Chapitre 17 - Partie 6 - Aveux

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« Et moi je peux vous assurer que si toutes les femmes étaient comme vous, Mlle Hantial, l'humanité ne pourrait descendre plus bas. »

Elioth fit volte-face, plantant l'actrice désappointée au pied du cerisier, et j'hésitai une demi-seconde avant de me relever. Une demi-seconde de trop : Bella pivota vers moi, m'attrapa violemment le bras – je crus que j'allais hurler en sentant une vive douleur envahir mon épaule blessée – et elle me susurra avec toute sa méchanceté :

« Je te déteste, Evy ; tu m'as toujours pourri la vie, et tu me le payeras un jour. Tu as peut-être gagné aujourd'hui, mais je te battrai sur le long terme. JE l'aurai : pas TOI. »

***

Elle avait presque craché ces derniers mots à ma figure. J'ignorais parfaitement ce à quoi elle faisait référence en parlant de ma victoire du jour, mais je m'en contrefichais : je voulais surtout qu'elle me lâche le bras avant qu'elle n'aggrave ma blessure qui me meurtrissait atrocement. Bella semblait cependant ignorer que j'étais blessée – sinon elle aurait sans aucun doute tout fait pour me faire souffrir – et elle relâcha mon membre. Je m'abstins de répliquer quelque chose – j'avais compris depuis longtemps que cela ne servait à rien de discuter avec cette folle –, et je rejoignis Elioth qui avait regagné une contre-allée déserte. Il se retourna vers moi, fronça ses fins sourcils violets et demanda précipitamment :

« Que vous a-t-elle fait ? »

Comment était-il parvenu à comprendre qu'il s'était passé quelque chose avec Bella ?

« Rien qui ne vaille la peine d'être narré, » répondis-je simplement.

Elioth me dévisagea longuement avec un mélange d'étonnement et d'affliction, et il souffla au bout de quelques instants :

« Pourquoi... pourquoi vous effacez-vous face à cette femme, Evyna ?

— J'ai fini par comprendre que cela ne servait à rien d'argumenter avec de telles personnes : je ne me ferais que du tort à moi-même. Elle ne mérite pas que je pense à elle, que je m'énerve à cause d'elle. »

Elioth me jeta un regard étonné, esquissa ce qui me semblait être un demi-sourire mais ne répliqua rien. De longs instants s'écoulèrent, au cours desquels nous nous dévisageâmes simplement en silence. J'avais l'impression une toute nouvelle facette de la personnalité d'Elioth ; une facette soigneusement dissimulée derrière le masque d'idole mondialement connue...

Elioth fut celui qui rompit l'agréable silence, en me demandant à ma plus grande surprise :

« Evyna, que souhaitez-vous faire cette après-midi ? »

Ce que je voulais faire ?! Je n'avais fait que suivre le programme à reculons depuis le début et j'ignorais parfaitement ce qui pourrait me faire plaisir... Enfin, j'avais peut-être une petite idée... J'approuvai alors d'un geste de la tête, avant de demander, un peu hésitante :

« Serait-il possible que... vous m'appreniez à danser... ? Enfin, pas toutes les danses, m'empressai-je de rajouter, sentant l'embarras me gagner. Celle du premier soir sur Éclair, plus précisément... »

Elioth parut surpris de ma requête si bien que je crus qu'il allait refuser, pourtant le jeune homme déclara :

« Bien sûr, si vous le souhaitez. Je ne m'attendais pas à une telle demande de votre part ; j'aurais cru que vous n'aviez pas apprécié la première soirée...

— Je suis désolée d'avoir laissé une telle impression et de ne jamais avoir témoigné la moindre gratitude à votre égard. Je vous remercie sincèrement pour ce spectacle : votre performance était merveilleuse et, à y réfléchir maintenant, c'était un moment incroyable. »

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant