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Ma main dans la sienne, on se dirige hors de la forêt. On est vers un des murs du labyrinthe. Il me lâche et se tourne vers moi. Il paraît hésiter. 

- Tu vois ce mur ? Demande-t-il finalement.

Je veux lui dire que oui mais aucun son ne sort de ma gorge. Je me contente alors de hocher la tête. 

- Je l'avais déjà dit lors d'un des conseils, mais moi aussi j'avais fait une crise de nerfs en arrivant. Comme toi. J'ai réussi à me calmer et à force de poireauter ici, j'ai voulu devenir coureur. Alby avait accepté et la vie a continué comme ça pendant longtemps. Mais je pense qu'inconsciemment j'allais mal. Je n'arrêterais jamais de me poser des questions, de douter de ce que faisais et de qui j'étais. Ça te rappelle rien ? Demande-t-il avec un sourire triste.

Je hoche de nouveau la tête. 

- Et un jour, à force d'endurer tout ce que je m'infligeais, à force de repousser toutes les questions impossibles et toute la souffrance que je pouvais accumuler, j'ai cédé. C'était ce mur. 

Je lève un sourcil, dans l'incompréhension. 

- J'ai grimpé, et j'ai sauté. 

Une onde de choc se répand en moi. Ma bouche s'entrouvre sous la surprise. 

- J'ai pas pu redevenir coureur. Tous les jours je dois subir ce que je me suis fait. Et si je te dit tout ça, c'est pas pour que tu me prennes en pitié. Mary, je veux pas que tu fasses la même chose que moi. 

Je m'apprête à lui répondre mais une étrange impression s'immisce en moi.

FLASHBACK 

Je suis dans un laboratoire. J'ai le nez plongé dans une série de codes. Des pas approchent. Une main glisse sur la mienne. 

- Qu'est-ce que tu fais ? Demande la personne d'une voix faible. 

- Je dois changer quelque chose dans le programme des griffeurs. Si tu veux dire au revoir au sujet A6, dépêche toi, on vient de l'envoyer. 

- A6 ? Ça y est, maintenant qu'il appartient à votre petit jeu il n'a même plus le droit d'avoir un prénom ?

- Newt, arrête. Tu sais très bien que je n'ai pas le choix. 

- Si, tu l'as ! Alby est au courant de ce qui va se passer si les résultats n'arrivent pas ? 

- Bien sûr que oui. Je lui ai dit que d'autres personnes allaient le rejoindre.

- D'autres personnes ? Ce sont ses amis, putain. Je croyais que tu tenais à lui, toi aussi !

- Calme-toi, il est pas encore mort. 

- Pas encore ? Tu trouves rien d'autre à dire ? 

- On doit trouver un vaccin. Coûte que coûte. 

- À n'importe quel prix, c'est ça que tu dis ? 

- Oui. 

- Très bien. Alors je vais y aller. 

- Quoi ? Non. Non, tu ne peux pas. Ne fais pas ça. 

- Si c'est le seul moyen de te faire ouvrir les yeux, je pense pas avoir le choix. Si seulement tu te rendais compte de ce que tu deviens, Mary. Tout ce qui t'intéresse c'est de sauver le monde. Je suis désolé. J'aurais préféré que rien de tout ça n'arrive, au final c'était basé sur du vent. 

- Alors tout ça pour toi c'était rien ? Tu veux vraiment effacer ces 15 dernières années pour aller là-bas ? Et si je ne trouve rien ? Et si les griffeurs te tuaient ? Ça serait de ma faute ! Je préfère encore y aller avec toi !

- J'ai pas dit ça. Mais aller dans le labyrinthe me permettra d'oublier tout ce qu'on s'est fait. De réparer tout ce qu'on s'est infligé. Je ne veux pas que tu meures. J'ai confiance en toi. Tu vas y arriver, d'accord ? Et moi, sans le savoir, je vais t'aider. Mary, je veux pas que tu fasses la même chose que moi.

FIN DU FLASHBACK 

Une larme coule le long de ma joue. Newt me secoue par les épaules. 

- Ça va ? Demande-t-il affolé. 

Je n'arrive toujours pas à parler. Mes jambes tremblent mais cette fois, je m'effondre. 

- Mary, qu'est-ce qu'il y a ? 

- C'est de ma faute. 

- Quoi ? De quoi tu parles ? 

- C'est de ma faute. Tout est de ma faute. C'est à cause de moi. 

Ces mots résonnent en boucle dans ma tête. Plus le temps passe, plus je me rends compte que je suis la cause de toute cette douleur. Je suis la cause de la mort de dizaines de personnes. Je suis la cause d'une tentative de suicide. Je suis la cause de tout. C'est de ma faute. 

Il ne sait pas quoi faire. Sa main s'approche de mon bras mais je recule. Il me lance un regard interrogatif. 

- Qu'est-ce qui se passe ? Demande-t-il dans un souffle. 

Je suis tentée un instant de lui répondre. J'hésite à faire ce que je veux faire.

- N'essaie même pas de fuir dans le labyrinthe pour te faire encore plus de mal, dit-il comme s'il lisait dans mes pensées. 

- Ça serait pas la première fois, dis-je avec un rire nerveux. 

- Mais sûrement la dernière. 

Je ne sais pas quoi répondre à ça. 

- Une vision, je dis simplement. 

Il me regarde avec l'incompréhension la plus totale. 

- Ce qui m'est arrivé. C'était une vision. Tout est de ma faute.

- Raconte-moi.


Au premier regard | Newt & MarylynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant