« Nous ferions mieux de rentrer à l'agence, à présent. Il commence à se faire tard, et j'ai cru comprendre au cours de ces deux semaines que vous appréciez rentrer tôt. »
Sa perspicacité était définitivement déconcertante et je ne savais pas comment l'interpréter : m'espionnait-il parce qu'Alysea leur avait demandé de procéder ainsi avec tous les stagiaires pour trouver les meilleures activités pour eux, ou était-ce simplement parce qu'il s'intéressait à moi ? Ne rêve pas trop non plus, Evy, et n'oublie pas qui il est. Il est LE meilleur chanteur, LE meilleur acteur, LE meilleur danseur, bref LE meilleur artiste, de nos jours... et ce n'est pas pour rien ; en plus d'être incroyablement talentueux, il sait séduire son public. Je fis taire cette voix désagréable qui possédait pourtant un fond de vérité, si ce n'était même plus.
« Evyna ? »
***
La voix d'Elioth me fit revenir à la réalité, je me relevai alors et je le vis se diriger vers moi, avant de prendre ma main. Nos doigts s'entrelacèrent et je remarquai à cet instant qu'il avait retiré ses gants. Mon cœur s'emballa quelque peu face à cette constatation, mais mon esprit ne tarda pas à refouler les hypothèses absurdes qui m'envahissaient.
Nous regagnâmes dans le silence l'agence et une fois arrivés, Elioth m'entraîna vers les escaliers au lieu de prendre l'ascenseur. À nouveau, il semblait m'avoir parfaitement cernée, comme si je n'étais qu'un livre grand ouvert pour lui... C'était... déconcertant... Nous arrivâmes au premier étage, et bientôt devant la porte de mes appartements. Elioth relâcha ma main, et par habitude, j'enlevai mon sac à dos, et commençai à l'ouvrir avant de me rappeler que je n'avais bien évidemment plus les clés. Je jetai alors un regard à Elioth qui observait la porte d'un air penseur ; il se retourna vers moi et déclara :
« Il faudrait peut-être que j'aille chercher les clés... Mais avant... »
Contre toute attente, il passa un bras autour de ma taille, avant de m'attirer doucement contre lui, ses yeux vairons fixés sur moi, comme s'il cherchait à décrypter mes émotions – qui, à mon plus grand désarroi, ne devaient sûrement pas être très compliquées à percevoir étant donné que mon cœur battait à la chamade et que je sentais que mon visage était aussi brûlant que la braise –.
« Nous avons laissé une conversation en suspens, tout à l'heure... souffla alors Elioth en me regardant droit dans les yeux. Pourquoi êtes-vous revenue, vous qui êtes d'ordinaire si droite, si rationnelle ? Si Evynesque, comme dirait votre amie. »
Comment pouvais-je seulement lui avouer la vérité, alors que je n'étais même pas sûre qu'il s'agît de la vérité et non d'une folie passagère ? Et à supposer que ce fût la vérité... je ne pourrais jamais la lui dire... Je n'avais pas le droit de l'aimer... et j'avais juste envie d'éclater en sanglots... Je n'aurais jamais dû revenir... tout aurait été moins douloureux...
« Evyna... ? »
Le regard d'Elioth était bienveillant, si bien que je faillis presque tout lui avouer. Mais je me retins de justesse et murmurai simplement :
« Ces deux semaines m'ont transformée... »
Je baissai la tête et je soufflai presque inaudiblement :
« Vous m'avez transformée... »
J'étais incapable d'affronter son regard si envoûtant, mais il posa doucement sa main froide sous mon menton pour me forcer à lui faire face. Ses lèvres rosées dessinaient un sourire parfait et il murmura avec douceur :
« La réciproque est vraie, Evyna... Jamais je n'oublierai les deux semaines passées en votre compagnie. »
Mon cœur manqua un battement face à cette déclaration, je me sentis rougir davantage – à supposer que cela fût possible – et je soufflai :
« Comment faites-vous... ?
— Faire quoi ? reprit Elioth en esquissant un sourire encore plus envoûtant.
— Pour être aussi charmant... » m'entendis-je lâcher.
Je me mordis immédiatement la lèvre : comment avais-je pu oser ? Comment pouvais-je croire que les sentiments qui m'habitaient à son égard pussent être réciproques ? Il était une idole mondialement célèbre et je n'étais qu'une ingénieure que son patron prenait plaisir à exploiter...
« Je vous charme donc ? » souffla Elioth en me dévisageant fixement avec un sourire espiègle qui n'enlevait rien à sa beauté.
Je fus incapable de lui répondre et j'aurais donné n'importe quoi pour ne pas vivre cet instant si embarrassant... Pourtant j'étais bel et bien là... L'homme qui faisait vibrer mon cœur se trouvait juste en face de moi, il m'enlaçait et semblait prendre un grand plaisir à me voir bégayer devant la gêne et l'impossibilité de mes sentiments...
« Vous n'avez pas idée à quel point vos paroles m'emplissent de joie, Evyna... »
Je n'eus même pas le temps d'analyser le véritable sens de ces paroles : Elioth se pencha vers moi avant de poser tendrement ses lèvres sur les miennes. Mon cœur s'embrasa et je fermai les yeux... cet instant magique me sembla durer une éternité que rien n'aurait pu interrompre, pourtant nous finîmes par nous séparer.
« Merci, Evyna, de m'avoir donné la confirmation que mon amour pour vous est partagé. Merci d'être revenue... murmura-t-il, me fixant de ses prunelles si magnifiques.
— C'est grâce à votre message que je suis revenue... soufflai-je. Il m'a donné la confirmation que votre dernière chanson n'était pas une illusion.
— Vraiment ? s'amusa Elioth. Il faudra peut-être que je remercie Alysea pour s'être montrée aussi entêtée... »
Il m'adressa un sourire encore plus enchanteur avant de me serrer longuement contre lui. Soit je n'étais qu'une cruche qui se laissait embobiner par ces charmantes paroles... Soit il était sincère et je vivais un rêve. Et mon cœur avait choisi de croire la seconde option... Pour une fois, ma raison n'avait pas voix au chapitre.
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Pour deux semaines et un jour
RomanceVingt participants. Vingt idoles. Deux semaines. Le programme « Dans la peau d'une Idole » est lancé, et en quelques secondes, toutes les places sont réservées. Parmi elles, Evy, une ingénieure rationnelle et travailleuse, entraînée de force dans ce...