Au premier regard | Newt & Marylyn

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Les tirs s'enchaînent. Le camp prend feu en quelques secondes. Teresa attrape ma main et m'entraîne vers le bas. Mes traumatismes remontent d'un coup, j'ai du mal à respirer et je vois flou autour de moi. Tout le monde hurle. Je hurle. 

Des hélicoptères volent au-dessus de nous, et commencent à se poser. Des commandos sont envoyés au sol et tirent sur tout ce qui bouge. Je vois mes amis se faire attraper, et je réalise lentement l'ampleur de ce que j'ai fait. 

- 'Lyn, faut qu'on y aille, me dit Teresa. 

Je me tourne vers elle, les yeux emplis de larmes. 

- Ferme-la, je murmure en la giflant. 

Je descends de la montagne. Je tombe plusieurs fois, je perds mes moyens. Je le cherche des yeux. Il se cache avec Minho, Harriet et Vince. Je frissonne. Je me hais. Mal. 

Je cours au milieu des tirs, je veux le rejoindre. J'ai à peine le temps de croiser son regard une nouvelle fois. Un tir vient de me toucher. Je m'effondre, paralysée. La munition me lance une décharge électrique violente. 

Mes cauchemars continuent, même quand je suis blessée et inconsciente. 

- Mary, suis-moi. 

C'est lui. Il m'appelle. 

Il fait nuit, on est sur la Terre Brûlée. 

- Tu te souviens de ce soir où on a regardé les étoiles ? Il me demande. 

- Oui. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien. 

- À cause de toi ce moment va durer. 

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Le soleil ne se lèvera plus dans ce monde, chérie. C'est à cause de toi. Tu as apporté l'obscurité dans notre monde. Tu nous as envahis, et tu as tout gâché. 

Un millier de voix hurle dans ma tête. 

- Je ne veux même plus reconnaître ton visage. Tu n'es plus rien, il dit avec haine. 

Je me sens transportée loin de tout ça. Une grande salle. Vide. Blanche. 

Il y a un seul objet sur un mur : un miroir. 

- Qu'est-ce que tu vois ? Demande sa voix. 

- Rien. 

- Moi aussi, il rit. 

On est de retour sur la Terre Brûlée. Les étoiles brillent d'un rouge sang. 

- Dis-moi comment je peux changer ça, comment je peux rester à l'écart de ce que j'ai fait, je dis. 

Il se tourne vers moi. 

L'espace change. 

On est en haut du labyrinthe, tout en haut, sur un mur. Je sais ce qu'il va se passer. 

- Tu ne peux pas, il répond. Tu peux seulement en assumer les conséquences, et souffrir comme tu nous fait souffrir. 

Il saute dans le vide. 

L'espace change. De retour dans la pièce blanche. 

Le miroir. 

- Qu'est-ce que tu vois ? Demande sa voix. 

- Je te vois. 

- Plus pour longtemps. Tu te rappelles ? Tu m'as trahi.

- Je sais, Newt. Je sais. 

Il sourit. Je revis ce moment où j'ai voulu mourir. La lame va de plus en plus profond dans ma chair.

- Meurs, il dit. 

Je pleure, je le regarde. Il a raison. Je ne mérite pas d'être là. Je plante l'arme dans mon ventre. 

Le Bloc. Ben est infecté et m'attaque avec un poignard. Il transperce mon abdomen encore une fois. 

- Qu'est-ce que tu vois ? Demande sa voix. 

- La seringue.

Janson s'approche avec la seringue. L'anesthésie n'est pas partie cette fois, il me fait tout oublier. Mes souvenirs s'évaporent, sauf lui. Il restera toujours dans ma tête. 

Labyrinthe. Le griffeur m'attaque cette fois. Les programmes n'ont pas été changés. La piqûre s'enfonce dans mon bras, comme elle aurait dû le faire normalement. Je m'effondre, la douleur se propage.

Le miroir. 

- Qu'est-ce que tu vois ? Demande sa voix. 

- La mort. 

Des centaines de cadavres sont empilés autour de moi. Tous les gens que j'ai envoyés dans des labyrinthes. Tous les jeunes qui ont succombé. Tous les jeunes qui sont tombés face aux griffeurs que j'ai crées. Tous les humains que j'ai tués. 

Les Blocards que j'ai connu. Les enfants que j'ai vu arriver. Les garçons et les filles que j'ai massacrés pour ce que je pensais juste. 

- Qu'est-ce que tu vois ? Demande sa voix. 

- La montagne. 

On y est. J'ai le talkie-walkie dans la main. Les hélicoptères arrivent. Les tirs. Il me regarde avec dégoût. 

Il me hait. 

Je me hais. 

Je l'aimais.

Il m'aimait. 

Je l'aime. Je me hais.

Il me hait.

- Je l'ai su au premier regard, je lui avais dit quand j'avais 14 ans. 

Au premier, simple et unique regard. J'ai su que c'était lui. Lui que j'allais aimer plus que tout. Lui pour qui j'allais tout sacrifier. Lui. Et personne d'autre. 

- Qu'est-ce que tu vois ? Demande sa voix. 

- Je ne sais plus. Je ne me reconnais pas. 

- Moi non plus.