Chapitre 12 - Partie 2 - Disparitions

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J'avais pourtant l'impression que ce ne serait pas le cas. Alysea semblait en savoir beaucoup plus long sur le sujet que Veronica et à en juger l'air de la diva, cette "histoire" n'allait pas se résoudre aussi facilement. Cela suffit pourtant à calmer les stagiaires et quelques autres idoles, puis Veronica proposa que nous rentrions tous à l'agence. Ni Alysea, ni M. Neveen ne réagirent et bien que j'eusse voulu rester au restaurant pour tenter d'en apprendre davantage, je me résignai à suivre le mouvement.

Lorsque j'arrivai à l'agence, je finis par me rappeler qu'il fallait absolument que je parle avec Sophy de sa proposition d'emploi, mais encore une fois, je remarquai qu'elle s'était volatilisée. Il ne faisait plus aucun doute : ma meilleure amie m'évitait comme la peste... Je m'arrêtai devant ses appartements, hésitai quelques instants avant de me résigner : il ne servait à rien de lui en parler ce soir. M. Neveen n'allait de toute façon sûrement pas renouveler son offre alors que l'un des stagiaires venait de disparaître ; il avait plus important à faire... Alors autant attendre le moment adéquat pour parler à Sophy...

***

JOUR 10

Ce fut avec une boule au ventre particulièrement désagréable que je me réveillai le lendemain matin : j'ignorais si c'était la disparition du stagiaire qui m'inquiétait autant, ou si c'était davantage la discussion que j'allais devoir avoir avec Sophy un jour ou l'autre... Je m'efforçai de me détendre - mais je devais avouer que j'étais particulièrement nulle pour me relaxer d'une quelconque manière - et mon inquiétude fut d'autant plus accentuée quand je remarquai qu'il faisait déjà jour et que pourtant mon téléphone n'avait pas sonné. Je tournai mon regard vers ma montre à aiguilles posée sur la table de nuit de droite... il était déjà onze heures... Quoi, ONZE heures ?! Je voulus prendre mon téléphone pour comprendre pourquoi il n'avait pas sonné comme convenu, mais je me rendis compte qu'il n'était pas là. Où était-il passé ?! Je l'avais posé la veille au soir sur cette table de nuit, ici, juste à côté de ma montre, j'en étais sûre à 200%.

Affolée, je sortis précipitamment des draps, me levai et je découvris que mon téléphone était posé sur l'autre table de nuit, celle située à gauche. Définitivement, je ne l'avais pas laissé là la veille ; je n'aurais pas changé mes habitudes - certes une habitude d'une semaine seulement -. Je l'attrapai et je découvris que l'alarme avait été annulée... Étais-je somnambule ? J'en doutais sincèrement, d'autant plus qu'une explication bien moins agréable me parvenait à l'esprit : quelqu'un l'avait enlevée à ma place et avait changé mon téléphone de place... Mais cela voulait dire qu'il était parvenu à entrer dans ma chambre ET à déverrouiller mon téléphone en moins de trois tentatives... J'étais espionnée dans mes moindres mouvements, j'en étais convaincue depuis le premier jour de ce fichu stage, mais une perspective aussi insidieuse m'effrayait terriblement. Il se tramait quelque chose de toute évidence... et j'étais persuadée que cela avait un lien avec la disparition du stagiaire de Luke... Peut-être même avec l'offre d'emploi qui avait été proposée à Sophy...

Je fronçai les sourcils et commençai à réfléchir aux différents liens entre ces trois phénomènes avant de me résigner : il y avait beaucoup plus important à faire avant. Je devais impérativement trouver Sophy avant qu'il ne soit trop tard. Je ramenai mon téléphone contre moi - quel que fût l'endroit où se trouvait la caméra, personne ne le verrait cette fois -, changeai le mot de passe d'accès et je me précipitai vers la salle de bain pour me préparer en à peine cinq minutes.

Lorsque j'arrivai dans le réfectoire, je notai immédiatement l'absence de Sophy et l'inquiétude s'empara davantage de moi. Veronica, Elioth et le stagiaire de Luke manquaient également à l'appel, en revanche, il me semblait que toutes les autres idoles et leurs stagiaires - et même Bella - étaient présents, dans un silence un peu trop lugubre à mon goût... Je me dirigeai alors vers Alysea, assise au comptoir, à quelques mètres de M. Neveen qui abordait le même air soucieux que la veille. La diva était en train de croiser et décroiser ses doigts avec une tension aisément palpable, et je déclarai d'une voix que je peinais à contrôler :

« Bonjour Alysea. Sauriez-vous où se trouve Sophy ?

- Elle est avec Vero, répondit-elle en esquissant un semblant de sourire triste. Elles se sont donné rendez-vous au studio pour le petit projet de fin de stage... À supposer qu'ils aient toujours lieu... » ajouta-t-elle dans un souffle.

Je fronçai les sourcils ; Alysea aurait au moins pu faire preuve d'un peu plus de discrétion et garder cette pensée pour elle-même. Admettre en face de moi que le contrôle de la situation lui échappait complètement n'était guère avisé. Je fis cependant semblant de ne rien avoir entendu et je demandai, davantage par courtoisie puisque je savais déjà la réponse :

« Savons-nous où se trouve le stagiaire de Luke ?

- Non. »

Cette réponse fort laconique, ce qui était particulièrement inhabituel chez la diva, me rendit encore plus tendue et quelques instants s'écoulèrent avant qu'Alysea ne reprenne :

« Elioth est au poste de police avec Luke pour tenter d'éclairer la situation. Désolée, il ne pourra être là pour s'occuper de vous aujourd'hui. D'ailleurs, je vous conseille de rester dans l'agence, on ne sait jamais... »

Voilà qui expliquait pourquoi toutes les autres idoles et leurs stagiaires étaient regroupés ici. Je repris cependant :

« Et pour Sophy et Veronica ?

- Elles voulaient absolument s'entraîner au studio, » marmonna Alysea, en guise d'excuse minable qui ne me convainquit pas le moins du monde.

Sophy et Veronica auraient dû être là... Je n'aimais pas du tout la perspective de savoir ma meilleure amie, isolée avec une idole tout aussi irresponsable qu'elle, si ce n'était même plus. Prenant congé d'Alysea, je me dirigeai vers la sortie du hall, décidée à rejoindre ma meilleure amie, et au moment où j'allais saisir la poignée de la porte, celle-ci s'ouvrit à la volée, laissant entrer une personne que je n'avais pas la moindre envie de voir : Elioth. Celui-ci s'arrêta devant moi, me bloquant toute sortie et il s'enquit, une expression mi-surprise, mi-énervée figée sur son fin visage talqué :

« Où étiez-vous passée ce matin ? »

Il semblait sincèrement ignorer la réponse à sa question, mais je refusai de me laisser berner et je répondis sèchement :

« Quelqu'un a trouvé amusant d'enlever mon alarme. Quelqu'un qui est parvenu à avoir l'accès non seulement à ma chambre mais aussi à mon téléphone, je ne sais comment. Je n'aime pas du tout la façon par laquelle nous sommes espionnés quotidiennement. »

Elioth afficha de nouveau un air particulièrement surpris, voire pensif, face à ma réponse sèche, et je repris :

« Si vous voulez bien me laisser sortir, je vous prie. »

Elioth ne bougea pas d'un pouce, se contentant de demander, ses fins sourcils violets froncés :

« Êtes-vous sûre que vous n'avez pas changé vous-même votre réveil ?

- Je pense encore parvenir à maîtriser mes propres actions et à m'en souvenir, répliquai-je sèchement. Puis-je sortir maintenant ?! »

Elioth n'eut cependant le temps de répondre : la porte s'ouvrit de nouveau à la volée et une voix stridente retentit :

« Allie, Allie ! »

Une Veronica toute paniquée fit irruption dans le grand hall, nous bousculant presque, Elioth et moi, l'intégralité des regards se tournèrent vers l'idole affolée qui se rua sur Alysea toujours accoudée au comptoir et continua son discours enflammé :

« Tu es là enfin ! Allie, elle est introuvable, elle n'est pas dans sa chambre, elle n'est pas retournée au studio, je l'ai cherchée partout ! Elle ne répond pas à mes messages, je ne sais pas quoi faire ! Allie, aide-moi !

- Vero, calme-toi, souffla Alysea, la voix cependant quelque peu hésitante, en forçant l'idole à s'asseoir sur un tabouret. De... de qui parles-tu ?

- Où est-elle ? se lamenta Veronica de sa voix suraiguë, comme si elle n'avait même pas écouté la question d'Alysea. Je ne sais pas quoi faire !

- Vero, qui ?! » intima Alysea d'une voix plus directive que précédemment.

Sans cesser de triturer ses boucles d'oreilles saphir en forme de cœur, Veronica releva ses yeux bleu céruléen vers Alysea et elle lâcha dans un murmure les paroles que je redoutais tant :

« Sophy... »

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant