Chapitre 21 - Partie 4 - Apothéose

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Ce fut cette fois Alysea qui reçut de la part d'Elioth un regard indigné et Veronica releva lentement la tête vers la diva, ses fins sourcils bleus froncés.

« Attends... Ok, je sais que tu es la nouvelle directrice d'Idolaland... Mais... Elioth est ton frère jumeau ?! Ce n'est pas possible, il n'existe pas plus différents que vous deux, même si vous formez un duo parfait ! Vous ne vous ressemblez absolument pas, aussi bien physiquement que mentalement. Ah non, c'est bon, j'ai compris, enchaîna Veronica alors qu'Alysea s'apprêtait à démentir l'affirmation. Vous avez été choisis comme acteurs pour un film et vous devez jouer des jumeaux, n'est-ce-pas ?

- Non. »

***

La réponse d'Elioth particulièrement laconique surprit davantage Veronica qui finit par admettre :

« Ok, si vous le dites... vous êtes définitivement bizarres tous les deux ; ah tiens, finalement vous avez un point commun. Oh ! s'exclama l'idole en reprenant son téléphone turquoise : Sophy m'a répondu. »

Elle se remit à taper sur son téléphone avec frénésie et je pensai alors à sortir le mien, simplement pour répondre aux messages d'Allan et Sophy. Effectivement, tous les deux avaient tenté de me joindre et je répondis simplement le même message aux deux, à l'exception du prénom :

« Coucou Allan, désolée de ne pas t'avoir répondu plus tôt, je n'avais pas allumé mon téléphone. Tout va bien et je prends l'avion ce soir, promis ! Je serai là demain. Gros bisous. »

Nous nous mîmes alors à table, j'en profitai pour commander - en plus du petit-déjeuner inachevé - une spécialité que je n'avais pas eu l'occasion de goûter lors du stage et qui se révéla excellente.

Le repas fut particulièrement agréable et plus calme que je ne l'aurais pensé - Veronica passa la plupart du temps sur son téléphone à échanger avec Sophy -.

Pour nos derniers moments ensemble, Elioth et moi décidâmes de nous promener dans Idolaland ; bien entendu, nous évitâmes les grands magasins pour nous rendre dans les petites allées plus tranquilles. J'avais l'impression de découvrir une toute nouvelle facette d'Idolaland, que je n'aurais aperçue si je n'avais pas choisi sur un coup de tête de ne pas partir... À y réfléchir, il s'en était fallu de peu... un simple message, une simple intuition, un simple vœu... et ma vie avait été transformée d'un coup de baguette magique... La vie était si éphémère, si contingente...

Le temps s'était écoulé et nous regagnions déjà l'aéroport, main dans la main, dans le silence le plus total cependant. Je voulais de tout mon cœur rester ici auprès d'Elioth, mais je savais que c'était impossible... Les yeux brillants, je relevai la tête vers Elioth qui esquissa un sourire avant de sortir son téléphone de sa veste. Il s'arrêta de marcher, posa ma valise sur le sol de l'aéroport et je lui jetai un regard étonné. Qu'avait-il prévu ?

Une douce musique presque mélancolique retentit alors et Elioth posa son téléphone sur ma valise, enleva mon sac à dos, le posa - délicatement - à côté de mes bagages et il m'enlaça. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il ne commence à chanter :

« Qu'importent ceux qui nous voient,
Je suis seulement là pour toi.
Deux êtres pleins de joie,
Comment croire que c'est toi et moi ?
L'ancien temps me manque alors,
Pourquoi ne pas rester là encore ?
L'apothéose d'une belle histoire,
Combien de jours sans se revoir ?
Si seulement le temps s'arrête
Et ce rêve à jamais reste... »

D'un geste de la tête, il m'avait fait signe de poursuivre, et à peine eût-il fini sa phrase que j'entonnai, suivant le rythme de la chanson tant bien que mal :

« Souviens-toi, souviens-toi...
- Tant de joie, tant d'amour,

Qui en nous rayonnent toujours... enchaîna Elioth de sa voix si magnifique.

- Souviens-toi, souviens-toi... »

Une courte pause se fit et Elioth m'invita de nouveau à chanter et j'improvisai, sans vraiment savoir où j'allais :

« Seule à la gare, de toi si éloignée,
Je me sentais abandonnée...

- Tu revins, pour combler l'absence !

- Nous avions une dernière chance, déclamâmes-nous simultanément.

- Je me souviendrai de cet instant,
Devant moi, ton visage brillant...

- Souviens-toi, chérie, souviens-toi...

- Si épris, si heureux,
Ce regard inoubliable dans tes yeux !

- Souviens-toi, chérie, souviens-toi... »

Je me sentais transportée par la chanson, Elioth nous faisait valser sur l'aérodrome et j'avais juste l'impression de vivre un rêve éveillé.

« Je rêverai de toi, poursuivit Elioth, ses prunelles vaironnes débordantes de joie.

- Te garder avec moi...

- M'aimes-tu à jamais ?
Bien sûr, je le promets ! nous exclamâmes-nous en même temps.

- Oh, chéri, souviens-toi, souviens-toi,
Emportés par un tourbillon,

- C'était ainsi que nous étions ! compléta Elioth, son regard plongé dans le mien.

- Souviens-toi...

- Oui, souviens-toi...

- Qu'importe ce que tu faisais
Tout m'a ensorcelée, charmée,
Souviens-toi, oui, chéri, souviens-toi... »

Tandis que je prolongeais ces dernières paroles comme la mélodie semblait le vouloir, Elioth enchaîna d'une voix merveilleusement claire, que lui seul possédait, et qui me fit instantanément fondre :

« Tu es revenue vive vainqueur
De cette conquête de mon cœur !
Souviens-toi, chérie, souviens-toi...

- Oh, chéri, souviens-toi, chéri, souviens-toi...

- Tu seras l'élue de mon cœur,
Chérie, souviens-toi... »

La musique commença à devenir de plus en plus faible et la chanson finit par s'arrêter. Mon cœur était prêt à exploser de joie, Elioth esquissait un sourire magnifique ; il m'attira davantage contre lui et souffla dans un murmure destiné à moi seule :

« Je ne t'oublierai jamais... »

Il posa ses lèvres sur les miennes et nous nous embrassâmes longuement... Vint malheureusement le moment de nous séparer et je murmurai :

« Je t'aime... »

Il esquissa un sourire parfait et répondit avec son charme immuable :

« Je sais, ma chérie... »

Il me relâcha, reprit son téléphone et me tendit ma petite valise verte et mon sac à dos que je finis par saisir avant de m'engouffrer dans l'aéroport...

***

Petite note : la très belle illustration de ce chapitre est l'œuvre de MagdaRose25 que je ne remercierai jamais assez pour tout son soutien 💞

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant