Chapitre 17 - Partie 3 - Aveux

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Je restai songeuse quelques instants supplémentaires, puis je finis par chasser ces pensées. Je sortis à mon tour de l'agence, ne tardai pas à retrouver Elioth et nous rejoignîmes en silence le parc. Ce fut à cet instant qu'une sonnerie caractéristique retentit depuis mon sac et je sortis mon téléphone, avant de découvrir qu'Allan cherchait à m'appeler. Je me tournai vers Elioth et commençai :

« Je...

— Allez-y, répondez, Evyna, me coupa doucement Elioth. Je vous attendrai un peu plus loin. »

Je crus voir passer dans ses yeux vairons une lueur de déception mais je n'eus le temps de m'interroger car il partait déjà. Je secouai la tête avant prendre l'appel d'Allan.

***

« Coucou Allan.

— Evy ?! C'est vraiment toi ?!

— Oui, Allan, c'est moi, tout va bien, ne t'inquiète pas.

— Ouf... »

J'entendis mon frère pousser un long soupir et j'éloignai momentanément le téléphone de mon oreille.

« Désolé, je savais déjà que tout allait bien pour toi, j'avais téléphoné à l'agence et Mlle Rowann m'avait fait un court rapport... mais entendre pour de vrai ta voix, c'est mille fois mieux. Comment va ton épaule, Evy ?

— Ça va, ne t'inquiète pas : dans quelques semaines, je n'aurai plus rien. »

Allan poussa un nouveau soupir de soulagement avant de demander :

« Que s'est-il passé, Evy ?

— C'est assez long à expliquer ; en tout cas, tout le monde va bien. Tout est rentré dans l'ordre.

— Explique, Evy, je veux savoir ce qu'il s'est passé, » insista mon frère.

Je me résignai alors à tout lui raconter dans les moindres détails, ce qui ne fut pas très aisé étant donné mon propre manque de lucidité lors des événements.

« Eh bien, ça, c'est une histoire farfelue... soupira Allan. Je suis soulagé que tout se soit bien terminé... Aux prochaines vacances, je ne te laisserai plus le choix, Evy : tu resteras la maison.

— Dixit celui qui m'a incité à y aller, rétorquai-je avec amusement.

— Désolé, Evy... Je n'aurais jamais...

— Je sais, Allan, » le coupai-je gentiment.

Un court silence s'installa entre nous et Allan reprit :

« Du coup, tu rentres dans deux jours ? »

Sa déclaration me laissa sans voix... Dans deux jours, seulement ?! Le temps était passé beaucoup trop vite...

« Evy, tu es soudainement silencieuse... Tu es toujours là ?

— Oui, oui, je suis là. C'est juste...

— Le temps passe vite et tu commences à apprécier ce voyage ? devina mon frère.

— Euh... oui... avouai-je.

— Tant mieux, Evy ; profite donc de ces derniers instants du mieux que tu peux. Je vais te laisser. Je t'aime, petite sœur.

— Moi aussi, je t'aime... » soufflai-je d'une voix étranglée.

Allan mit fin à l'appel, je restai quelques instants immobile, avant de ranger mon téléphone dans mon sac. Je secouai la tête pour chasser toutes ces pensées qui m'oppressaient, et allai rejoindre Elioth qui contemplait d'un air absent un cerisier en fleurs. Il se retourna vers moi et me tendit à ma plus grande surprise un bracelet vert émeraude vaguement familier :

« Tenez, je crois me rappeler qu'il s'agit du vôtre. Je l'ai trouvé hier pas si loin d'ici et j'ai totalement oublié de vous le rendre tout à l'heure. »

Mon bracelet anti mauvaises pensées ! Je l'avais totalement oublié avec les derniers événements... Je remerciai alors Elioth tout en remettant l'artéfact à mon poignet gauche : je me rappelais à présent comment je l'avais perdu... Au moment où je l'avais enlevé suite à ma fureur désespérée, M. Neveen m'avait agressée.

« Que cela paraisse invraisemblable ou non, ce bracelet m'a donné la confirmation que quelque chose vous était arrivé, Evyna. Vous n'auriez pas été aussi négligente au point de perdre votre bracelet, bien que vous n'affectionniez que très peu ce genre de bijoux. »

Cette déclaration et sa clairvoyance me prirent totalement au dépourvu et – sans faire un grand effort pour trouver une transition – je décidai de changer de sujet, sujet qui ne mit pas beaucoup plus à l'aise pour autant :

« D'ailleurs... tout à l'heure, Sophy m'a demandé si vous pouviez lui faire un autographe. »

Elioth me dévisagea avec surprise et répondit :

« Suis-je à ce point intimidant pour qu'elle ne vienne pas me le demander en personne ?

— Elle ose à peine le demander à Alysea.

— Très bien, je le lui donnerai quand nous rentrerons à l'agence. Je n'ai pas pris avec moi mon carnet et mon stylo à autographes, aujourd'hui, puisque je pensais passer la journée en votre compagnie et jamais vous ne m'auriez demandé un autographe. Il semble en revanche que je n'avais guère prévu que vous soyez la messagère de votre amie... » rajouta Elioth à mi-voix.

Je ne sus comment interpréter ces dernières paroles : devais-je les démentir ou ne rien dire ? Cependant, il avait raison ; je n'avais aucune envie particulière d'avoir la signature des idoles les plus célèbres, je n'en voyais pas la moindre utilité... J'optai donc pour la seconde option et Elioth ne sembla pas s'en offusquer.

Nous nous étions installés sur un banc, à l'ombre d'un cerisier en fleur, le silence s'était installé entre nous depuis presque déjà cinq minutes et je maudissais mon absence de communication. Pourquoi étais-je aussi nulle pour engager une conversation et la faire perdurer ? Maintenant que j'y réfléchissais, c'était toujours Sophy ou Allan qui lançaient la conversation, jamais moi... Quel était mon problème franchement ? Je cherchai désespérément une question à poser à Elioth pour éviter ce mutisme et je décidai de me mettre à la place de Sophy : qu'aurait dit ma meilleure amie à cet instant ? De toute évidence, elle n'aurait cessé de s'exclamer que ce stage était merveilleux, qu'elle adorait ce monde... Cela ne me correspondait pas du tout. Sophy aurait peut-être posé des questions à Elioth : elle lui aurait demandé des détails techniques sur ces chansons – et encore une fois, cela ne me semblait pas très approprié pour moi – ou alors, elle l'aurait supplié de lui chanter l'une de ses chansons – à supposer qu'elle eût trouvé le courage de le lui demander –. Non, cela faisait trop étrange à nouveau, d'autant plus que j'étais incapable de manifester autant d'enthousiasme que Sophy face aux chansons et à la musique. Et je finis par trouver après quelques instants de réflexion supplémentaires :

« Comment êtes-vous devenu une idole aussi célèbre ? Enfin, qu'est-ce qui a lancé votre carrière ? »

Pour deux semaines et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant