Ne sachant que faire d'autre, Lydia tira brusquement le frein à main pour l'enclancher. Le monstre de seize roues cabra. Le freinage fut extrêmement brutal. La jeune femme, secouée dans tous les sens et incapable de regarder la route, cria, n'ayant que le temps de se protéger le visage de ses mains avant d'être propulsée vers le volant. Les airbags s'enclanchèrent, la protégeant de gros dégâts. Sa tête rebondit dessus avec violence.
Le monstre à moteur s'arrêta enfin.
Très sonnée, Lydia releva péniblement la tête. Le camion s'était arrêté juste avant le virage, une des roues caressant dangereusement le caniveau. Le cœur battant à tout rompre, elle espérait de tout son être qu'il n'y ait pas plus de dégâts dans le coffre. Elle avait déjà pris du retard, elle ne pouvait pas se permettre d'aller jeter un œil. La priorité était de se reprendre et de conduire proprement ce véhicule de malheur jusqu'au club.
Rentrant les airbags, la jeune rousse reprenait courageusement le volant. Elle s'autorisait quelques instants d'observation des boutons de commandes pour comprendre comment réguler sa vitesse. À peu près.
Baissant le frein à main, elle redémarrait en ce qui lui semblait être la vitesse une. Les muscles tendus, elle tourna frénétiquement le volant et réussit enfin à passer le virage. Prenant légèrement confiance, elle accéléra faiblement, mais restait toutefois si lente que les volatiles tournoyant au dessus des usines désaffectées voisines se rapprochait sans crainte.
— Ok... je crois que j'ai compris comment ça fonctionne, marmonna toute seule Lydia.
Concentrée sur la route et agrippée de terreur au volant, elle poursuivait à douce allure, négociant les virages suivants avec prudence. Elle commençait à se détendre un peu.
— Ok... ok... tout va bien, ne cessait-elle de se répéter pour se rassurer.
Sa vitesse trop calme leur faisait encore perdre un temps précieux sur le planning. Après la énième voiture derrière elle qui la dépassait en klaxonnant, elle se décida à accélérer.
Lorsque le centre-ville chic de Gregville apparut, elle redoubla de concentration pour maintenir sa trajectoire sur les routes qui se faisaient de plus en plus serrées et denses. Les virages étaient extrêmement difficiles à passer avec un engin de cette envergure. Elle dut les négocier en plusieurs manœuvres.
La destination se dessinait enfin, ils l'atteignaient avec un sacré retard. Lydia se gara avec soulagement devant la porte isolée d'un gros bâtiment sur lequel ne figurait aucune indication particulière. Elle fouilla frénétiquement dans son sac à dos pour en sortir des vêtements amples, une fausse barbe, un bonnet et des lunettes de soleil. Elle se déguisa rapidement, se tortillant sur son siège pour se vêtir. Un coup d'œil dans le rétroviseur intérieur lui provoqua une crispation de mâchoire. Si elle n'avait pas été aussi stressée, elle aurait pu rigoler. Son déguisement était parfait, aucun cheveux ne dépassait du bonnet et ses grosses lunettes et sa fausse barbe dissimulaient à la perfection son visage féminin.
Un homme sortit en trombe de la porte isolée avec un chariot vide. Lydia le reconnut immédiatement. C'était Dray, le barman désagréable. Il fixait le camion en tapant du pied, ayant l'air sacrément énervé en faisant de grands signes en direction de Lydia.
Tripotant les boutons, cette dernière fit descendre la portière du coffre du camion pour y permettre l'accès, avant de sortir du véhicule.
— Non mais vous avez vu l'heure !? cria Dray en lui tombant immédiatement dessus.
Lydia toussa pour prendre une voix plus grave.
— Désolé... beaucoup de trafic sur la route !
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LUTÈCE
Science FictionA son réveil, tout est flou, tout est vide. Le monde tremble. Quel est son nom déjà... Ly...Lydia. Quelle est cette scène où elle se trouve ? Où l'on crie son nom, où la lumière est aveuglante, où l'on scande des prix. C'est une vente aux enchères...