J'osai à peine respirer, craignant qu'il ne refuse, pourtant, il finit par concéder :
« Très bien. Mains dans le dos, vous, » aboya-t-il alors à l'intention de son sosie.
Celui-ci obtempéra, je me dirigeai vers lui et une fois parvenue derrière lui, je passai les deux menottes autour du même poignet. Je relevai brièvement les yeux, constatant que l'homme au pistolet ne pouvait pas me voir et je soufflai presque imperceptiblement :
« Je vous fais confiance, Elioth... »
***
Je sus l'instant d'après qu'il m'avait bel et bien entendu car il me fit un très léger signe de la main. Je refermai alors les menottes, les deux petits clics se firent entendre et l'homme armé déclara :
« Parfait, vous êtes moins empotée que vous ne le laissez suggérer. Vous faites moins le fier maintenant, Ewan ! »
L'interpellé ne répliqua rien, je redevins visible pour l'homme armé et annonçai :
« J'allais oublier : les clés. Il les possède, il ne faudrait tout de même pas qu'il puisse s'échapper. »
Je fis volte-face vers l'Elioth que je venais de feindre d'attacher, veillai à me positionner de façon à ce que l'homme armé ne puisse pas voir chacun de mes mouvements, et je soulevai légèrement sa veste, faisant apparaître le trousseau de clés accroché à sa ceinture. Et juste derrière, le poignard rangé dans son fourreau, comme je l'avais vu lorsqu'il m'avait libérée. Je sentis mon pouls s'accélérer et je déclarai d'une voix que je voulais la plus neutre possible :
« Les voilà, les clés. Vous ne pourrez pas vous enfuir. »
Je fis bouger le trousseau pour faire tinter les clés et bien signifier à l'homme armé que je tentais de les retirer, et ma main droite saisit le manche du poignard et le retira précautionneusement de son étui. Je le retournai délicatement, la lame vers le haut le long de mon poignet... Maintenant, il fallait que je fasse en sorte de le camoufler... Je décrochai ensuite le trousseau de clés et je me retournai vers l'imposteur, mon bras droit le long du corps, le poignard tenu contre la paume de ma main par mon pouce, et j'agitai légèrement le trousseau de clés tenu dans ma main gauche, afin d'attirer l'attention de ce côté.
« Je vous les ramène, Elioth, » annonçai-je d'une voix assurée.
L'imposteur baissa son arme et je jubilai intérieurement : mon plan semblait marcher... Il avait l'air convaincu que j'étais persuadée qu'il était le vrai Elioth. Tant mieux. D'autant plus que Sophy me facilita involontairement la tâche car elle déclara avec admiration :
« Tu es tellement courageuse, Evy... Je n'aurais jamais osé m'approcher autant de mon ravisseur... qui aurait pensé que M. Neveen était aussi méchant... ? »
L'homme armé fut légèrement distrait par ces paroles et il ne me prêta plus vraiment attention. Une fois parvenue à sa hauteur, un soupçon d'hésitation m'envahit soudainement. Serais-je seulement capable de le faire... ? Je n'avais pas d'autre choix pourtant... et je n'avais qu'une seule chance. Je relevai les yeux vers lui, je lui tendis les clés, et au moment où il les attrapait, je brandis le poignard avant de le planter dans son poignet gauche, membre qui tenait le pistolet. L'imposteur poussa un cri de douleur, il lâcha l'arme à feu et je m'empressai de donner un coup de pied dedans pour l'éloigner le plus possible de lui. Sophy poussa un cri perçant et le soulagement m'envahit.
Trop vite.
Mon opposant m'attrapa la main qui tenait le poignard avec une force hors-du-commun pour le diriger vers moi. Je sentis à cet instant la pointe de la dague érafler mon épaule droite et je poussai un cri de douleur. Au même moment, le vrai Elioth se précipita sur nous, il me tira en arrière pour m'éloigner de mon opposant qui me lâcha ma main, avant de lui infliger un coup de poing dans l'abdomen. Elioth tendit sa main vers moi alors que son adversaire revenait à la charge, et je déposai immédiatement le manche du poignard dans sa paume. Il brandit l'arme en direction de sa réplique qui s'empala sur la lame, ce qui arracha un nouveau cri de terreur à Sophy. Elioth le fit basculer et tomber sur le sol, avant de l'immobiliser. Il lui attrapa ses cheveux violets avant d'arracher la perruque, révélant des cheveux châtains blanchis par endroits, et de la jeter aux pieds de Sophy, Cherise et Bryce. Les deux premières poussèrent un énième cri, tandis que le second lâchait un murmure de stupéfaction, mais tout était encore loin d'être terminé... Ewan Neveen afficha un rictus mauvais et il s'époumona :
« ALERTE INTRUS ! »
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Pour deux semaines et un jour
RomanceVingt participants. Vingt idoles. Deux semaines. Le programme « Dans la peau d'une Idole » est lancé, et en quelques secondes, toutes les places sont réservées. Parmi elles, Evy, une ingénieure rationnelle et travailleuse, entraînée de force dans ce...