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Ça fait désormais une semaine. Une semaine de souffrance. Et maintenant, je vais mieux. Ma blessure a incroyablement bien cicatrisé. En seulement 7 jours, elle a disparu. Mais ces 7 jours ont été aussi difficiles physiquement que mentalement. Je me suis sentie seule. Si seule. 

Personne ne semblait se soucier de moi, sauf Clint et Jeff qui me donnaient à manger et à boire, ainsi que des médicaments. Quand je leur demandais comment ils s'en étaient procuré, ils avaient dit que c'était la Boîte qui les avait envoyés. Rien d'autre. 

Je voyais bien leurs airs quand ils venaient. Ils étaient chargés de me maintenir en vie, c'est tout. Et je pense que ça a été ça, le plus douloureux. L'impression de n'être rien. 

Aujourd'hui, comme par miracle, je reçois de la visite. Alby.

- Salut Marylyn. Maintenant que tu vas mieux, je vais pouvoir t'expliquer les quelques petites choses que je n'ai pas eu le temps de te dire. Premièrement, je veux que tu saches qu'il existe trois règles. De un, tu travailles, pas de glandeur ici. De deux, interdiction de frapper, blesser, agresser un blocard. Et de trois, tu ne vas jamais dans le labyrinthe. Maintenant, je reviens à la règle numéro 1. Comme tu viens d'arriver, tu vas passer un jour pendant une semaine dans chaque métier pour voir celui qui te convient le mieux. 

- Salut. Oui, je vais merveilleusement bien, merci de t'en soucier. C'est vrai, j'avais oublié que vous préoccuper de mon cas était largement votre première priorité. 

Mon ton mêle sarcasme et froideur. Je vois dans ses yeux qu'il est déstabilisé mais il reprend d'un ton calme. 

- Écoute, je sais que t'es perturbée, mais maintenant ça va mieux. Tout le monde est très occupé, on ne peut pas non plus venir te voir pour discuter alors qu'il y a des choses à faire. 

- Mais qui t'a dit que ça allait mieux ? Dis-je dans un souffle, plus pour moi-même que pour lui.

- Quoi ? 

- Rien. J'ai rien dit. Pour les boulots, ça sert à rien. Je sais déjà ce que je veux faire. 

Il hausse un sourcil en attendant ma réponse. 

- Coureuse. 

Cette fois, son visage se décompose. 

- Je crois... qu'on s'est mal compris, lâche-t-il finalement.

- Désolée que ton temps de réaction soit aussi lent. Parce que moi j'ai très bien compris. Faut bosser, je sais ce que je veux faire. Faut blesser personne, pas de soucis, je pense pas être de nature violente. Faut pas aller dans le labyrinthe, manque de bol je vais y aller tous les jours. Ah et, j'oubliais. Votre sanction, si on va dans le labyrinthe, c'est quoi exactement ?

- Le bannissement, dit une voix derrière moi.

Je tourne la tête et voit Newt. 

- Thomas a juste eu de la chance, rajoute-t-il. Mais dans ces conditions, je peux t'assurer que les gars vont pas te lâcher. 

Je me mis à rire. D'un rire incontrôlable. Quelle ironie ! La sanction parce qu'on va dans le labyrinthe c'est d'y aller. Je tente comme je peux de calmer mon euphorie mais c'est impossible.

- Mary ? T'es sûre que ça va ? Demande Newt.

Je réussis à reprendre un minimum de sérieux. Je pose un premier pied par terre. Ça fait mal. Mais je pose le deuxième. Deux fois plus de douleur. Je marche. J'ai l'impression qu'on m'envoie des décharges électriques dans les membres mais je continue. 

Je vais jusqu'à la sortie. Je contourne Newt. Je sens leurs deux regards posés sur moi. Ils se demandent ce que je fais. Alors que je commence à m'habituer à la douleur, je me retourne vers Alby.

- Tes putains de règles, tu sais où tu peux te les mettre.

Puis je me mets à courir. Loin. J'ai atrocement mal mais l'adrénaline me monte rapidement à la tête. Elle enveloppe mes muscles ankylosés d'un tissu brumeux qui m'apaise et me donne de l'énergie. J'entends des cris et des pas derrière moi. 

Quelqu'un appelle mon prénom. Mais je l'ignore. Je continue. J'arrive finalement devant mon but. La porte du labyrinthe. C'est le matin, elle vient de s'ouvrir. Je m'arrête quelques secondes pour contempler ce qui s'offre à moi. Un frisson de peur et d'envie me parcourt l'échine.

Je commence à me lancer quand je sens deux mains se poser sur ma taille. Je me débats, sans même savoir qui me retient. La douleur revient. Elle assaille chaque parcelle de mon corps. Elle est si intense que je m'effondre. 

Non. Pas maintenant. Ce n'est pas possible. J'étais si près du but. Sans m'en rendre compte, la personne qui me retient avait agrippé mes poignets et s'efforce de m'éloigner des murs. Les larmes de rages refont surface. Je hurle pour y aller.

Mes battements de cœur se transforment en violentes secousses qui me poussent vers les portes grises recouvertes de lierre. 

Je tourne finalement mes yeux vers celui qui me maintient. Celui qui m'empêche d'y aller. De libérer tous les sentiments enfouis au plus profond de mon être. Newt.


Au premier regard | Newt & MarylynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant