec eux. Mr. C l'avait achetée aux enchères dix millions de billets. Elle avait été livrée aux moscowiens par son cousin Smaïr. Même si elle n'était pas sûre qu'il s'agisse d'un réel souvenir, elle avait entendu parler d'une règle de vol de la carte Opale alors que seuls les détenteurs d'une carte Opale étaient supposés en connaître les règles.

Cela faisait un paquet d'informations qui poussaient Lydia à penser qu'elle était liée de près à la famille Impériale de Germania. Peut-être une espèce de princesse cachée.

La recherche ne donna rien, il n'y avait pas de "Lydia Von Germania" répertoriée. Peut-être qu'elle n'était pas une princesse cachée, après tout, il ne fallait pas être obligatoirement membre de la famille Impériale pour entrer à Lutèce. Elle était peut-être la fille d'un dignitaire ? Ou peut-être qu'elle se faisait des idées et qu'elle était moscowienne en réalité, ou bien... métisse ?

La jeune rousse se frotta la tignasse, ne trouvant pas de réponses à ces questions. Elle avait une information cruciale sur le bout de la langue. Elle serra ses mèches, frustrée de ne pas parvenir à s'en rappeler. 

Pour se détendre, elle tourna la tête vers la fenêtre, observant la neige qui tombait inlassablement sur le paysage blanc. Une chouette passa dans son champs de vision, non loin des plus hauts arbres de la forêt. Lydia avait presque envie de sortir et d'essayer de l'attraper. Retenant cette pulsion ridicule qui lui vaudrait à tous les coups une rupture des cervicales, la jeune rousse reporta son attention sur sa tablette.

Elle tapa "Smaïr". Plusieurs résultats apparurent à l'écran. 


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