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- Quoi ? Je demande.

- Les portes auraient dû se fermer y a une dizaine de minutes, répète Newt.

Un sentiment de peur se propage en moi. Comment c'est possible ? Qu'est-ce qu'on a fait ? 

- Minho, va récupérer le plus d'armes possibles. Newt, amène les autres se cacher. Marylyn, on doit récupérer Alby à l'infirmerie, dit Thomas d'une voix autoritaire. 

Je sens la panique s'installer autour de nous. 

- Allez ! Hurle Minho en s'élançant à toute vitesse.

Je pars en courant suivie de Thomas vers l'infirmerie. Je cherche mais ne trouve pas l'ancien leader. Je l'appelle mais il n'y a pas de réponse. 

- Là ! Indique le brun. 

Je me rapproche et vois celui qu'on cherchait. Il est assis sur un des lits, le regard dans le vide, pratiquement en train de pleurer. 

- Alby faut qu'on bouge, dis-je sans ménagement. Les portes ne se sont pas fermées. Viens avec nous. 

Il tourne sa tête vers moi mais ne réagit pas. Je fais un signe de tête à Thomas et on essaie de le porter. 

- Faut l'emmener avec les autres, j'arrive à sortir à bout de souffle. 

Je suis dépassée par les événements. Et si les griffeurs se frayaient un chemin jusqu'au camp ? Ce serait une catastrophe. On finit par glisser nos bras de façon à hisser Alby et l'entraîner vers les cachettes. Une fois dehors, je vois Newt au loin nous faire de grands signes. 

- Le gnouf ! Je crie. 

La situation me fait rire nerveusement. Je suis la seule à utiliser cette expression, les autres l'appellent généralement la Fosse. Arrête Marylyn, c'est absolument pas le moment de penser à ça. 

Je regarde rapidement autour de moi mais il n'y a pour l'instant rien de grave. On entraîne Alby dans la cachette. En balayant des yeux la pièce, je croise deux iris noisette.

- Mary, on peut parler 2 minutes ? 

- Maintenant ?

- S'il te plaît.

Je hoche la tête et sors.

- Qu'est-ce qu'on est censés faire maintenant ? 

- J'en sais rien. Les griffeurs vont peut-être nous laisser tranquille. 

- Parce que tu y crois, toi ?

- Pas vraiment... 

- Écoute Mary, ils te font tous à peu près confiance sur ce coup. Ils attendent tous que tu nous aide parce que tu es la seule à te souvenir. 

- Me souvenir ? Y a rien dans ma tête à part "c'est à cause de moi qu'on est dans cette situation" et "je te connaissais au point de..."

Comprenant rapidement mon erreur, je m'arrête. 

- De ? Demande-t-il. 

- Rien. Laisse tomber. C'est pas le moment de parler de ça. 

- Bordel mais après ça sera trop tard ! Je veux pas prendre le risque de te voir crever avec les seuls souvenirs qu'on a ! 

- Donc pour vous tous je suis juste un putain de lien entre avant et après ? Cette pauvre fille qui se retrouve écroulée sous les révélations qu'elle obtient ? La seule qui peut confronter les griffeurs parce qu'elle a été assez conne pour les créer ? Ou peut-être celle qu'on déteste justement à cause de ça.

- Arrête. Tu dis n'importe quoi.

- Je dis n'importe quoi ? Putain si je suis là c'est parce que tu y es allé à cause de moi !

- Quoi ? 

Toute trace de colère s'efface de son visage. J'en ai trop dit. Je voulais attendre. Juste attendre de voir ce qu'il allait se passer. 

- Mary... Qu'est-ce qu'il s'est passé avant ? 

- Tu veux vraiment le savoir ?

- Oui. Ça fait trop longtemps que je pourris ici alors si je peux au moins avoir une explication sur la raison, ça m'aiderait. Notamment à accepter que j'ai peut-être pas tout perdu. Tu devrais le comprendre. Toi aussi, t'en as souffert, non ?

- Je... 

Je ne sais pas comment formuler mes phrases. Il faut dire que son regard insistant me perturbe.

- Quand j'étais chercheuse, j'ai envoyé Alby dans le labyrinthe. C'était le tout premier. On était amis tous les trois, je crois. Et tout ce dont je me rappelle, c'est qu'on s'engueulait. Tu m'en voulais et tu disais que tu espérais que j'allais changer si tu y allais. Je pleurais mais t'es parti. Et par miracle je m'envoie ici des semaines de recherches plus tard. Je pense qu'on était assez proches pour que je fasse ça.

Il ne répond pas, ses yeux fixant le vide. 

- Newt ? Je demande. 

Il relève la tête, comme sorti d'une profonde réflexion.

- T'as peut-être raison. Moi aussi j'ai l'impression qu'y a un truc. Mais ça me paraissait improbable jusque là. Tu penses que je t'aimais ? Et que c'est encore le cas ?

Sa pensée stoppe d'un coup toutes les miennes. 

- Hein ? 

- Je sais pas. Ça expliquerait pas mal de choses. Pourquoi j'ai peur à chaque fois que tu fais une connerie, pourquoi je me suis senti aussi mal quand j'ai appris que toi aussi l'idée de mourir t'étais parvenue un jour, pourquoi tous les jours j'essaie de trouver une solution pour comprendre rationnellement tout ça mais que j'y arrive pas. 

- Non. Je tranche d'une voix ferme. 

Ses sourcils se froncent tandis que je reprends :

- C'est pas possible. On se connaît à peine. Enfin, tu comprends ce que je veux dire. C'est littéralement impossible qu'un sentiment comme ça aie pu apparaître en si peu de temps. Ne confonds pas amour et admiration. Je suis juste quelque qui a réussi à se sauver la vie et celle des autres. 

- Et si je te disais que tu as tord ? Que depuis quelques temps je me suis rappelé de quelque chose mais que je ne voulais pas en parler ?

- Dans ce cas-là, permets-moi de ne pas y croire. Sois réaliste. 

J'ai l'impression qu'il vient de passer sous une cascade d'eau froide tellement son visage se ferme et se décompose. 

- Déçu ? Je demande, sachant très bien que je l'ai blessé.

Il hausse les épaules. Je m'apprête à dire autre chose quand j'entends des cris du côté du campement.

Nos regards se croisent et on se met à courir d'un accord silencieux vers la source du bruit. Mes pieds foulent le sol à une vitesse impressionnante. Un mauvais pressentiment s'empare de moi à chaque pas qui frappe durement la terre.

Je vois un groupe de blocards qui arrivent le plus rapidement possible. 

- Les griffeurs ! Les griffeurs sont là ! Hurlent-ils. 

Ça y est. Le chaos s'est installé. 



Au premier regard | Newt & MarylynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant