Chapitre 10 - Partie 1 - Compréhension

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Veronica poussa un soupir et elle reprit à l'intention d'Alysea :

« Alors, tu m'aideras à en faire la musique et la vidéo ?

— Oui, Vero. Toi aussi, Elioth.

— Je n'ai pas l'impression de consacrer la moindre minute à ma propre carrière ces derniers temps... »

Sa dernière réplique lui valut deux regards emplis de reproches qu'il ignora superbement, comme il avait l'habitude de le faire.

***

JOUR 7

"J'ai autre chose à faire cette après-midi, veuillez m'excuser, je ne pourrai pas être présent." Telles avaient été les paroles d'Elioth ce midi, formulées sur son habituel ton glacial, et sans attendre ma réponse, il était parti. Certes, son absence n'était pas pour me déplaire – surtout après l'éreintante séance matinale de Sing, Dance and Play just like Idols do ! –, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qu'il avait à faire de si urgent : cela faisait déjà trois jours qu'il me laissait seule et je ne pouvais m'empêcher de trouver ce comportement suspect. Bien entendu, je ne demandais aucunement que nous fassions des activités ensemble – au contraire ! –, mais cette attitude ne correspondait pas du tout à l'état d'esprit du programme d'Alysea, si bien que je la trouvais suspicieuse.

Enfin, au moins, c'était une belle après-midi qui commençait. En plus, j'étais presque de bonne humeur – comme si la chanson que j'avais entonnée la veille m'avait ôté toutes mes pensées pessimistes – ; avec un peu de chance, je ne verrais personne du reste de la journée, et ce serait le rêve.

Fidèle à moi-même, je me rendis à Horizon Park, je rejoignis mon habituel cerisier en fleur et je sortis mon ordinateur portable pour avancer mes projets. Mais de toute évidence, le sort n'avait pas envie d'exhausser tous mes vœux de l'après-midi. Cela faisait à peine deux heures que je travaillais tranquillement sur le projet DZ1002 que je vis arriver vers moi... Bella... Non, pourquoi elle ?! Pourquoi fallait-il qu'elle me cherche et, pire, qu'elle me trouve ? La journée de la veille sans elle avait simplement été bien meilleure...

Pressentant que Bella n'était pas là juste pour se promener dans le parc, je passai mon ordinateur en mode veille, surveillant du coin de l'œil l'avancée de Bella. Et comme escompté, elle se planta à quelques pas de moi, un léger sourire satisfait s'esquissa sur ses lèvres violettes – cela ne pouvait rien présager de bon –, et elle déclara avec toute l'hypocrisie dont elle pouvait faire preuve :

« Coucou Evy ! Comment vas-tu ? Tu es toute seule, aujourd'hui ?

— Salut. Bien. Oui. »

Une réponse particulièrement laconique car elle ne méritait pas mieux. Et je n'avais pas envie de perdre mon temps à discuter avec elle.

« Quelle réponse concise ! C'est ce que j'aime avec toi : il n'y a pas d'arrière-pensée, tout est clair comme l'eau de roche ! Enfin, bref, où est Elioth ?

— Je l'ignore, il avait autre chose à faire cette après-midi. Vous devriez lui envoyer un message. »

Bella me foudroya du regard – sûrement n'avait-elle pas son numéro – mais j'y restai insensible. Avec un peu de chance, Bella allait partir, voyant qu'elle ne pourrait tirer aucune information de moi, mais je me trompais, car elle poursuivit avec haine :

« Que fais-tu ici ? Tu n'as pas ta place à Idolaland, tu as toujours été médiocre dans toutes les disciplines artistiques !

— M'enviez-vous ? répliquai-je simplement.

— Bien sûr que non ! Comment pourrais-je envier une bonne à rien ?

— Eh bien, nous sommes quittes. Et vous devriez arrêter de perdre votre temps à parler avec une "bonne à rien", » rajoutai-je, en espérant que cela fût suffisant pour la faire partir.

Ma stratégie marcha presque. Presque, car à peine quelques secondes après qu'elle eut fait demi-tour, une sonnerie stridente retentit ; Bella s'arrêta, elle sortit son téléphone de sa robe moulante avant de pester :

« Ah, ce qu'elle me soûle celle-là ! »

Bella se retourna vers moi et elle me tendit son téléphone, comme si j'étais son chien :

« Réponds, et dis-lui d'arrêter de m'appeler. J'en ai assez d'elle. »

Je faillis lui répondre que je n'étais pas son esclave mais en voyant le nom d'inscrit sur le téléphone de Bella, je m'en abstins... "Tube de glu pourri-gâté"... À la simple vue de ces quelques mots abjects, je me sentis transportée trois ans plus tôt...

Une petite fille aux longs cheveux blonds attrapait sa mère par la main et la suppliait de lui faire un câlin... Et la seule réponse qu'elle avait récoltée était ce discours haineux : "Mais laisse-moi tranquille, sale petite peste ! Tu n'es... qu'un tube de glu pourri-gâté ! J'en ai marre de te voir, fiche-moi la paix !". La petite fille avait les larmes aux yeux, mais la mère s'en contrefichait... elle dégageait sa main et s'enfuyait... elle partait à jamais... J'étais là, impuissante face à cette séparation, m'en réjouissant malgré tout, car je savais que la situation n'était plus viable... Il fallait que cette odieuse femme parte loin d'ici... Mais comment le faire comprendre à une petite fille d'à peine quatre ans ? Même maintenant, elle n'avait pas oublié sa mère, qui pourtant n'était jamais revenue...

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant