Le ciel était faux, il n'y avait pas de vent. Les couleurs du paysage s'emmêlaient, tout était flou. Lydia était adulte. Il y avait un homme devant elle. Qui flottait, irréel. Son visage changeait. Il changeait constamment. Les sons se mélangeaient.
— Caelan, ton visage ! criait Lydia.
— J'ai mis un autre à ma place.
— Je ne comprends pas.
— Un autre à ma place.
— Caelan dépêche-toi, tu n'as pas le droit d'être ici !
— Ne m'appelle plus comme ça.
Une brume les enveloppait. La voix de Caelan changea, devint très lointaine et résonnait en écho.
— Le vol des cartes est possible... Se méfier... se méfier... Smaïr... Une carte... une seule... aide-moi, aide-moi, aide-moi...
— Je t'aiderai.
Le visage d'une fillette aux yeux bleu électrique remplaça celui de Caelan. L'écho résonnait à présent très loin.
— Se venger... se venger... se venger...
Un clapotis tira Lydia du sommeil. Une pâle lumière éclairait la chambre. Par-delà les hautes fenêtres, la jeune femme pouvait distinguer un ciel gris et couvert. Il pleuvait averse. Un peu troublée par le rêve qui venait de s'évanouir, Lydia se frotta les yeux, se relevant en position assise. Dans son rêve, les visages de Caelan et Mr. C se confondaient. Ce n'était probablement pas un vrai souvenir cette fois-ci, mais l'évocation de l'intense frustration qu'elle ressentait vis à vis de ces deux hommes. Elle les connaissait. C'était certain. Ils étaient d'une grande importance. C'était également certain. Il y avait une fillette, Lydia était sûre de la connaître également. Sa tête recommençait à lui faire mal. Des larmes d'une violente rage teintée de frustration emplissaient ses yeux verts. Elle devait se souvenir. Tous ses sens en éveils lui hurlaient quelque chose qu'elle n'arrivait pas à entendre.
Mr. C était inaccessible. Elle devait donc retrouver Caelan à tout prix. C'était le seul qui pourrait lui donner des réponses. Il l'avait sauvée des griffes des moscowiens avant sa chute de la falaise et il était donc le dernier à l'avoir vue en tant que Lydia... Lydia quelque chose. Tout portait à croire qu'il connaissait également Smaïr, son... cousin et ennemi, celui qui l'avait livrée à Moscowia. Lydia ne comprenait pas. Étant adolescente, elle était à Moscowia, c'était même dans ce pays qu'elle avait rencontré Caelan. Elle en était même venue à penser qu'elle était moscowienne. Donc pourquoi l'avaient-ils retenue prisonnière ? Cette ignorance avait assez duré, elle était même dangereuse. Elle allait commencer ses recherches dès aujourd'hui. Sur Caelan. Elle le retrouverait. Coûte que coûte.
Cette résolution en tête, elle quitta son lit.
Sa chemise de nuit blanche traînait derrière elle tandis qu'elle avançait vers l'armoire. Cette fois-ci, elle regardait avec un peu plus d'attention les vêtements qu'elle contenait. Tous semblaient à sa taille et neufs, d'après leur excellent état. Mr. C les avait-il achetés pour elle ou s'agissait-il d'une coïncidence ? Les habits des germaniens étant mixtes, ceux-là pouvaient donc très bien appartenir à n'importe qui de la même corpulence qu'elle... Haussant les épaules en se disant qu'elle pourrait les rembourser plus tard, elle s'empara d'un pantalon en tissu léger et souple d'une couleur miel ainsi que d'une chemise ample d'un blanc éclatant. Elle attrapa également une cravate de la même couleur que le pantalon. Pour les chaussures, elle préférait conserver les confortables baskets d'un noir éclatant que Mr. C lui avait données.
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LUTÈCE
Science FictionA son réveil, tout est flou, tout est vide. Le monde tremble. Quel est son nom déjà... Ly...Lydia. Quelle est cette scène où elle se trouve ? Où l'on crie son nom, où la lumière est aveuglante, où l'on scande des prix. C'est une vente aux enchères...