Au premier regard | Newt & Marylyn

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Je passe la porte de sortie la peur au ventre. Je n'avais absolument pas prévu ça. J'entends soudain un bruit derrière et me retourne brusquement. Les gardes qui tenaient mes bras sont forcés d'accompagner mon mouvement. 

Je vois Thomas tenter de forcer le passage. Il fait demi tour avant de foncer dans le tas. Je croise son regard brièvement avant de sentir quelqu'un me pousser pour avancer. Je tente de me débattre et assène à un des soldats un coup de coude dans le ventre. Énervé, son collègue sort une arme et pointe mon visage. J'arrête aussitôt de bouger. 

Je ne sais pas quoi faire. Des pas se rapprochent. Janson arrive en courant. 

- Marylyn. Thomas. Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Marylyn, on peut plus se faire confiance ?Demande-t-il en souriant. Je te rappelle qu'on est tous dans le même camp.

- Ah oui ? Je murmure.

Son sourire s'efface. 

- Emmenez-la, ordonne-t-il aux soldats. Thomas, retourne t'asseoir. De suite. 

Un nouveau frisson me parcourt. La peur m'envahit mais je ne peux rien faire. Je sens que Janson me fixe derrière. On avance dans de longs couloirs. Les autres personnes appelées sont loin devant moi. Ils tournent à gauche à un virage et je les perds de vue. Au même virage, Janson demande à ce qu'on tourne à droite. 

Je frémis. 

Il nous amène à une salle faiblement éclairée. La pièce est séparée en deux. D'un côté il y a des médecins ainsi que du matériel médical. De l'autre, simplement un lit de clinique avec un drap blanc. On me pousse vers le deuxième côté. 

- Le programme est simple Marylyn. Le docteur Crawford, que tu as déjà rencontrée à ton arrivée, va t'administrer un petit tranquillisant. Rien de bien méchant, tu ne pourras juste pas bouger, seule ta petite tête sera libre. Ensuite nous allons avoir une nouvelle petite discussion, où tu arrêteras de me mentir. Si j'estime que tu as été suffisamment honnête, tu seras libérée. 

- Et si je ne le suis pas ? Je demande prudemment. 

- Alors tu me verras obligé de te libérer de tout cela d'une autre manière. Plus... brutale, disons, dit-il en me montrant un revolver sur une table. 

Ma respiration se bloque. Comment je peux m'en sortir ?

Je vois le docteur Crawford s'approcher de moi avec une seringue. L'aiguille arrive dangereusement vers mon bras. Je ne veux pas. Je regarde Janson, mes yeux remplis de larmes et de haine. Je veux hurler. Je veux bouger. Je veux courir. Je veux vivre.

Mes membres deviennent de plus en plus lourds. J'ai l'impression de ne plus appartenir à mon propre corps. Mes yeux parcourent la pièce autant qu'ils le peuvent mais je suis dans l'incapacité de bouger, totalement paralysée. 

- Calme-toi, Marylyn. Tout va bien. 

- Évidemment, je réponds sarcastiquement.  

- Ne joue pas à ça, tu sais très bien que tu vas perdre. 

- Je ne perds jamais, dis-je avec certitude.

- Qu'est-ce que tu sais de WICKED ?

- Vous m'avez déjà posé cette question. 

- Je sais. 

Je ne réponds rien. Le visage de Janson se rapproche de mon oreille où il ajoute :

- Et tu as menti.

Je tressaille de dégoût. 

- J'ai travaillé pour vous, si c'est ce que vous voulez entendre, je dis. 

Un nouveau sourire se dessine. Il me donne envie de vomir. 

- Pour nous ? Enfin, Marylyn. Nous vous avons sauvés de WICKED. Nous ne sommes absolument pas de leur côté et tu le sais. 

- Vous mentez mal, Janson. Très mal. 

Son expression s'assombrit. 

- Combien de souvenirs as-tu récupéré ?

- Je ne les compte pas. Je les vis. 

Je le vois s'énerver intérieurement. De plus en plus. 

- Je sais juste que j'ai travaillé pour WICKED et que j'ai modifié le programme des griffeurs pour venir ici. C'est tout ce que je sais. 

- Tu sais pourquoi tu es partie ? 

- Non.

Il saisit l'arme sur la table et colle le canon à ma tempe.

- Marylyn. Je t'ai dit d'arrêter de mentir. C'est facile d'appuyer sur la gâchette, tu sais ? Tu ne voudrais quand même pas finir comme ça. Alors que tu as la situation entre tes mains. Alors que tu peux tout changer.

- Alors tuez moi. Si c'est si facile. Allez-y. Je n'ai rien à perdre. 

Il ne dit rien d'autre. 

- Ça doit faire des jours que vous préparez ça. Des jours que vous paniquez, de peur que je fasse une connerie que vous ne pourriez pas contrôler. Vous savez pourquoi je suis venue, hein ? Mais vous ne pouvez pas me tuer. Ce serait trop contraignant. Vous avez besoin de moi, tout simplement parce que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre quelqu'un d'immunisé. 

- Intelligente à ce que je vois. 

- Ne jouez pas la carte de la surprise.

- C'est tellement dommage qu'on en arrive là. 

- De quoi vous parlez ?

- Tu es devenue un obstacle. Avant, tu étais notre chercheuse prête à tout pour sauver des vies. Mais à cause de ta perte de mémoire, tu as oublié ce principe. Il n'y a qu'un seul moyen de te remettre sur le droit chemin, tu ne penses pas ?

- Non. Non, c'est pas possible, ça, dis-je. 

- L'anesthésie va se dissiper bientôt. On ne peut plus perdre de temps. Crawford, allons à l'aile Ouest. Nous devons aller chercher de quoi "rétablir" sa mémoire. 

Je les regarde sortir de la pièce, impuissante. Ils vont me faire oublier.