Chapitre 15 - Partie 2 - Confiance

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Ah, que je détestais cette incertitude et cette impuissance ! Cette situation me semblait si irréelle... rien n'apparaissait cohérent... Je voulais comprendre la vérité.

J'entendis à cet instant un bruit de pas se diriger en ma direction ; je me redressai instantanément, plissai les yeux pour tenter de discerner de qui il s'agissait mais l'obscurité m'en empêchait. Ce ne fut que lorsqu'il fut tout près de moi que je le reconnus, la haine m'envahit et j'exclamai :

« Vous ! Expliquez-moi pourquoi... »

***

Ma voix se perdit dans le vide, car Elioth s'était précipité vers moi, avant de s'agenouiller devant la cage et plaquer vigoureusement sa main gantée sur ma bouche. Je voulus me débattre mais il m'attira violemment contre les barreaux de la cage et il fulmina à mi-voix :

« Mais pourquoi êtes-vous aussi idiote ?! Taisez-vous donc. »

Ces paroles m'interpelèrent : cherchait-il à ne pas se faire repérer... ? Si oui... pourquoi ?! Voyant que je ne lui résistais plus, Elioth relâcha son emprise, il souleva légèrement sa veste pour décrocher de sa ceinture un trousseau de clés et j'eus le temps de voir qu'un poignard y était également attaché. L'affolement prit possession de moi et je me reculai au fond de la cage : était-il venu pour m'assassiner ? Mon cœur se mit à battre à en rompre ma cage thoracique et Elioth sembla s'apercevoir de mon changement brusque d'humeur car il me dévisagea avec surprise. Surprise... ?

Impuissante, je le vis prendre le trousseau de clés, avant d'en essayer quelques-unes pour finalement trouver la bonne. Cette hésitation me perturba et je ne sus comment l'interpréter. Mais ce n'était guère le plus important : je devais le fuir avant qu'il ne me poignarde. À peine eût-il ouvert la porte de la cage que je m'extirpai de ma prison tant bien que mal – il fallait avouer que ne pas pouvoir se mettre debout et avoir les mains liées n'aidaient en aucun cas à être rapide. Pourtant, à ma grande surprise, Elioth ne fit aucun mouvement pour tenter de me retenir, s'écartant au contraire pour me laisser sortir de la cage. Je me remis debout le plus rapidement possible avant de m'élancer vers la droite, sans trop réfléchir. Lorsque je me retournai pour voir où en était mon poursuivant, je me rendis compte avec stupéfaction qu'Elioth n'avait pas bougé d'un pouce et qu'il se contentait de me regarder avec incompréhension. Pourquoi n'essayait-il pas de me rattraper ? Il me désigna alors le trousseau de clés avant de hausser les épaules. Après un instant d'hésitation, je me dirigeai avec méfiance vers lui, mais il ne fit pas le moindre mouvement. Même quand je parvins à sa hauteur, il resta toujours immobile, me fixant avec cette même lueur d'incrédulité, et je finis par tendre mes mains menottées, prête à m'enfuir au cas où. Elioth se contenta cependant de saisir les menottes, essayer quelques clés dans les serrures avant de trouver la bonne. Il déverrouilla les chaînes, je fis un pas en arrière en enlevant les menottes tandis qu'il raccrochait les clés à sa ceinture. De nouveau, je vis le poignard juste à côté du trousseau, j'eus un sursaut de frayeur, mais Elioth n'en fit rien.

« Vous feriez mieux de rester avec moi, m'intima-t-il sur son habituel ton sec, alors que je passais les menottes à la ceinture de mon pantalon, tout en guettant ses moindres gestes. Il faut trouver Mlle Brackle, Mlle Clayton et M. Eyvel. »

Il commença à s'éloigner, mais, sans vraiment réfléchir, j'attrapai la manche de sa veste avant de souffler :

« Pourquoi faites-vous cela ?!

— Comment ? »

Seule l'incompréhension était présente dans les prunelles vaironnes d'Elioth et je fus encore plus perdue. « Non, Evy, me rappela mon esprit. Il est un très grand acteur, il sait contrôler à la perfection ses émotions et se jouer de son entourage... » Cependant, cela n'expliquait pas pourquoi il venait de me libérer... Je déclarai alors avec une certaine haine :

« Pourquoi m'emprisonner dans cette cage si c'est pour me libérer juste après ?! »

La surprise passa dans les yeux d'Elioth avant de laisser place au dégoût, et il répliqua sèchement :

« Je savais que vous me méprisiez grandement, mais j'ignorais que c'était au point de m'imaginer comme votre ravisseur. »

J'eus un mouvement de recul face à cette réponse inattendue. Se... pouvait-il... qu'il ne fût pas celui qui m'avait agressée ? Pourtant... il était habillé de violet, il avait les gants noirs... Et une autre hypothèse traversa soudainement mon esprit : quelqu'un s'était fait passer pour Elioth. Mais qui ?!

« Croyez et faites ce que vous voulez, Evyna, enchaîna Elioth à mi-voix, me coupant dans ma réflexion. Mais si vous persistez à vous comporter comme une écervelée, je n'irai pas indéfiniment vous libérer. »

Sur ces paroles, il fit volte-face et s'enfonça dans les profondeurs de la grotte. J'eus un moment d'hésitation et décidai finalement de le suivre : il avait annoncé qu'il voulait retrouver Sophy et c'était également mon intention.

Cependant, à peine avions-nous fait quelques pas dans la grotte humide et obscure que nous entendîmes une voix ténébreuse, particulièrement familière, à une dizaine de mètres devant nous :

« Où comptez-vous aller avec Evyna, sale imposteur ? »

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant