Chapitre 6 - Partie 2 - Renouveau

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Lorsque nous sortîmes du studio de photographie avec les photos souvenirs, il était presque vingt heures, si bien que nous nous rendîmes directement au restaurant. Je remarquai que M. Adelson était absent, comme ce midi, et ce constat me soulagea : au moins, je n'aurais pas à supporter son regard critique et hautain pendant le dîner... Certes, il ne m'avait jamais adressé la parole pendant les repas, mais je sentais qu'il me jugeait au moindre mouvement, ce que je détestais particulièrement...

***

Il était minuit passé quand Elioth frappa à la porte des appartements d'Alysea qui s'empressa de lui ouvrir.

« Enfin, tu es revenu ! s'exclama l'idole se jetant presque dans les bras du jeune homme qui se contenta de refermer la porte. Alors, qu'as-tu trouvé ?

— Rien.

— Comment ça rien ?! protesta Alysea, la confusion se lisant sur son visage, juste avant de laisser éclater toutes les émotions qu'elle avait accumulées pendant la journée : Tu ne peux pas me dire qu'il n'y a rien ! Ce n'est pas possible ! J'ai reçu un appel cette après-midi ! "Continuez de nous ignorer et d'autres partiront." Qu'est-ce que cela veut dire ?! Il ne peut pas ne rien avoir ! ELIOTH ! »

La diva avait totalement perdu le contrôle d'elle-même, ce qui ne manqua pas d'agacer le jeune homme taciturne qui la foudroya du regard. Malgré tout, l'incompréhension était présente dans ses prunelles vaironnes et il finit par reprendre la parole quand Alysea se fut légèrement calmée :

« Quel était le numéro de l'appel ?

— Le numéro était caché...

— Ç'aurait été trop simple, bien sûr... marmonna Elioth, avant de continuer à l'intention d'Alysea : As-tu pu reconnaître la voix ?

— C'était une voix grave, un peu mécanisée... Pas très humaine, j'ai trouvé...

— De toute évidence, cet individu ne cherchait pas à être identifié... commenta le jeune homme pour lui-même. Et que faisais-tu à ce moment-là ?

— Nous étions en route toutes les quatre pour le photographe. D'ailleurs, il faut que je te montre les photos que nous avons faites cette après-midi ! Evyna y a même participé et elle n'était pas si réticente ! Je suis sûre que...

— Pouvons-nous revenir au sujet important ? »

Même s'il s'était efforcé de rester calme, sa voix trahissait son impatience et le visage d'Alysea s'empourpra légèrement. Le silence se fit entre les deux idoles, jusqu'à ce qu'Elioth murmure à mi-voix :

« "D'autres partiront"... Cela pourrait-il avoir un rapport avec le départ de Mlle Clayton le premier jour ?

— Cherise ? s'étonna Alysea. Mais elle est partie parce qu'elle n'aimait pas ce stage... Je ne vois pas en quoi cela pourrait avoir un rapport avec ce message...

— Stella a tout de même trouvé étrange que sa stagiaire soit partie sans prévenir directement, alors qu'elle avait l'impression qu'elle aimait bien ce programme...

— La lettre qu'elle a déposée en partant est particulièrement claire pourtant, cingla Alysea. "Je suis particulièrement déçue des modalités d'organisation de ce programme et je ne perdrai pas mon temps plus longtemps." Avais-tu déjà oublié ces mots, Elioth ?! Stella ne cherchait qu'à me réconforter en disant cela ; je ne vois pas comment Cherise aurait pu aimer le stage tout en écrivant ces mots infâmes.

— Je t'ai déjà dit de ne pas le prendre personnellement, Alysea. L'avis de cette fille, comme celui de tous les autres stagiaires, ne devrait pas t'affecter ainsi. Leur influence sur notre vie est infime et restera infime jusqu'à la fin du stage. Deux semaines rien de plus.

— Tu ne changeras jamais... Mais du coup, pour en revenir au message... S'il s'avère que tu as raison, d'autres stagiaires partiront... Je ne pourrai pas le supporter ! Je ne veux pas recevoir d'autres lettres aussi désagréables que celle de Cherise ! Elioth, tu dois empêcher cela d'arriver !

— Et comment veux-tu que je fasse ?! Aux dernières nouvelles, je n'ai pas le pouvoir d'influencer les pensées d'autrui.

— Non, mais tu peux t'efforcer de te montrer sympathique avec les stagiaires, à commencer par Evyna. Je suis prête à parier qu'elle va finir par craquer si tu continues d'être aussi détestable à son égard, et par la même occasion ce sera Sophy qui partira avec elle !

— Et voilà... Est-ce donc ma faute si Mlle Clayton est partie ?! »

Elioth lui adressa un regard furibond et tourna les talons pour quitter les appartements d'Alysea, mais la jeune femme le rappela, d'une voix suppliante :

« Elioth ! Tu ne peux pas partir maintenant ! Tu dois faire quelque chose pour que les menaces s'arrêtent et ne se réalisent pas ! Ce serait horrible si d'autres stagiaires venaient à partir ! Notre réputation tomberait au plus bas !

— C'en est assez, l'interrompit-il sèchement. Arrête de te comporter comme une fillette tout en me donnant des leçons, c'est insupportable. Tu m'as trop énervé pour que je puisse mener une réflexion intelligente ce soir ; j'y réfléchirai peut-être demain, si tu acceptes que je consacre moins de temps à ma stagiaire. »

Alysea baissa les yeux, ne répliquant rien, mais Elioth n'eut pas la moindre once de pitié pour elle. Il se contenta de quitter ses appartements en silence, laissant l'idole seule avec son désespoir. Incapable de contenir davantage ses émotions, Alysea se laissa retomber en arrière sur son lit, des larmes retombant sur sa couverture en fourrure, laissant au passage des traces noires dues à son maquillage sur ses joues talquées...



Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant