Chapitre 8 - Partie 2 - Confrontation

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« Tu vois, c'était facile, finalement ! s'exclama joyeusement Sophy. Même si tu aurais pu en choisir un meilleur. Mais bon, au moins, nous ne serons pas en retard pour le petit-déjeuner, merci ! »

Une sensation de vide s'installa en moi alors que Sophy s'éloignait déjà... Ma meilleure amie m'apparaissait soudainement si étrangère, si distante... c'était à peine si je la reconnaissais, pourtant elle semblait être restée la même... Je secouai la tête pour chasser ces sombres pensées et je m'empressai d'emboîter le pas à Sophy et la rejoindre. Elle commença à parler de Veronica et de ses chansons, et je déconnectai très rapidement le cerveau de ce qu'elle me racontait. Je pensais à mon nouveau bracelet : serait-il vraiment utile pour m'empêcher de formuler des mauvaises pensées... ? J'en doutais sincèrement, mais cela valait peut-être la peine d'essayer ; de toute façon, je n'avais rien de mieux à faire pendant ce voyage... Je me sentais presque détendue lorsque nous regagnâmes Horizon & Paradise, l'air frais matinal participant sûrement à ma bonne humeur... Mais j'ignorais encore à cet instant la nouvelle dont allait nous faire part Alysea et qui allait réduire à néant tous mes efforts...

***

« J'ai le plaisir de vous annoncer aujourd'hui l'arrivée, totalement imprévue, de l'une des plus grandes stars de nos jours... la célébrissime Bella Hantial ! » s'exclama Alysea avec son enthousiasme habituel alors que nous étions tous regroupés dans le hall d'entrée.

Mon cœur manqua un battement face à cette déclaration tandis que des murmures animés se répandaient parmi les stagiaires, et je vis entrer dans la salle une femme d'une trentaine d'années, montée sur des talons aiguilles et vêtue d'une robe courte en similicuir couleur violet aubergine. Ses longs cheveux blond platine étaient attachés en une coiffure complexe, ses yeux bleu saphir affichaient une expression mielleuse, tandis que ses lèvres pulpeuses de la même teinte que sa robe dessinaient un sourire hypocrite. Elle battit lentement des cils, sûrement pour bien montrer à tous son ridicule maquillage surchargé, et le dégoût prit possession de moi. Je sentis la main de Sophy se poser sur mon bras et, malgré tout, ce contact m'apaisa un minimum, du moins suffisamment pour m'empêcher de quitter au plus vite cette salle.

« Bonjour à toutes et à tous, susurra Bella en rejetant d'un geste méticuleux par-dessus son épaule son châle violet aubergine. C'est un grand plaisir pour moi que de rencontrer l'élite des idoles ainsi que, bien évidemment, la future élite. J'espère que ma présence parmi vous sera une source d'inspiration. »

Quelques murmures d'extase se répandirent parmi les stagiaires, je crus que je ne pourrais pas en supporter davantage, mais Sophy me ramena à nouveau à la raison, car elle se rapprocha de moi pour souffler :

« Reste calme, Evy... Ne lui donne pas victoire. »

Oui, ma meilleure amie avait raison : cette femme odieuse ne méritait pas que je me défile devant elle. Une fois les bavardages frénétiques calmés, Alysea reprit la parole avec enthousiasme :

« C'est un immense plaisir que de vous accueillir en ce lieu, Bella... »

L'actrice à renommée internationale plissa ses lèvres aubergine avec dégoût et elle coupa vulgairement Alysea :

« Mademoiselle Hantial, je te prierai, Alysea. »

L'interpellée lui jeta un regard abasourdi, perdit momentanément son assurance mais parvint à se reprendre, tant bien que mal :

« Je... Veuillez... veuillez m'excuser pour mon impolitesse, Mlle Hantial. Je...

— Nous sommes au regret de vous annoncer, Mlle Hantial, que nous sommes en ce moment fort occupés, interrompit Veronica en fendant le rang des idoles tout aussi consternées qu'Alysea pour se poster aux côtés de la diva, les bras croisés. Nous ne pouvons bénéficier plus longtemps de votre grandeur et c'est à notre plus grande déception que nous devons prendre congé de vous dès à présent. »

Veronica fit volte-face, Alysea esquissa un très léger sourire devant l'air déconfit de Bella, tandis que Sophy me soufflait d'une voix qu'elle peinait à maîtriser :

« Ça, c'est mon idole ! »

Je devais admettre que j'étais contente de l'intervention de Veronica qui avait cloué le bec à cette peste de Bella qui, de toute évidence, n'avait pas changé depuis la dernière fois où je l'avais vue.

« Allez, viens, Evy. Vero et Allie sont déjà parties, nous devrions en faire de même.

— Oui, Sophy... »

Nous quittâmes la salle, imitées par quelques stagiaires un peu perdus, et nous ne tardâmes par à retrouver Alysea et Veronica en conversation animée. Elles s'arrêtèrent en nous voyant arriver, Alysea voulut prendre la parole mais Sophy ne lui en laissa pas le temps car elle s'exclama :

« Vero, j'ai adoré ta réplique ! »

L'intéressée émit un petit rire avant d'admettre :

« J'ai encore un peu de mal à réaliser que je viens bel et bien de lui rabattre son clapet... Mais d'un autre côté, elle n'a pas le droit de s'adresser ainsi à Allie. Et puis, tu m'as bien expliqué à quel point elle est odieuse.

— Quoi ?! m'exclamai-je, avant de me tourner vers Sophy : Tu leur as expliqué ?!

— Evy, c'est arrivé comme ça, tout simplement... On parlait de nos acteurs et actrices préférés, c'est tout. »

Je ne l'écoutais déjà plus : comment Sophy avait-elle pu raconter à Veronica, idole qu'elle connaissait à peine, ce qu'il s'était passé avec Bella ?! Je lui avais mille fois répété de ne jamais rien dire à quiconque, ne voulant pas raviver les mauvais souvenirs, aussi bien chez moi que chez mon frère, et voilà qu'elle les confiait à la première inconnue qui passait !

Je fis demi-tour et quittai rapidement l'agence, refusant d'écouter les protestations de Sophy qui m'exhortait à revenir. Je me rendis au seul endroit susceptible de m'apaiser : Horizon Park. Je gagnai mon cerisier habituel et m'assis à son pied, avant d'enfouir ma tête dans les genoux. Pourquoi avait-il fallu que Bella arrive ici pendant notre stage ?! Pourquoi le destin était-il aussi cruel à mon égard ?! Déjà que ce stage était un calvaire, alors maintenant avec la présence de Bella... je n'osais imaginer...

Je sentis alors à cet instant quelque chose de froid posé contre ma joue, je relevai les yeux pour découvrir mon bracelet vert émeraude que j'avais acheté à peine quelques heures plus tôt avec Sophy. Un amer sentiment prit possession de moi : j'avais de toute évidence échoué à formuler des pensées positives. Je me surpris à me demander si le nombre de pensées négatives qui m'avaient traversé l'esprit était pair ou impair, avant de refouler cette idiotie. Ce bracelet était tout bonnement inutile, il m'était impossible d'avoir des pensées positives quand la femme qui avait sauvé ma vie et celle de mon frère pour finalement les écraser vulgairement se trouvait dans la même ville que moi.

Je commençai à sortir mon téléphone puis me ravisai : non, je ne devais pas le dire à Allan. Je ne voulais pas qu'il pense encore à elle et souffre inutilement. J'étais vouée à porter ce fardeau seule... et Sophy ne serait d'aucune aide, bien évidemment... Oui, j'étais bel et bien seule pour faire face à Bella...

« Eh bien, Evy, tu ne me reconnais plus ? Quelles sont donc ces manières si peu cordiales ? »

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant