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Je suis toujours plus loin. La douleur est de plus en plus là. J'ai l'impression que des milliers d'aiguilles s'enfoncent dans ma peau. Qu'elles traversent mes veines. J'ai envie d'hurler mais je suis figée. Toutes les informations que je viens de recevoir s'accumulent dans mon cerveau. C'était moi. Lui. Avant.

Nous ?

Je ne veux pas accepter cette idée. Ça va juste trop vite, merde. Il y a quelques temps, je me réveillais dans un ascenseur sans aucun souvenir. Et maintenant, j'en suis là. J'essaie de faire un résumé dans ma tête : j'ai travaillé avec les créateurs du labyrinthe, et j'ai créé les griffeurs. J'aimais quelqu'un, Newt. Selon lui, j'étais trop bornée pour réaliser ce qu'il se passait autour de moi et que mon travail me rongeait l'esprit. Il a décidé de partir dans le labyrinthe. Je lui en ai voulu mais j'avais mal. Une fille, Teresa, une autre chercheuse m'a soutenue et m'a aidée sans réellement être d'accord avec mes idées à m'envoyer dans le labyrinthe. Elle a fait une sorte de diversion tandis que j'ai eu le temps de modifier le programme des griffeurs pour me protéger. Je suis partie, j'ai été attachée pour y aller parce que j'étais trop dangereuse. Je suis arrivée au bloc. Je ne me souvenais de rien sauf d'une vision qui était apparue dans la Boîte. Les autres blocards se méfiaient de moi, j'ai été poignardée par Ben, qui avait été infecté. J'ai perdu connaissance mais retrouvé des souvenirs à mon réveil. Après une semaine, j'ai voulu aller dans le labyrinthe. Newt m'en a empêché et j'ai fait une crise de nerfs. Lorsque Minho et Alby étaient à l'intérieur du labyrinthe, Alby s'est fait piquer et ils n'ont pas pu rentrer à temps. Thomas et moi y sommes rentrés au moment où les portes se fermaient. J'ai été poursuivie par un griffeur mais j'étais protégée, puis j'ai eu une nouvelle vision. En rentrant, Newt a découvert ma cicatrice et m'a avoué qu'il avait lui aussi tenté de mourir. J'ai encore eu un flashback, ce qui m'a permis de sauver Alby. Après une courte visite du labyrinthe après avoir récupéré une clé auprès du griffeur, les portes ne se sont plus fermées et ça a été la panique au bloc. Newt m'a dit qu'il pensait qu'il y avait un truc entre nous mais je l'ai repoussé, tout simplement parce que c'est impossible que quelque chose comme ça se passe dans ces conditions et en si peu de temps. Les griffeurs sont arrivés sur le camp et ont tué beaucoup de blocards. Je me suis volontairement piquée avec le venin d'un griffeur. J'ai perdu connaissance et me suis rappelée de ma vie d'avant.

Et maintenant je suis là.

J'ai vécu tellement de choses pour le suivre. Tellement d'instants atroces.

Tous ces moments ont été séparés par des cycles répétitifs : des conseils, de la douleur et des moments de doute.

Pour faire court : je suis perdue. Dans les deux sens du terme. Je ne sais pas où je suis, ni quoi penser.

J'aime.

Je l'aime.

Oui.

Même si j'ai perdu la mémoire entre temps, il y avait toujours cette connexion qui nous liait.

C'est bête, non ?

D'éprouver des sentiments pour quelqu'un alors qu'on se rappelle à peine de lui ?

D'aimer quelqu'un alors qu'on ne passe pas de temps ensemble ?

La souffrance ne s'atténue pas. Jusqu'à ce que j'entende une voix. Faible, mais je l'entends.

- Désolé.

Puis la douleur s'accentue de plus en plus. Elle est si fulgurante que je me demande si elle est réelle. Comment c'est possible d'avoir aussi mal ? Qu'est-ce qu'on m'a fait ?

Une main semble serrer la mienne mais la sensation me paraît lointaine. Cette démonstration de gentillesse paraît dérisoire face à la douleur qu'on m'a injecté. Mes sens hurlent, mais je ne m'entends pas crier.

J'aurais voulu rester dans ce monde où je me rappelais. Cet endroit entre la vie et la mort, où je pouvais me souvenir. J'aurais pu choisir vers où aller, au moins. Mais non. Quelqu'un en a décidé autrement. Quelqu'un a décidé qu'il fallait que je souffre et m'a arrachée à mes visions.

- Je t'en supplie, réveille toi, murmure une voix contre moi.

Tout se connecte. Vision. Réalité. Lui ? Oui.

Réveil.

Mes yeux redécouvrent peu à peu la lumière. Je suis dans une des cages du gnouf. Une tête blonde est enfouie et se tient dans un coin. Il n'a pas encore vu que je suis réveillée. Il ne pleure pas. Il a l'air vide.

- Moi aussi je me rappelle, chuchote-t-il.

Je ne dis rien. Il poursuit :

- Si tu savais comme je m'en veux de t'avoir fait tout ce mal. Si seulement je nous avais pas entraînés là-dedans. Ça sera de ma faute si tu disparais. Je suis désolé, pour tout.

Je relève la tête. Encore un peu dans les vapes, je patiente quelques instants pour retrouver pleinement mes esprits.

- Et moi, je suis désolée pour ça, dis-je en m'avançant vers lui.

A peine il relève la tête, que je scelle mes lèvres aux siennes. Une force étrange s'empare de moi. Le baiser est doux, simple. Il paraît surpris mais me répond quand même. Je me détache de lui quelques secondes plus tard.

Ses yeux restent fixés dans les miens. Aucun de nous n'ose bouger, de peur de briser ce moment. Tout ce chemin pour en arriver là.

- Tous ces morts juste pour m'ouvrir les yeux, dis-je finalement.

- C'était nécessaire, non ?

- Oui. Promets-moi de ne plus m'abandonner.

- Je serai avec toi jusqu'à bout.

Au premier regard | Newt & MarylynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant