Au premier regard | Newt & Marylyn

-9-

- Des visions ? De quoi tu parles ? Dis-je d'une voix légèrement tremblante.

- Quand je suis arrivé dans l'ascenseur qui mène au bloc, j'ai eu un flashback. Paige. Elle m'expliquait que c'était normal que j'aie des souvenirs qui remontent de temps en temps. Mais que l'important était de comprendre quel en est le déclencheur. Elle a aussi rajouté qu'une autre personne allait vivre la même chose que moi. Les flashbacks aussi. Mais que cette personne en aurait un qui la ramène à sa vie d'avant au lieu de ce "message" qui m'était destiné.

- Je suis pas sure de comprendre...

- Marylyn. S'il te plaît. Imagine que ça nous donne un indice pour partir. 

- Non. Dis-je d'une voix ferme et glaciale. Ce que j'ai vu ne concerne en rien la situation actuelle. Si ça ne te dérange pas, j'aimerai aller me coucher. Se prendre un coup de poignard, c'est assez fatiguant. 

Il me lance un regard suppliant mais je ne dis rien d'autre. Je veux qu'il s'en aille. Ce que j'ai vu la première fois doit rester secret. Totalement.

Et puis, son histoire est un peu tirée par les cheveux. Néanmoins, il y a une chose que j'ai retenue et qui pourrait être utile... "L'important était de comprendre quel en est le déclencheur".

Je soupire bruyamment. J'ai beau retourner mes problèmes dans tous les sens, je me perds de plus en plus. Rien n'a de sens. Et même si je n'arrive pas à me l'avouer, j'ai peur. 

La fatigue revient à la charge. Je tente de résister, pour pouvoir réfléchir un peu plus mais je n'y arrive pas. Mes paupières se font de plus en plus lourdes et je ferme les yeux. 

Je me réveille péniblement. Il n'y a pas une lumière. Il doit encore faire nuit. Alors pourquoi diable je ne dors plus ? Puis, je l'entends à nouveau. Un bruit de pas. Léger. Comme si la personne cherchait à se faire discrète. 

Je retiens mon souffle. Une silhouette se dessine dans l'ombre de la porte. Elle s'approche lentement. Je constate avec soulagement que ce n'est que Jeff, l'autre Medjack. 

- Oh ! Désolé de t'avoir réveillée... Dit-il en me voyant me tourner vers lui. 

- C'est rien. 

- Clint m'a dit de vérifier que tu allais bien. Apparemment c'était pas le cas toute à l'heure...

- Et tu pouvais pas le faire le matin ?

Il ne répond pas. Son expression cache quelque chose que je n'arrive pas à saisir. Mais soudain, je comprends. 

- Vous me surveillez ? Dis-je avec une pointe d'agressivité dans la voix. 

Toujours pas de réponse. C'est donc ça. Il me jette un regard compatissant. Je sais ce que c'est. De la pitié. Je sens un flux de colère, de haine même, s'emparer de moi. Le garçon semble le comprendre et part vers la sortie. 

Je pousse un léger cri de frustration. Mes idées noires reprennent lentement le dessus. Ils ont à ce point un manque de confiance en moi ? Le pire, c'est que je ne comprends pas pourquoi. Je viens d'arriver, tout le monde joue au plus gentil avec moi, je me fais agresser, et pourtant on doute de moi. 

Et de quoi ont-ils peur ? Que je m'en aille ? C'est sur qu'avec une côte presque fêlée et une plaie béante, je suis prête à partir très loin... Même si je pouvais, je ne pourrai aller nulle part sauf le labyrinthe.

Mais oui, le labyrinthe. C'est de ça qu'ils ont peur. Pourquoi ? 

Je ferme les yeux. Trop de questions ne cessent de se bousculer et je commence à avoir mal à la tête. Je sais que je devrais dormir, mais je n'y arrive plus. Je regarde le bandage. Il y a moins de sang que toute à l'heure, c'est donc que ça commence déjà à cicatriser. C'est une bonne nouvelle. Enfin, j'espère.

C'est donc la tête bourrée de questions et de pensées que j'ai passé la fin de la nuit réveillée. Le jour est filtré par la porte mais je peux le distinguer quand même. 

Je sens quelque chose de froid, glacé même couler le long de ma joue. Une larme. Je sais qu'au fond de cette larme, des milliers de sentiments sont enfouis. De la tristesse, de la colère, de l'incompréhension, de la rage, de la détermination, du dégoût. Mais par dessus tout, de la douleur.