Prologue - Un mois plus tôt

344 48 255
                                    

« Il reste combien de secondes, Evy ? »

Je décrochai avec lassitude les yeux de mon téléphone où j'étais en train de lire l'actualité du jour pour les relever vers le minuteur situé sur le buffet en bois noir, avant de répondre :

« Trente...

— Ok, fais le décompte ! » me pressa ma meilleure amie, assise à la table, son regard rivé sur son ordinateur portable rose fuchsia, sa main droite tremblante sur la souris de la même couleur, prête à presser le clic gauche au moment précis où le minuteur sonnerait.

Sans chercher à résister à la frénésie de Sophy, je commençai à réciter les dernières secondes, tandis que mon amie ne cessait de pousser des petits cris d'excitation... Au moment où le compte à rebours s'achevait, je vis Sophy presser avec force le bouton de sa souris avant de s'exclamer :

« Pitié, pitié ! Dis-moi que je suis priiiiise ! »

Je poussai un énième soupir face à autant d'hystérie, d'autant plus que Sophy hurlait, d'une voix encore plus suraiguë :

« Non ! Le site plante ! Non, rafraîchis, par pitié ! Non, je ne veux pas louper cette unique occasion ! Rafraîchis, idiot ! »

Elle cliquait comme une folle sur sa souris et je me précipitai vers elle pour éloigner l'ordinateur qui allait imminemment se retrouver victime de sérieux dommages collatéraux.

« Sophy, calme-toi, ton portable ne t'a rien fait, » tentai-je de la raisonner.

Je n'avais absolument pas envie de devoir lui trouver un nouvel ordinateur portable – qui en plus d'être performant, accessible en prix et de couleur rose devrait être résistant à la frénésie de Sophy – et de tout installer et configurer.

Heureusement, le site finit par se rafraîchir et Sophy hurla en levant les bras au plafond – manquant de peu de me gifler au passage :

« OUIIIII ! »

Elle se releva précipitamment pour se jeter à mon cou, m'ensevelissant sous une montagne de cheveux blonds frisés senteur bonbon. À cet instant entra dans le salon mon grand frère, Allan, une expression mi-inquiète, mi-amusée ancrée dans ses prunelles marron clair, et il s'enquit :

« Ça va, Evy ? Tu survis ?

— J'essaye...

— Ce serait mieux de réussir, petite sœur, remarqua Allan en me jetant un regard espiègle.

— J'ai réussi ! s'exclama Sophy en me délaissant pour désigner l'écran de son ordinateur portable. Je n'y crois pas, on va y aller ! Idolaland, nous voici ! Il faut que tu te prépares, Evy, on part dans un mois, le 29 mars !

— Hein ? »

Mon frère me jeta un regard étonné mais je n'étais pas beaucoup plus avancée :

« Comment ça, "on" ?

— Bah, oui. Toi et moi.

— Je ne vais pas aller là-bas, Sophy ! protestai-je.

— Mais si, idiote ! J'ai réservé pour nous deux.

— Quoi ?! m'exclamai-je ne parvenant pas à comprendre ce que mon amie me racontait. Mais je refuse de dépenser cent mille euros pour participer à un stage de danse, Sophy ! Sans compter le fait que je n'ai pas autant d'argent... et même si j'en avais assez, je n'irais pas le dépenser aussi futilement, rajoutai-je, au cas où.

— J'ai tout payé pour toi, ne t'inquiète pas, répliqua Sophy à ma plus grande surprise.

— Comment ?!

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant