Chapitre 18 - Partie 4 - Concerts

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L'idole porta son téléphone noir brillant à son oreille et je m'éloignai de quelques pas pour ne pas écouter impoliment leur conversation. Elle finit par me rejoindre, toute contente, et elle s'exclama :

« Elioth a bientôt terminé ! Il va nous rejoindre dans quelques minutes pour que nous allions dîner. Vous devriez ranger vos nouvelles affaires dans votre chambre : ne vous inquiétez pas, vous aurez le temps de bien vous préparer avant le concert de ce soir. D'ailleurs, rajouta l'idole, si vous voulez vous maquiller, je peux vous envoyer l'une de mes préparatrices. »

Je déclinai immédiatement l'offre et Alysea n'insista pas davantage, ne voulant sûrement pas se relancer dans une aussi vaine argumentation que celle du troisième jour. Nous nous séparâmes alors et je regagnai ma chambre pour y ranger mes affaires.

***

Je ressortis quelques instants plus tard et retrouvai Elioth et Alysea sur le pas de l'agence. Ils interrompirent leur conversation lorsque j'arrivai et je me sentis instantanément mal-à-l'aise pour les avoir coupés. Mais aucun des deux ne semblait contrarié et nous regagnâmes alors tous les trois le restaurant où était déjà présente la plupart des idoles. Je remarquai rapidement l'absence de Bella et ce simple constat me soulagea ; je n'avais pas envie de l'affronter encore une fois, même si je m'efforçais de l'ignorer.

En commandant mon dîner, je me rendis compte que c'était la dernière soirée ici ; demain, à cette heure, nous serions dans l'avion... La fin de ce stage était passée si vite... je regrettais à présent de ne pas avoir su profiter plus tôt des activités...

Je regardai les autres stagiaires et constatai rapidement qu'eux aussi ne se comportaient pas de la même façon que d'habitude ; l'atmosphère était plus tendue, à la fois plus triste et plus animée, comme si nous savions tous que ce stage touchait à sa fin et que nous voulions profiter à tout prix de la moindre minute avec nos idoles... Mais cette constatation n'avait pas changé mon manque de talent pour faire la conservation ; je ne savais pas de quoi parler avec Elioth ou même Alysea. Le premier ne parlait pas non plus, se contentant d'observer les autres comme je le faisais, et la seconde parlait avec Sophy et Veronica. Pourquoi étais-je insociable ? Pourquoi n'avais-je pas cette faculté de converser comme Sophy, Veronica, Alysea ou même n'importe qui d'autre ? Pourquoi étais-je aussi anormale ? Je n'avais pourtant jamais envié le don des autres pour parler, mais maintenant, je sentais comme une forme de jalousie qui s'installait en moi... Et j'avais beau y réfléchir, je ne trouvais pas la moindre idée de conversation... Et comme j'étais incapable d'engager une discussion, personne n'en engageait non plus avec moi... normal, qui voudrait parler avec une fille asociale ?

Le repas se déroula alors dans le silence le plus total pour moi, et lorsqu'il fut terminé, Alysea nous annonça :

« Nous vous donnons rendez-vous au théâtre du premier soir dans une heure : prenez le temps de terminer toutes vos préparations d'ici-là ! Les places au premier rang nous seront réservées, à vous et nous, comme le premier soir. Bonne chance à tous et, surtout, appréciez cette soirée ! »

Les paroles d'Alysea furent accueillies par des applaudissements et la diva quitta le restaurant, imitée quelques instants plus tard par d'autres idoles et stagiaires.

Je pris à mon tour congé d'Elioth et me rendis dans mes appartements pour me préparer. J'eus un moment d'hésitation avant de finalement décider de mettre la robe qu'Alysea m'avait conseillée ; je préférais celle que j'avais choisie, mais bon... la diva était sans aucun doute plus qualifiée que moi en matière de mode... Je déposai ensuite le voile noir sur mes épaules, l'ajustai méticuleusement de telle sorte à ce que ma blessure ne soit pas visible et l'attachai délicatement avec la broche ornée d'un joyau d'émeraude qu'Alysea m'avait recommandée en plus de tout le reste. Je me regardai de nouveau dans le miroir de la salle de bain : ce n'était pas trop mal. Du moins, ç'aurait pu être bien pire. Je réfléchis ensuite quelques instants à ma coiffure, avant d'opter pour celle habituelle : de toute façon, ce n'était pas comme s'il y avait trente-six mille possibilités avec des cheveux courts - et ce n'était pas pour me déplaire, au contraire -. Me rendant compte que cela faisait presque une demi-heure que je me préparais, je poussai un soupir : je n'avais le droit de perdre autant de temps dans des futilités comme celles-ci...

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant