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Il faut partir. Et vite. Le cliquetis des monstres se rapproche déjà. La panique s'est définitivement installée. Des hurlements fusent. Je mentirai si je disais que je n'ai pas peur. Je retourne me réfugier au gnouf. Et sans prévenir, sans que je ne m'en rende compte, sans que rien n'arrive, ma cage thoracique se compresse, ma respiration s'accélère, une horrible sensation m'envahît. Encore une sorte de crise ?

Si c'en est une, elle est en train de posséder chaque parcelle de mon corps. J'ai tellement peur, putain. C'est de ma faute si je les perds tous. Je regarde dehors. Le camp est déjà en feu. Tout le monde hurle à s'en déchirer les poumons.

Des corps sont déchiquetés et une furieuse envie de vomir me prend. Il y a déjà des morts...

- Est-ce que tout le monde est là ? Demande Thomas.

Je relève les yeux. Ils sont emplis de larmes. Je croyais avoir atteint le summum de la faiblesse. Mais non, j'y suis là. A cet instant précis.

- Il manque Zart, et le reste du groupe des sarcleurs et coureurs, annonce Gally-Sourcilman.

- C'était le groupe qui a vu les griffeurs arriver et qui nous a prévenu, dit gravement Newt.

- Donc il est mort, dis-je d'une voix éteinte.

- Je... Ouais, sûrement, tranche le blond.

- Putain, je soupire.

Alors que je sens la tristesse m'envahir, un nouveau cri perce l'air. Ce n'est pas un blocard. Des pattes mécaniques s'écrasent au sol au-dessus de nous. L'une d'elle transperce dans un bruit fracassant la porte. Elle se glisse en un éclair et attrape un des blocards.

Je hurle.

La patte se faufile à nouveau et agrippe cette fois-ci Chuck.

- Non ! Crie Thomas.

Le jeune garçon se retient comme il peut aux bords de la Fosse. Puis soudain, une machette vient s'abattre sur le bras mécanique. Cela a pour effet de décrocher la piqure retenant le poison du griffeur.

- Merci Alby, dit Chuck en reprenant ses esprits.

Ce dernier se tient à l'endroit où il a sauvé son ami. Ça s'est joué à une seconde près. Tout le soulagement s'envole quand une pince vient attraper le corps d'Alby. Newt crie mais le leader se laisse faire. Comme s'il avait depuis longtemps accepté son destin.

Je ne réagis même plus. Je suis sous le choc. Je crois que je tremble. Ou que je pleure. Ou les deux à la fois.

Comment tout ça a pu se passer ?

Après cette immense tuerie, tout se calme d'un coup. C'est allé beaucoup trop vite. Quelques minutes plus tôt, j'étais encore en train de parler de mon passé avec Newt, de me maudire pour tout ce que j'avais fait. Le poids de la culpabilité me tombe dessus encore plus rapidement que tout ça.

Je sors. Je vois. Tout est calciné. Des morts. Plus rien. Un long silence se fait. Je ne suis pas seule. Les autres sont remontés aussi. Gally s'approche de moi. Son poing s'abat sur ma mâchoire.

- C'est de ta faute !

Je ne bouge pas. Je reste à fixer le vide.

- Je sais.

Ma voix s'est transformée en un souffle. Exactement comme ce craquement que l'on entend dans la voix des gens qui se mettent à pleurer. Je vois quelque chose dans la main de Chuck tandis que Gally continue de me crier dessus. C'est la seringue du griffeur. Le venin qui permet d'injecter la mort.

Je l'attrape sans un mot. Thomas me regarde, intrigué. Il doit croire que je veux l'injecter à Gally. En une fraction de seconde, je l'enfonce brutalement dans ma jambe.

Au premier regard | Newt & MarylynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant