Chapitre 18 - Partie 3 - Concerts

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« Tu as fait vite, patronne. Je me demande pourquoi...

— Je suis simplement désireuse d'aider mes stagiaires ! répliqua Alysea avec un enthousiasme qu'elle peinait à cacher. Voulez-vous bien venir, Evyna ?

— Je ne veux pas vous déranger inutilement, Alysea...

— Ne vous inquiétez pas, c'est un plaisir, au contraire ! »

J'avais en effet cru le remarquer... Mais je ne comprenais toujours pas pourquoi... Je me résignai alors à rejoindre la diva frénétique qui annonça à l'intention d'Elioth :

« N'oublie pas qu'il reste encore toute l'étagère de droite à trier en plus de ce qui est sur le bureau.

— Je sais, Alysea. Profite de ta pause. »

***

L'idole m'entraîna vers la sortie d'Horizon & Paradise, tandis qu'Elioth montait à l'étage, sûrement pour effectuer les tâches administratives d'Alysea... Je me forçai à ne pas juger le manque de maturité apparent de la nouvelle directrice de l'agence, et je me concentrai surtout la mission du moment ; trouver une tenue pour ce soir... Alysea ne tarda d'ailleurs pas à me poser des questions :

« Alors, quel genre de tenue voulez-vous ? »

Comment lui faire comprendre que je n'en avais pas la moindre idée ?

« Une robe, pour rester dans le classique ? » suggéra Alysea.

J'approuvai, n'ayant de toute façon pas d'autre idée, et elle m'emmena dans le grand magasin Évasion où nous étions déjà allées au début du stage. Alysea déclara alors :

« Je me rappelle bien cette matinée shopping avec Vero, Sophy et vous ! Et je crois également me souvenir que ce n'était pas vraiment votre péché-mignon, ai-je tort ?

— Non effectivement... Je suis désolée, Alysea, je ne suis pas vraiment faite pour ce monde... Mais je comprends très bien à quel point il est important pour de nombreuses personnes. Je ne fais cependant pas partie d'elles.

— Pas encore, Evyna, me corrigea Alysea avec ce qui me semblait être de la bienveillance. Je trouve que vous avez changé depuis le début du stage : bien sûr, ce n'est que mon humble avis et je ne suis absolument pas la mieux placée pour voir ces changements. Seule vous pouvez réellement en prendre conscience. Quoi qu'il en soit, si vous aviez continué de mépriser autant ce monde comme vous le faisiez au début, vous n'auriez pas participé aux concerts de ce soir et vous ne seriez pas là en train de faire du shopping en ma compagnie. »

Je devais admettre qu'elle avait raison sur quelques points : une part de moi voulait faire ce concert, voulait trouver une jolie robe... Et je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de rentrer demain chez moi... Étrangement, la disparition de Sophy et mon enlèvement m'avaient fait prendre conscience d'une nouvelle facette de ce monde qui n'était pas aussi frivole que je l'avais toujours pensé.

J'approuvai alors silencieusement les paroles de la diva qui reprit avec amusement :

« Mais je ne pense pas que vous ayez suffisamment changé pour souhaiter acheter la robe que votre amie vous avait sélectionnée le troisième jour, si ?

— Non, réfutai-je, en souriant malgré moi, me rappelant la très longue robe de princesse avec une ceinture pailletée, de couleur émeraude certes, que Sophy avait repérée. Je préférerais rester dans quelque chose de plus sobre. »

Alysea me guida alors jusqu'à l'un des rayons des robes de soirée et j'en repérai rapidement une toute simple, aux manches longues, cousue dans un tissu qui lui conférait une allure de velours.

« Celle-ci ? s'étonna Alysea, légèrement désappointée. Elle est un peu trop simplette ; elle fait très bien l'affaire pour une robe de tous les jours... mais pour un concert, je pense que vous pouvez trouver mieux. »

Je mis tout de même la robe dans mon panier et acceptai de passer quelques minutes supplémentaires dans le magasin pour tenter d'en trouver une autre. Ce fut Alysea qui me proposa la suivante : elle était déjà de couleur émeraude – l'idole semblait bien avoir compris que j'affectionnais ce coloris –, faite en satin légèrement brillant et dont le bas était recouvert d'un voile noir légèrement transparent. Des fleurs noires étaient soigneusement cousues sur le haut, ce qui la rendait cependant un peu trop chargée à mon goût, et je finis par remarquer son gros désavantage éliminatoire : elle n'avait pas de manches longues, ayant au contraire un col bateau. Pour ne pas froisser l'idole, je choisis de répondre :

« Elle est jolie, c'est vrai...

— Mais ? me coupa Alysea en souriant comme si elle avait déjà deviné que j'allais formuler une objection.

— Mais ses manches ne sont pas longues.

— Et ? s'étonna Alysea, ne s'attendant pas du tout à cette réplique, avant de s'exclamer : Ah oui, c'est vrai, votre blessure à l'épaule ! »

Oui, c'était un bon prétexte – mais ce n'était nullement l'original : je n'aimais simplement pas les robes à manches courtes ou pire sans manches, était-ce compliqué à comprendre ? –, mais la diva trouva une solution, à mon grand dam :

« Vous n'avez qu'à acheter un voile que vous passerez autour de vos épaules : et là, votre blessure ne sera pas du tout visible. Alors, qu'en dites-vous ? Cette solution est parfaite ! »

Sans me laisser le choix, elle attrapa la robe et la posa délicatement dans mon panier. Evy, ne dis rien... Ce n'est que pour une seule soirée... Et puis, ça ne se fait pas de refuser les conseils de mode de l'une des plus grandes stars du moment ! Au pire, je mettrais un pull avant et après ma prestation.

J'essayai les deux robes, je ne trouvai malheureusement rien à redire sur la seconde – à l'exception des manches qui ne constituaient pas un critère important pour Alysea –, si bien que je dus les prendre toutes les deux. Lorsque nous arrivâmes au guichet pour payer, je me maudis instantanément : je n'avais même pas pensé à regarder le prix des robes ! Pourquoi devenais-je aussi irresponsable que Sophy ?!

« Servez-vous de votre pass pour acheter les deux robes, » m'intima alors Alysea.

Je la dévisageai avec surprise et je lui demandai sans comprendre :

« Je peux acheter tout ce que je veux avec le pass ?

— Non, vous avez un plafond de dépense tout de même, répliqua avec amusement l'idole. Mais je me doute que vous êtes encore loin de l'avoir atteint donc servez-vous-en. »

Je ne fis pas prier deux fois et quelques minutes plus tard, nous étions sorties du magasin. Alysea proposa alors que nous allions acheter le voile noir – elle m'incita de surcroît à prendre des gants en satin noirs – et nous eûmes bientôt fini la petite virée de shopping. La diva soupira et elle lâcha :

« J'imagine que je ferais bien de prévenir Elioth... J'espère qu'il aura terminé avec le tri des papiers. »

L'idole porta son téléphone noir brillant à son oreille et je m'éloignai de quelques pas pour ne pas écouter impoliment leur conversation. Elle finit par me rejoindre, toute contente, et elle s'exclama :

« Elioth a bientôt terminé ! Il va nous rejoindre dans quelques minutes pour que nous allions dîner. Vous devriez ranger vos nouvelles affaires dans votre chambre : ne vous inquiétez pas, vous aurez le temps de bien vous préparer avant le concert de ce soir. D'ailleurs, rajouta l'idole, si vous voulez vous maquiller, je peux vous envoyer l'une de mes préparatrices. »

Je déclinai immédiatement l'offre et Alysea n'insista pas davantage, ne voulant sûrement pas se relancer dans une aussi vaine argumentation que celle du troisième jour. Nous nous séparâmes alors et je regagnai ma chambre pour y ranger mes affaires.

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant